lundi 28 février 2022

 

David Foenkinos

La délicatesse

Editions Folio

210 PAGES


"Aussi discret qu'un point virgule dans un roman de huit-cents pages."

C'est peut-être ça la délicatesse.. le détail qui bouleverse tout, qui embellit et pose sa propre couleur.

Une sagacité de la perception, un enchevêtrement de quelques mots, d'une pensée qui rive et s'échoue sur des âmes inattendues , un je ne sais quoi qui nous fait sursauter, comme un battement de coeur raté..

La délicatesse, ce beau ton, cette façon qui blesse la maladresse , cette finesse de tout et dans tout.

A t-elle un langage universel? Est-elle unique pour chacun d'entre nous? Est-elle interprétable, descriptible? Je n'en suis pas certaine, et je dirai même que c'est mieux, les choses qu'on laisse à leur propre signification. L'éloquence, l'élégance d'une parole , d'un geste mais bien plus encore, une sensibilité venue de nul part, merveilleuse et vibrante qui se poserait délicatement, bien sûr , sur nos suppliques muettes . Un don troublant , un ornement verbal  que posséderaient certains êtres , le fin velouté du demi-mot. Un abat jour à la pénombre , à la rudesse. Que sais- je? Une écoute profonde et instinctive face à l'instant, un arôme de vie. Flopée de sensations, pour le roman que je vous présente aujourd'hui, "La délicatesse" de David Foenkinos. 

Un auteur qui m'a conquise depuis quelques années déjà. "Charlotte", "Je vais mieux", "Le mystère d'Henri Pick" et "Vers la beauté" ont célébrés définitivement mon addiction à ce style original, légèrement décalé et très imagé . "La délicatesse" est un roman moderne, aux accents parfois poétiques et insolites. Le deuil, l'amour, la résilience en sont les thèmes forts. C'est le huitième roman de l'auteur, il a obtenu de nombreux prix et a fait l'objet d'une adaptation cinématographique en 2011, réalisé par lui même et son frère. 

L'HISTOIRE

Nathalie rencontre François dans la rue, banalité absolue d'une scène d'approche prévisible. 

"Une entrée en matière absolument classique qui détermine souvent le début des choses qui le sont moins , par la suite."

Nathalie a l'étrange paradoxe de la rêverie et du pragmatisme. Très vite, un amour fort, serein, stable les amènent au mariage. Il y a aussi Charles qui l'a employé sur simple photo de son cv, oui mais non..ce sera sans appel.. Puis le drame, François victime d'un accident meurt brutalement. Dévastée, Nathalie renonce à la vie, se cloître au travail et refuse toute forme d'investissement émotionnel ou pire.. 

Et puis un jour, elle a un geste insensé , spontané, qui va changer le cours des choses..il s'appelle Markus et je ne vous en dirai pas plus!

"Elle était maintenant collée contre lui. Son émotion était si forte que ses mouvements ralentirent. Une lenteur qui prenait presque la forme d'un recul. Il se laissait grignoter par l'immense appréhension , devenait brouillon . Elle aima ces instants où il était maladroit , où il hésitait .Elle comprenait qu'elle avait voulu cela plus que tout , retrouver les hommes par un homme qui ne soit pas forcément un habitué des femmes."


Un roman débordant d'émotions assez inédites, pudeur, fraîcheur, beauté des sentiments, pics atypiques d'émerveillements , une oeuvre pleine de délicatesse..






dimanche 20 février 2022

 THOMAS PALPANT

UN TUEUR AU PARADIS

ROMAN POLICIER

AUTOEDITION

277 PAGES


"Même au paradis, il serait insupportable de vivre seul."

Proverbe russe servant d'incipit au roman.

Et moi, je rajouterai :

"Si on ne peut pas rire au paradis, je ne tiens pas à y aller."

Martin Luther

Vivre, ce n'est pas toujours le paradis, être mort non plus visiblement!

