mardi 27 avril 2021

 ALBERT CAMUS

LA CHUTE

EDITIONS FOLIO

153 PAGES

PRIX NOBEL DE LITTERATURE EN 1957



Chers lecteurs, je vous emmène aujourd'hui dans le plus petit et plus précieux endroit de vous même.

Votre conscience..

Vous savez ce miroir de l'homme, ce doux oreiller , celle qui naît du remord, celle qui jamais ne dort , celle qui n'a jamais tort..

Celle qui obstrue ou libère de ses manifestations salutaires.

Cette compagne de la connaissance de soi qui accueille ton ombre, ta fragilité, cette petite fenêtre colorée qui éclaire  ton humanité et ta beauté.

Le petit globe de ta dignité ou circulent toutes tes origines, tes mémoires, tes histoires , ce que tu vois et ce que tu fais semblant de ne pas voir..

Ton premier juge, ton premier tribunal, là où le bien et le mal tentent souvent un compromis .

Ta vérité dépouillée de tout égo.

Le verdict du passé , l'audience de ton présent.

Celle qui te confronte, celle qui s'effondre , elle t'échappe parfois mais elle te  revient souvent doublée de sens.

Tu l'a fais trembler, tu la fais te ressembler mais toujours tu viendras l'écouter en contre bas de tes actes de mauvais fois..

Elle va offrir à ton existence sa grandeur et sa préciosité ou alors elle va irrémédiablement la condamner, l'entraîner vers sa chute...

La conscience?

Vertu ou poison?

Sentence irrévocable ou pas?

Toi seul le sait, toi seul comprendra, le jour où tu sauras qui tu es.


La conscience, Albert Camus en a fait un court roman qui reçut en 1957, le Prix Nobel de littérature.

Et pour cause!

Cela faisait une éternité que je n'avais pas lu Camus et surtout celui ci m'était inconnu.

Il fallait alors y remédier.

Je me suis ainsi laissée entraîner dans cette chute vertigineuse de l'âme humaine.

Tentez de calquer votre vie sur un torrent débordant et déchaîné, jamais vous ne pourrez retourner en arrière, la chute est amorcée et inéluctable.

C'est un peu l'esprit de ce roman , une conscience qui crescendo va remplir l'espace , va anéantir toute tentative de vie autrement, au présent.

Fiodor Dostoievsky disait que "toute conscience est une maladie".

Là aussi , on lit en filigrane le profil psychologique du protagoniste dès lors que la conscience s'éveille et a besoin de se dire.


La conscience sera toujours un pont jeté entre le passé et le présent.



Jean Baptiste Clamence  , est un juge pénitent comme il aime le dire.

Ancien avocat parisien bourgeois , suffisant , imbu de sa personne à la limite de l'arrogance.

Il connut alors ses glorieuses heures, les discours adulés , des conquêtes à prendre et à jeter parce qu'incapable d'aimer..

Insatisfait dans ses pleines possessions , taré dans ses émotions, toujours en quête de quelque chose d'autre qui jamais de toute façon ne fera son bonheur.

Sa vie passe ainsi , un concentré de non sens , de piètres accumulations , une virée vers l'absurde.

"Je vivais donc sans autre continuité que celle, au jour le jour.

Au jour le jour les femmes, au jour le jour, le vice ou la vertu, au jour le jour comme les chiens , mais tous les jours moi même , solide au poste.

J'avançais ainsi à la surface de la vie, jamais dans la réalité.

Tous ces livres à peine lus, ces amis  peine aimés , ces femmes à peine prises..."

Brusquement, un jour, un événement survient et plus rien depuis ce temps n'ira dans le non sens empreinté de Jean Baptiste Clamence.

Une jeune fille se noie dans la Seine, il l'entend crier , il n'est pas loin mais il ne fera rien pour la sauver.

Il trace alors son chemin, sans aucun état d'âme , aucun..

Enfin , c'est ce qui paraît sur le fait.

Le lendemain il ne prendra même pas la peine de lire les journaux pour savoir peut être ce qu'il est advenu de cette pauvre jeune femme.

Significatif, non?

Cette chute va alors annoncer la sienne..

Mr Clamence s'exile à Amsterdam, ville fascinante selon lui, puisse t-il trouver quelque chse de fascinant dans ce bas monde..

Assis à un bar , il va alors se trouver un interlocuteur sacrément patient à qui il va offrir son plus beau discours sous forme de monologue profond.

Une discussion qui va très vite prendre des allures de confessions..

