MIKHAIL BOULGAKOV
MORPHINE
NOUVELLE
96 PAGES
EDITIONS FOLIO
La douleur a une mémoire, parfois le remède aussi.
C'est plus fort que soi, il aurait fallu ne jamais avoir mal pour ne pas franchir le seuil létal.
Cette satanée "panacée" , cette sérénité chimique , cette fascination instantanée de l'apaisement.
La came, les paradis artificiels, les flocons de la joie ou simplement un palliatif qui devient un peu trop vite bien attractif. Vous l'avez compris cette nouvelle traite le sujet dramatique de la drogue , plus précisément de la morphine. Je n'avais jamais rien lu de cet auteur russe, une nouvelle m'a semblé tout appropriée pour le découvrir. C'est court, à peine cent pages, mais c'est intense , intense de réalisme et de détresse profonde. Il faut savoir que Boulgakov était un auteur russe mais aussi un médecin qui a exercé durant la première guerre mondiale et la Révolution russe. D'où la justesse et la maîtrise de l'histoire.et d'autant plus qu'il a été lui même morphinomane.
Un style engagé, une écriture belle et volontaire mais un ressenti assez mitigé .Je m'attendais à un développement moins succinct de cette descente aux enfers, particulièrement tout le versant symptomatique de l'addiction . Certes, ce n'est pas un ouvrage médical mais un peu plus de sensibilisation aurait été la bienvenue. En revanche la détresse morale est assez bien déroulée, l'humiliation intense, la déchéance corporelle , l'abrutissement , l'appauvrissement abyssal de l'être. Une seule obsession, la dose qui procurera l'oubli jusqu'aux portes de la folie. On est un peu sous perfusion aussi du coup!
RESUME
Le docteur Poliakov est mobilisé juste après la Révolution russe en zone rurale. Livré à lui-même , il aura pour seule compagnie Anna, une infirmière bien dévouée. Moyens rudimentaires, rudesse du temps, isolement , rupture amoureuse récent et très douloureuse Le docteur Poliakov sombre peu à peu dans la toxicomanie. C'est Anna qui sera mise à contribution pour les trop fréquentes injections de morphine. Impuissante elle assiste à la déchéance . Entre euphorie béatifique et désespoir, un manque toujours grandissant jusqu'à l'issue fatale.
Tout le temps de sa dépendance il écrira un journal de bord qui sera ensuite trouvé par un confrère , puis publier.