Et comme personne n'en est jamais revenu.. Quoiqu'on en dise, quoiqu'on en pense, le paradis demeure une hypothétique sphère impalpable. Il est là depuis que la terre est terre mais il fût éjecté dans les hauts cieux depuis qu'Eve croqua dans cette foutue pomme! Pour certains, il est le fil d'Ariane, pour d'autres, une fausse promesse, un mythe, une illusion. La mission des religions pour apaiser l'homme et lui imposer peut-être quelques limites . Peu importe , chers lecteurs , que vous y croyez ou non, chaque conviction a ses raisons. En revanche, l'avez - vous déjà imaginé , cette vie d'outre -tombe?

Notre regard terrestre le permet-il?  L'imagination humaine a t-elle des contours infranchissables?

Les descriptions qui nous en sont faites pourraient effectivement le démontrer. Le jardin d'Eden , ses vergers, ses cascades paisibles, ses parfums envoûtants, la douce fange des anges, ce temps qui n'est plus, cette éternelle jeunesse, ces désirs aussitôt pensés aussitôt exaucés.

C'est là qu'intervient le roman de Thomas Palpant!

Un enquête policière au paradis, une parodie de paradis drôlement bien construite et pensée!

Ce roman est le tout premier que je découvre de cet auteur, il a également écrit

-Eden

-Les tueurs de rêves

-Moi smartphone , ce héros

- C'est à vous de tuer

Et "E-STORIC"

L'imaginaire et la dimension humaine en thèmes de prédilection.

Je dois avouer que j'ai été surprise par l'histoire mais encore davantage par le travail des descriptions de ce roman. C'est bluffant!

L'HISTOIRE

Un jeune homme Harold meurt subitement dans un accident de voiture, il fait un bond au paradis mais étrangement rien n'est comme il l'avait pensé. A peine foulé son sol, il fait une rencontre qui va bouleverser sa mort du coup! Un vieillard fraîchement arrivé lui aussi . Qui est -il vraiment?

Et cette jeune femme dictatrice en herbe qui les embarque immédiatement pour une urgence absolue!

Le paradis peut attendre pour nos protagonistes qui vont se retrouver au coeur d'une étrange histoire pas très paradisiaque. 

Je ne savais pas trop à quoi m'attendre avec ce roman et je dois dire que j'ai passé un excellent moment plein d'originalité. L'auteur a manié avec brio , les intrigues, les descriptifs d'un lieu inconnu et surtout une dose d'humour à toute épreuve! Me concernant c'est l'ingrédient favori de cette lecture, les dialogues sont géniaux, drôles , ironiques et l'exercice est loin d'être aisé dans ce genre là!

Les rebondissement sont nombreux et inattendus même si parfois j'ai perdu le fil, trop occupée à glousser sur les répliques! L'auteur a imaginé un paradis avec ses codes , ses rituels et ses traditions , un paradis presque terrestre ; Aucune idéalisation venant de l'auteur qui est resté dans des nuances compréhensibles et crédibles. La plume est précise , fluide , agréable et pleine d'espièglerie.

Les intrigues sont bien ficelées et nous tiennent en haleine jusqu'au dénouement, beaucoup de belles valeurs humaines , sur terre comme dans l'au-delà, l'être humain a les mêmes besoins..

PASSAGE

" S'il n'y avait pas eu cette sordide affaire de meurtres , Harold se serait probablement dit qu'il vivait là, un moment unique . Charmant village de son état , Eden Town avait été embelli de toutes parts et sublimé de mille couleurs, des dénivelés les plus escarpés du Haut jusqu'aux nobles artères géométriques du Bas . On avait disposé des tissus éclatants aux fenêtres , multiplié les décorations audacieuses aux balcons. Des nuances de vert pour le quartier de Green Halley , de l'or , de l'argent et du jaune pour le joyau ou bien encore des déclinaisons infinies de bleu pour habiller le port ."







mardi 15 février 2022

 JOEL MANSA

ENTRE LES MORTS ET LES VIVANTS

EDITIONS EX AEQUO

155 PAGES


"Petit, on comprend tout . Ce n'est pas la peine de croire à l'innocence qui arrange bin ceux qui la détruisent, je n'ai jamais été dupe de rien."