Est il vraiment en cohérence avec ce qu'il pense être?





Ce récit est une sorte de procès que le protagoniste se fait à lui même.

Entre confessions et accusations , le discernement est flou et complexe.

A l'instar de "L'Etrnager" on retrouve la forme du monologue chère à Camus, telle une identification en filigrane.

Une chute, des chutes, des désillusions , des prises de conscience , des incertitudes mais une seule finitude, celle de la mort , seule justice pour tous.

Jean Baptiste Clamance est une interrogation pour l'âme humaine , il reflète l'ambivalence et la complexité plurielle de l'être humain.

Un récit sur fond de mal être existentiel , un peu déshumanisé , un peu sombre mais gravement lucide sur la condition humaine.


Albert Camus reste le maître incontesté des combats moraux en littérature.

Des phrases brèves, puissantes, un peu froides, un peu ironiques cinglantes, le style magistral d'Albert Camus suinte de ce récit très particulier et difficile





.


















.

Il trace son chemin dans une  apparente indifférence.

Il ne lira même pas les journaux du lendemain pour peut être savoir ce qui est advenue de cette pauvre jeune femme.

De cette chute commencera la sienne..

Exilé à Amsterdam, 










jeudi 15 avril 2021

 LOU AVIDA

REFLETS

RECUEIL DE TEXTES POETIQUES

AUTOEDITION


"La poésie est simplement la preuve de la vie.

Si votre vie brûle bien, la poésie en est les cendres.

Léonard Cohen


Je savais qu'elle reviendrait, je ne peux pas me passer longtemps d'elle..

Elle, c'est la poésie , vous savez ce monde d'insurrections, d'émotions, d'imagination, de transfigurations.

Ce condensé de ravissement , de symboles ,de démesures des mots, toutes ces lettres qui rendent la vie sur terre plus belle.

Une lumière dans l'obscurité forçant le silence à faner, à capituler.

Ce flux de l'esprit qui nappe la préciosité des choses et des instants..

La poésie est génie, elle est souvenir , elle est extralucide , elle est folie..


Je vais vous parler à présent d'une nouvelle plume poétique dans le grand cercle de l'autoédition.

Elle s'appelle Lou Avida  ,elle est lituanienne , elle arrive en France dans les années deux mille , elle travaille dans l'automobile mais elle est aussi musicienne!

Elle compose des bandes originales pour les auteurs, pour leurs livres..

Aujourd'hui, c'est elle qui écrit..

Un recueil de trente sept textes poétiques voit le jour..

REFLETS

Vous savez la musique et l'écriture , c'est juste ce petit crochet entre le son et les sens.

Qu'est ce qu'un reflet?

Un miroir au creux de l'âme?

Le rayonnement de l'invisible sur le visible?

Une inflexion de lumière salutaire?

Irrationnellement , la poésie pose par impulsions , les mots que l'on a pas osés..

Lou Avida nous offre un florilège de thèmes variés et profonds.

Nos sujets chéris de prédilection tels que l'amour, le temps, l'amitié , la famille , la rupture.

Mais aussi un éventail de confidences , de prises de conscience , de nostalgie , de résilience..

La copie fragile et gracile d'une âme volubile.


Il y a d'abord , le saut des mots, leur musicalité , leur rythme effréné ..

Puis cette force captivante qui nous hante crescendo dans des mots tantôt rebelles , tantôt raffinés mais aussi violents , véhéments dans leurs expressions.

On est chahuté comme sur une route déglinguée, comme sur une mer démontée

L'âme est étrangement à cran dans ces rendez vous troublants.

Sous l'apparente quiétude des choses, se lit aussi en filigrane une colère délavée, oubliée  et ce besoin de l'exprimer..

Au fil des pages, je suis décontenancée par les variations, les impressions encore très présentes d'évènements passés, la vie s'enchevêtre dans ces vers dorés ou brûlés..

L'espace temps est dévoré par une quête singulière de vibrations en déclinaisons , comme le temps filant et revenant.

La parfaite équation de l'éphémère et du perpétuel.

Les sensations sont déversées en légères commotions.

Des petites chutes brusques dans les tréfonds de la conscience.

Les mots cherchent leur respiration, leur ispiration.


La plume de Lou est travaillée et déstructurée à la fois et je dois dire que j'adore ça!

Ces claquements, ces grincements de mots qu viennent nous propulser ailleurs dans des secousses inattendues.

L'écriture a un vrai relief , une intensité , un style implacable , des phrases inoubliables.

