lundi 13 mars 2023

 LAURE GOMBAULT

VIS-A-VIS

EDITIONS SOUFFLES LITTERAIRES

115 PAGES


Dès qu'ils ont commencé à s'épier, ils ont commencé à se rendre..

Un échange étrange , un rendez-vous troublant , le vis-à-vis d'un duo cabossé. Le fil du temps s'entrelace étroitement dans l'entrebâillement d'une fenêtre qui s'ouvre et se ferme chaque soir, chaque matin . Sans rien connaître l'un de l'autre, cet instant à disposition du destin prend la forme peu à peu d'une promesse. 

Les regards furtivement se fouillent sans trop comprendre ce qu'ils viennent y chercher, ce qu'ils espèrent y trouver. Juste l'envie d'y rester accroché. Un point de chute, une joie désoeuvrée , quelques mouvements suscitant mille suppositions, l'instant béni de l'imagination sans fond. Une surveillance bienfaisante, l'énigme de deux existences , qui dans cette indiscrétion hésitante, vont se dessaisir de leurs ghettos intérieurs. L'oeil de l'autre est attendu, adoré come une idole, vouloir brusquement se revoir dans ce fabuleux miroir du vis-à-vis.

Lire certains auteurs est toujours un plaisir renouvelé, un peu comme revenir sur un lieu précieux, redécouvrir cette plume réceptacle de tous les spectacles de la vie et de toutes les complexités humaines.

C'est donc le quatrième roman de Laure Gombault que j'ai l'honneur de découvrir. Pour tout dire , je les épie! Pour ceux qui ne connaissent pas cet auteur , sachez que Laure travaille comme coordinatrice culturel pour un réseau de bibliothèques en Normandie. Elle a déjà à son actif six romans si je ne me trompe pas.

-Le ventre de Vénus

-Les Sans Gloire

-Les Interdites

-L'homme du train 

-Louise sous emprise

Et Vis-à-Vis.

Mais revenons en à notre histoire

Paris, rue de la Petite Pierre. Un homme, écorché vif , d'une sensibilité absolue , artiste dans l'âme vit reclus dans son appartement. Il écrit des articles pour des revues d'art. Volontairement vous ne saurez rien de plus de lui. Et puis il y a cette femme, venue de l'autre versant de la Méditerranée , lectrice dans l'âme, la littérature comme instinct de survie, car il s'agit bien pour elle de survie. Elle a l'accent du soleil pourtant il pleut trop fort dans son coeur. Elle aussi est cloîtrée , seule sa soeur  a un droit de visite sur son coeur. Une petite peluche accompagne ses journées et ses états d'âme. Seule spectatrice de ses pleurs, de ses angoisses et du temps qui passe. Volontairement aussi vous n'en saurez pas plus d'elle., juste qu'elle est très belle. De leur vis-à-vis, c'est tout d'abord avec les yeux qu'ils vont se parler , puis viendra peut-être le relai du coeur.  De leurs itinéraires perdus , de leurs vents contraires, le coeur souvent à terre, comment vont-ils faire pour oublier, pour épurer la douleur , désangoissé le temps, apaiser la mémoire ?

Dans ce roman de Laure Gombaults, les mots sont triés, visualisés , l'histoire est distillée tout en douceur , on apprend à vivre les personnages avec patience et tendresse. Chaque page se vit comme une révélation. Il y a "LUI" qui parle puis "ELLE" , tout le roman est scindé de leurs confidences, de leurs impressions et de leurs évolutions. Il s'adressent à nous et comme j'aime ça! Je les reçois de toute ma bienveillance et de toute mon envie de les connaître et de les aimer. L'auteur sait manier à merveille les revers de l'âme , on vacille entre légèreté et noirceur , celle des souvenirs martyrisés par le temps. J'ai retrouvé dans ce roman la force stylistique de Laure Gombault et son attrait pour l'originalité de ses thèmes. Un joli jeu de vie qui se lit !

Néanmoins faites bien attention à l'oeil importun!







 LE GRAND MEAULNES D'ALAIN -FOURNIER "Pour la première fois , Meaulnes sentit en lui cette légère angoisse qui vous saisit à la fin...