L'enfance semble n'être accordée qu'à quelques-uns. Pour d'autres , c'est une cruelle transhumance, un chemin de croix, un calvaire bien loin de la candeur salutaire qu'on nous vante souvent. Une espèce de faux paysage , que l'on dévisage , aux nombreux mirages , au seul rivage que l'on atteint avec la tristesse et la détresse pour seuls bagages. Pour certains mômes, on est loin des bonbons roses , et de la tendresse de la guimauve! L' enfance à une saveur rance , une lente et douloureuse aigreur le long du coeur. 

L'enfance, ce taudis de leur histoire, la conflagration d'une vie. La tige fragile , docile sous un ciel cousu de chagrins, rouée par un vent mauvais . Jamais tranquilles, ils grandissent , l'âme fracturée, orphelins de chemins mais portant dans cette verve inexorable de l'enfance , toutes les persévérances et cette furieuse envie de vivre . S'offrir une rage , loin des orages, loin de ces amours cloués et refusés. Ne pas être que des anges qui hurlent en silence. 

"Entre les vivants et les morts" est un court roman de Joel Mansa au crochet violent et résilient à la fois.

Joel Mansa est également poète et auteur de théâtre. On lui doit "Le manteau d'Elisée", " Les leçons de l'ombre" et "De toutes les solitudes". Il a aussi publié un carnet d'écriture chez Gallimard , " De lune à l'autre" et prépare pour les éditions Hatier une anthologie de la poésie féminine, "Je vis, je meurs."

Je découvre ainsi cet auteur grâce aux éditions Ex Aequo

L'HISTOIRE

Il s'appelle Jean Mancilla,  autant dire que ça commençait bien pour lui! ( mancilla veut dire tâche en espagnol). Il grandit dans la cité des Mureaux , à Meulan , quartier de la honte sociale des ouvriers Renault. Souvent , il surplombe le monde depuis le toit de la loge , refuge salvateur des mauvaises heures. 

"Du toit de la loge , je voyais aussi le parc qui remontait en pente raide vers le centre ville, avec ses grands arbres , beaux et indifférents à notre sort . C'était mon royaume . Rien que des embrouilles, disait mon père, voilà ce que tu cherches , Jean. Et si tu tombes, imbécile, tu te feras juste mal pour qu'on soye emmerdés."

Le ton vous est donné.. 

Un gamin rejeté, ignoré, malmené par un père violent et une mère complice et sans états d'âme. 

"Je ne me souviens pas qu'elle ne m'ait jamais embrassé , je ne me souviens pas d'un baiser de ma mère."

Jean est intelligent, très tôt il s'aidera de lectures et de poésies pour oublier, pour survivre dans ce fatras d'humiliations, de maltraitances , d'indifférence paternelle et de carence d'amour maternel.

Bien sûr , il n'aura pas le droit d'étudier, il s'en ira en apprentissage à 14 ans , évènement qui sera le point d'orgue d'une cavalcade existentielle , de rencontres aux fins dramatiques , d'errance jusqu'au jour de "presque" chance.. C'est au monastère de Chévetogne , dans un silence monacal et bienfaisant qu'il va apprendre à reconstruire, à exister, à se trouver enfin. La solitude, la lecture, le calme qui transcendent ses misères vont l'amener vers d'inattendus itinéraires. Puis viendra le temps de la chair et des passions interdites, les désillusions, cette quête incessante d'amour et de reconnaissance.

Un roman fort, bouleversant sur la maltraitance infantile et ses corollaires dans une vie d'adulte.

Un roman initiatique où la notion de temps prend son plein sens. 

Un récit en intimes confidences , raconté par le narrateur Jean. La mansuétude, la résilience, l'incroyable pouvoir de la vie et ses apprentissages . L'incorrigible espoir d'y croire encore ou de transformer chaque épreuve en geyser de béatitude . Cette inexorable pouvoir de survivance, cette faculté inépuisable d'aimer..