Le tout dans une belle fluidité , une belle complicité se conspire avec l'auteur au fil de la lecture.

L'essence et la consistance de la poésie sont bien présentes même si elles sont revisitées par la plume de Lou Avida.

Un aspect de modernité insuffle à ce recueil une belle note d'originalité.

Les silences de Lou ont trouvé leurs interprétations.

Ce recueil , vous l'avez compris est un véritable coup de coeur..

Et j'espère  que beaucoup d'autres s'en suivront..


Merci Lou pour le mystère irrésolu et poétique de nos vies et de nos mots



Je vous offre à présent un de mes textes préférés.


L'INCONNU

"Je crie , je crie tellement fort 

Que je suis là, que je sui là encore.

Que j'ai faim d'amour , que je déborde d'envie.

Que j'ai un corps , un coeur , que je suis en vie.

Je hurle mon manque de tendresse 

Je crève de ma maladie

De vouloir partager mes tracas , mes ennuis

Mes joies, mon bonheur, mes plaisirs inouis.

Mes écrits , mes non dits , mes plus profondes phobies

J'explose de l'intérieur comme un missile

Sans te trouver toi , un inconnu fébrile

Qui sera là, à mes côtés

Qui me tiendra la main sans préjugés

A qui je confierai la meilleure partie de moi

Pour qu'on puisse garder un équilibre droit

On sera égaux l'un et l'autre

On se regardera dans les yeux sans en avoir peur

On sera des voyageurs empruntant le même chemin

On sera amoureux de nos âmes , pas des pantins

De nos passés compliqués et de nos soi disant destins

On sera libres à deux














mercredi 14 avril 2021

 PATRICK MODIANO

LE CAFE DE LA JEUNESSE PERDUE

EDITIONS FOLIO

160 PAGES

ROMAN AUTOFICTIF


"Dans le café de la jeunesse perdue "est un court roman inspiré de l'existence de l'auteur, une traversée poétisée dans une sombre intimité autour d'une table , dans un café perdu..

Un peu le limier de sa propre vie..

"L'insaisissable des lettres françaises" a reçu en 2014 avec ce roman le Prix Nobel de littérature.

Un lieu posé sur les fondations du passé , un lieu figé et réanimé par le souvenir, une fresque en noir et blanc de lieux parisiens désertés des années cinquante et soixante.

A la croisée des temps , dans les aléas parfois ingrats du présent , des allées envoutantes et fantomatiques hantent de lumières nouvelles un temps disparu.

Un lieu secret , une nostalgie de je ne sais quoi, à la fois étrangère et familière , des passages furtifs , des visages brouillés et insaisissables , des identités détournées et réinventées ..

Des artistes, des étudiants, des écrivains , des regards perchés , des âmes égarées ravinées par l'infortune , un temps suspendu dans cette petite rue.

Là bas on aime l'impénétrabilité des choses , leur magie , leur mystère, on ne cherche ni à savoir ni à retenir , on se contente de vivre ailleurs et autrement dans un temps volé aux réalités.

Les images sont floutées d'étrangeté et bizarrement elles s'accrochent comme jamais à mon esprit embué .

Des fragments d'instants que je crois saisir et qui disparaissent instantanément en filaments dans le vent de l'inexistant.

Quelques heures fortunées à philosopher au son des rires et des verres qui tintent et s'entrechoquent dans le brouhaha brumeux d'un lieu où l'on croit être heureux.

Un café du passé , un café pressé , juste le temps de refaire le monde , dans une fumée blonde.

Un huis clos intime , une ligne de fuite 


Au Condé, il y a les privilégiés, les habitués comme Zacharias , Tarzan , Adamov, Mireille , Guy de Vere ou encore Bowing.

Bowing dit "Le Capitaine" qui décide un beau jour de consigner tout les passages des clients dans un cahier témoin , chaque venue, chaque nom, chaque jour et son heure exacte.

Comme pour pérenniser un temps déjà prêt à s'enfuir..

Aux frontières de tout , aux frontières de rien..

Un horizon perdu d'avance..

"Dans ce flot ininterrompu de femmes , d'hommes , d'enfants , de chiens qui passent et qui finissent par se perdre au long des rues , on aimerait retenir un visage de temps en temps.

Oui, selon Bowing il fallait au milieu du maelstrom des grandes villes trouver quelques points fixes.

Avant de partir?, il m'avait donné le cahier où sont répertoriés jour par jour , pendant trois ans , les clients du Condé."