J'ai pris ce livre en plein coeur, cette destinée échouée, ces rêves morcelés, cette enfance bafouée , un récit touchant , une écriture habile et à la sensibilité légèrement flagellée. J'ai pénétré sa violence, sa sensualité, sa spiritualité et j'en tremble encore.

Un hymne à la vie, oui , elle qui est belle mais qui ne fait pas toujours dans la dentelle..

Evidemment, je vous le conseille chaleureusement , une lecture d'exception..





  

mardi 8 février 2022

 CECILE GAILLARD

Cléopâtre VII

Editions d'Avallon

Nouvelle

26 pages


"Le nez de Cléopâtre , s'il eut été plus court , toute la face de la terre aurait changé."

Blaise Pascal ne croyait pas si bien dire..

Chers lecteurs, je vous présente aujourd'hui , une petite nouvelle de Cécile Gaillard dont je découvre avec plaisir, la plume originale et cocasse. Cécile Gaillard est un historienne , elle vit et enseigne à Rennes . Elle est l'autrice de plusieurs nouvelles primées , publiées aux éditions d'Avallon et publiera le 15 mars son premier roman, "Une piscine à Jalalabad" co-écrit avec sa soeur Julie.

Mais pour l'heure, partons à Rome, la Ville Eternelle, cette cité millénaire à l'éclatant soleil arrosant les pierres froides de marbre blanc . Où les odeurs vivifiantes et poudrées de rose, de fleur d'oranger et de citron aèrent la ville à la gestuelle sensuelle. Mais Rome , c'est aussi la ville de tous les trésors et Christophe , archéologue misogyne et sur le déclin va alors faire une étonnante découverte , une vieille cassette de de plus de 2000ans. Un miracle pour ce prétentieux archéologue qui voit là, l'occasion inespérée de redorer son blason. Mais une lettre secrète de Cléopâtre adressée au premier empereur romain va alors tout chambouler dans l'existence de Christophe..

Vous n'en saurez pas davantage , bien entendu..

Une nouvelle pleine d'originalité, de subtilité et d'humour.

Il fallait y penser, puis il fallait l'écrire. La plume de Cécile Gaillard est limpide, vivante, pleine de reliefs et terriblement sensuelle aussi.  Délicieusement, elle fait passer d'indéniables messages sur les relations humaines. Une nouvelle qui nous immerge dans l'Egypte et ses mystères avec en toile de fond de vrais faits historiques. L'épilogue est absolument surprenante!

Un beau portrait de femme , celui de Cléopâtre au destin incroyable.

Une nouvelle qui mériterait bien un César, non?






dimanche 6 février 2022

 PHILIPPE CLAUDEL

PARFUMS

LE LIVRE DE POCHE

202 PAGES


"Les affaires de désirs ont lieu dans le nez: buée , fumée , rosée, ondes , particules , répulsions ou attractions invisibles , odeurs en creux et limaille en l'air."

Philippe Sollers

Ceci n'est pas une histoire, il n'y a aucune intrigue à démêler, ni de chutes à deviner si ce n'est celles brusques, sensuelles, lentes et affolantes des parfums sur la fine pellicule émaillée d'un temps qui se meurt. Ils sont vaporeux ou accrocheurs, et étrangement sur la trame du souvenir ils ne se font pas la malle. L'intention des parfums, magiciens, anciens , doux stigmates de l'inconscient olfactif.

Le spleen des odeurs délicieusement emmaillotées , frôlant le berceau des âges en remous lascifs , en souffles sucrés , fruités , en zestes juteux, en liqueurs obsédantes ou en remugles insoutenables. Nos chairs et pensées dénudées dans la mollesse d'une exquise ivresse. A l'heure où j'écris ces mots , un brûle parfum aux notes d'argan et de rose enfle mes narines extasiées , shoote mon esprit et vient épouser les effluves d'un thé épicé. 

Que serions nous sans les odeurs nous collant à la peau et à l'âme? Ces proximités voluptueuses , ces flots d'arômes éclatés dans tous nos sens. Ces senteurs qui s'étalent comme des pétales ,ces méandres douillets où l'on vient avec délice capturer l'instant fugace. Oui, les odeurs parlent au coeurs, portent au coeur, dénouent les douceurs et les douleurs. En elles je respire et je vis..

Dans ces flopées de parfums , je me cherche entière dans ces flux confidentiels.

"PARFUMS" est un court roman de Philippe Claudel ,offert par une plume suave , délicate et observatrice . Un roman où il faut absolument tout sentir, tout ressentir, s'enivrer de ce catalogue de fragrances , de saveurs que l'on déguste du bout de sa plume.  Il se raconte en "parfums" ,ces entêtants et pudiques prétextes. La traversée parfumée d'une vie au coeur des bonheurs oubliés , des nostalgies évaporées. De la première boum au cannabis, des odeurs prégnantes des chambres d'hôtels aux draps frais. Du charbon à la charogne , du grès rose à l'acacia, du tilleul à la torréfaction . Du lard frit à la sauce tomate, de la pluie d'orage à la piscine, de la pommade à la salle de classe . Tout y passe, pour le plus grand bonheur de nos fines narines encensées et chatouillées. 

Un roman patchwork, une balade tournoyante au pays des sens, un voyage à fleur de peau . Des bourrasques aromatiques agitent nos esprits , les odeurs singulières d'une vie sur terre.

Des descriptions longues, magnifiques, dentelées de précisions délicieuses, les histoires sont courtes donc pas lassantes et chaque parfum est une rencontre unique à l'instar du style de l'auteur.

PASSAGE

CIMETIERE

"De l'autre côté de la route, face à notre maison , s'étend le domaine des morts. Ceux-ci reposent sous une dalle de marbre ou de granit , de calcaire blond rendu gris par le temps et les pluies , ou dans quelques chapelles pour les plus riches d'entre eux , mais que leur bas de laine n'a pas sauvé du dernier voyage . Voisinage paisible , horizontal et fleuri . Un ville miniature avec ses quartiers misérables , éventrés , affaissés ou démolis , ou d'autres opulents , entretenus , pimpants presque , et ses deux ou trois avenues élégantes où le gravier crisse sous le pas avec plus de tenue. Au dessous , les morts jeunes ou vieux , ossements démantibulés ou fraichement fossoyés dans une terre remuée qui mettra du temps à reprendre ses aises , par dessous des gerbes de fleurs qui ne survivront aux défunts que quelques jours."







mardi 1 février 2022

 MARJORIE LEVASSEUR

TE REVOIR A PENN AVEL

AUTOEDITION

245 PAGES


Te revoir..

J' ai toujours aimé plus que de raison cette phrase , ce gage d'espoir, ces mots qui nous font croire encore.

Pas vous? 

Vouloir brusquement te revoir comme si ma vie en dépendait, comme si c'était impossible de respirer autrement. Te revoir, l'interminable attente de cet instant commémoratif à réinventer. Revoir ce bonheur que l'on a vécu en espérant que le temps joue les repiqueurs. Repenser les heures tombées dans cette destinée chahutée. Te revoir, en petites touches d'instants , en renaissance, en reconnaissance , savoir si nos vies seront dépouillées de lendemains ou si on se tiendra la main dans nos secrètes opportunités.

Deux mots, un presque rien qui remplit la franchise d'un sentiment , la force d'une certitude..

Te revoir, "quoi qu'il nous en coûte", te revoir malgré "nos peines indicibles", te revoir sous "les lilas" mais "ne lu dis pas qu'il me manque" dis lui que 'C'est la pluie qui fait grandir les fleurs".

Te revoir à Penn Avel..

Vous connaissez Penn Avel? C'est un parc , un espace vert public situé dans sur la commune du Croisic en Loire Atlantique. Penn veut dire "cap" en breton et "Avel" vent . Boisé et et clos de murs , il est un des derniers témoins des grands paysages d'autrefois sur cette partie du littoral.