Et puis , je ne vous ai pas dit , il y a Louki qui n'a pas toujours été Louki.

Un petit sobriquet inventé par les habitués pour la dévêtir d'un passé trop lourd à porter et à oublier.

Louki c'est Jacqueline Delanque ou Mme Choureau , l'amante de Roland et donc de l'auteur..

Elle prendra elle aussi la parole en fin de roman.

Elle racontera son enfance malheureuse et solitaire; la vie avec sa mère près du Moulin Rouge.

Ses fugues , ses paradis artificiels, son mariage éclair et raté , sa descente douce aux enfers.

Louki est celle par qui tout se construit et se déconstruit dans le roman.

Le kaléidoscope d'une personnalité.

Dans ce roman , vous y rencontrerez plusieurs narrateurs qui se perdent et nous perdent parfois dans les méandres de leurs récits.

Le premier sera Roland , l'auteur, enfance déchirée par la mort de son petit frère de neuf ans foudroyé par une leucémie, son décrochage des études , son histoire d'amour passionnée pour Louki.

Ses dérives , ses errances, cet endroit où il revient et ne reconnaît plus.

Un petit lieu parisien, au cachet de vie 

Une splendeur , des senteurs, des vapeurs douces , l'ardeur des auteurs sous ce ciel gris souris , dans la mélancolie d'un automne ou la moiteur d'un été.

Des passés qui s'imaginent comme dans un vieux roman dont on tourne chaque page élégamment.

Le présent se devine dans l'éclat stoique  de vies à l'abandon.

Serti de rien, le passé succombe en ombres qui pirouettent sur ce boulevard inanimé .

Faut il que l'on se souvienne?

De toutes ses peines?

Aux pieds de nos souvenirs, quelques airs distraits nous font encore rentrer dans la ronde des fronts blanchis par l'oubli..

"Il faudrait que je retrouve la liste des rues qui ne sont pas seulement des zones neutres mais des trous noirs dans Paris.

Ou plutôt des éclats de cette matière sombre dont il est question en astronomie , une matière qui rend tout visible et qui résisterait même aux ultraviolets , aux infrarouges et aux rayons x.

Oui, à la longue nous risquions d'être aspirés par la matière sombre."


Patrick Modiano nous livre dans ce roman une recherche du temps perdu , des halos de mystères à accepter, des plaies d'enfance à cicatriser ,la dose presque parfaite entre se souvenir et oublier.

Et moi , j'ai suivi les lumières et les pas vacillants de cet éternel retour ..




















lundi 5 avril 2021

 ALEXANDRE PAGE

LA PETITE DAME SANS

et autres récits

RECUEIL DE NOUVELLES

AUTOEDITION

251 PAGES


Si j'ai une bonne nouvelle?

J'en ai même tout un livre..

Enfin, tout cela dépendra de votre appréciation de lecteur..

Mais pour l'heure...

Honneur au premier recueil de nouvelles d'Alexandre Page.

Une préface poétique et poétisée comme à l'accoutumée..

Un prélude aux histoires annoncées.

Avec des morceaux choisis du poème

L'Affligé de Thomas 

Sonnet de Courval (1577-1627)


" l'Astre est toujours cruel de l'homme à la naissance.

Et verse abondamment sa maligne influence.

Sur le chef des humains et les fait éprouvants

Tous les maux qu'en misère on endure en vivant"



Sous les pavés encombrés et chauffés de Paris ou de Bretagne , sous les pas pressés, troublés ou feutrés dorment bien des secrets.

Sur les sentiers galvaudés de solitudes urbaines , sur les trottoirs mouillés et un ciel rouillé ..

Des recoins bizarres, des rendez vous de hasard sur le fond gris des âmes humaines.

La noirceur y tombe parfois en bruine et les pas lents présagent les pires fourberies.

Quelques élans héroiques viennent parfois contrarier le tragique, le cynique..

Lèvres glacées et cousues de mensonges , les chuchotis maudits s'enfuient dans les clapotis des pluies complices.

La nature humaine est une rengaine..

Mondaines ou à la chandelles , toutes conditions confondues, elles nous entraînent ces âmes en peine dans l'insondable courant de la conscience humaine.

De convoitises biscornues , en lâchetés avérées , de tentatives échouées aux faces cachées , la perpétuelle transformation humaine imposent ses constatas inchangés.

L'atrocement ou le diablement humain marche encore main dans la main avec l'aimablement et le prodigieusement humain.

Le sol s'épuise de tentatives , plus sage est -il d'assumer cette figure aux côtés sombres et lumineux.

Ainsi, je tiens les brides du recueil d'Alexandre Page.

De sa plume aguerrie et et maîtrisée , l'auteur nous offre un recueil en plein dix- neuvième siècle , sa période de prédilection.

Des histoires inspirées de faits réels sous forme de noivelles , l'histoire litéraire est loin d'être éphémère.

LA PETITE DAME SANS et autres récits est la sixième oeuvre de l'auteur.

Après:

-Partir, c'est mourir un peu , roman historique sur la dynastie des Romanov

- Abyssinia Tome 1 et 2 

- François Flameng (1856- 1923)

Un artiste peintre dans la Grande Guerre

- Marcellin Desboutin (1823-1902)


Il explore donc avec ce recueil , un nouveau genre littéraire.

La nouvelle;

La nouvelle apparaît à la fin du Moyen Äge .

C'est un court récit de forme narrative et plutôt d'inspiration réaliste.

Elle connaît au dix-neuvième siècle ses premières évolutions.

L'élargissement de ses thèmes et de ses schémas.

Elle est alors très formatrice pour les écrivains car l'exercice n'est pas aisé et répond à certaines règles.

Bien qu'elle soit moins prisée que le roman elle va connaitre un bel essor.


On pense alors bien sûr à Zola , Flaubert, Maupassant, Mérimée ou Balzac qui en ont été les précurseurs.

LA PETITE DAME SANS et autres récits est un recueil de 31 nouvelles aux  sujets de sociétés intemporels.

Des univers concentrés , l'observation des psychologies et des ambiances esquissés et concises sont les forces de ce recueil.

Une tension dramatique tient le lecteur dans une constante haleine.

Le réalisme demeure prédominant.

Cependant l'humour , le cocasse et le burlesque s'insinuent en touches bienvenues.

Les sujets arborés sempiternels et témoins d'un temps qui court et ne change pas les êtres.

Ainsi soit-il..

L'adultère, la cupidité , les crimes passionnels foisonnent ce recueil aux airs d'autrefois.

Le mélange de genres , de tons et d'atmosphères rendent la lecture prenante et sans lassitude.

Le schéma de construction de la nouvelles est respectée, des intrigues serrées et ficelées , les émotions sont fortes et présentes , l'observation d'un modèle de société , de ses us et coutumes invitent à l'observation et à la réflexion.

Les péripéties sont bondissantes et originales.

Le plus subtil de la nouvelle à savoir la chute est assez réeussie.

Les chutes sont pour la plupart comme elles doivent être inattendues et surprenantes.

Bien que certaines m'aient laissé assez indifférentes , j'ai été séduite par bon nombre d'entre elles.

La plume de l'auteur est fidèle à elle même, classique , simple et puissante à la fois, un style reconnaissable.

Je ne sais pas si il y a du Maupassant ou du Zola mais il y a bel et bien du Alexandre Page et c'est bien

 là l'essentiel.


Je vais vous avouer à présent la liste de mes préférées et surtout de ma préférée

-La petite dame sans

-Tel est pris

-L'amant jaloux

-Les monstres

-Un meurtre presque parfait

-Une chance de cocu

-L'empoisonneuse

-Le venin de la vipère

-Un miracle


Et ma préférée parmi les préférées 

-L'APOTHEOSE

Une nouvelle empreinte d'une certaine beauté et pleine de solennité

Les images ont fusé dans mon esprit..


Petit extrait

"Jamais elle ne s'était élévée aussi haut dans sa vie et ele s'amusait.de voir les gens en contrebas aussi petits que des fourmis.

La lumière naturelle l'environnait , les rayons tombaient sur elle  et Monsieur Larguillère qui était resté en retrait à cause de d'un vertige incurable , tout en lui recommandant de ne pas trop se pencher , regardait non sans tendresse dans les yeux cette charmante personne qu'il retrouvait vive et heureuse comme lorsque ses crises de mélancolie la laissaient tranquille.

Il suffisait parfois d'un rien pour repousser la noirceur de son esprit et sous les fresques de Gros au milieu de la lumière divine de Sainte Geneviève , cette noirceur semblait ne plus avoir prise."


A vous désormais de découvrir la plume d'Alexandre Page sous ces nouveaux regards..









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 LE GRAND MEAULNES D'ALAIN -FOURNIER "Pour la première fois , Meaulnes sentit en lui cette légère angoisse qui vous saisit à la fin...