Je vous parle aujourd'hui du second roman de Marjorie Levasseur que je découvre, après "Ne lui dis pas qu'il me manque".

Pour ses plus fidèles lecteurs, vous connaissez la plume délicate et tendre de cette auteure , toujours au plus près des choses de la vie. Une plume qui greffe instantanément toutes le nuancier des émotions;

Te revoir à Penn Avel ne sera pas une exception et je l'ai d'ailleurs préféré à son prédécesseur. 

L'HISTOIRE

Pauline est une jeune femme , une trentenaire , vivante, pulpeuse et généreuse. Elle vit depuis quatre ans au Croisic dans la maison de sa grand'mère. Elle gère un site de rencontres pour seniors, les jours s'écoulent et se ressemblent comme tout à chacun . Ou presque.. 

Lors d'une virée à Nantes comme elle à l'habitude de le faire régulièrement , elle est sauvagement agressée par deux hommes. Il s'en ait fallut de peu, si un sans-abri septuagénaire ne lui avait pas sauvé la mise. Pleine de gratitude , Pauline lui offre tout naturellement l'hospitalité. Il s'appelle Louis, il est énigmatique, taiseux et solitaire mais bon gré mal gré il accepte cette faveur.  Peu à peu , la coquille se fend et il se confie à la jeune fille dans un regain de confiance . Pauline , avec ce grand coeur qui la caractérise va alors voir ses intentions bouleverser sa vie .


Un roman doux , où amour, colère, pardon et secrets de famille viennent s'entremêler dans quelques intrigues très prévisibles mais néanmoins prenantes. Les personnages sont les points forts, authentiques ,travaillés et attachants. C'est aussi un point fort de Marjorie Levasseur.!

Une histoire plutôt bien imaginée ?, j'ai beaucoup apprécié la structure du récit , oui , j'aime particulièrement les récits à la première personne qui offre ce lien intime avec le lecteur.

Dans ce roman, nos deux protagonistes se livrent à la manière d'un monologue , d'un journal intime.

Des sursauts dans le temps et les événements qui créent de beaux effets surprises, une rétrospective des passés, qui manipulent subtilement la curiosité . Des déceptions, des illusions , des contre- temps, quelques incompréhensions mais pour finir un concentré de ce que l'être humain a de plus beau quand il veut bien s'en donner la peine.  

Une couverture qui m'a conquise et qui a motivé l'envie de lecture de ce roman. Et pour cause, vous découvrirez le délicieux passage lié à cette scène . J'ai tellement aimé!!

Un plume fluide , simple et sincère . Légère dans sa façon d'aborder les thèmes profonds , un peu d'humour , un huis clos d'amour à Penn Avel..

Les romans de Marjorie Levasseur sont toujours à conseiller chaleureusement .

Ils font du bien à nos âmes demandeuses et il va sans dire qu'on en a grand besoin!

J'en relirai un et même plusieurs , c'est certain!

PASSAGE

" Je me baissais donc et pris délicatement l'album entre mes mains. L'homme sur la photo était sans conteste Louis. Même s'il y apparaissait beaucoup plus jeune , ses traits demeuraient inchangés donc facilement reconnaissables. Et ma foi, il était plutôt bel homme, il fallait bien l'avouer. Mon regard glissa alors sur le garçon , debout à ses côtés , qu'il enlaçait de son bras . Il s'agissait d'un adolescent d'environ douze ans , une tignasse bouclée châtain clair tirant presque sur le blond qui lui mangeait la moitié du visage . Il posaient tout deux sur la terrasse d'une maison au crépi blanc immaculé et aux volets bleus . Intriguée , je sortis la photo de son étui pour dénicher une éventuelle inscription au dos et je lus "Tiburce et moi ,1995."









 LE GRAND MEAULNES D'ALAIN -FOURNIER "Pour la première fois , Meaulnes sentit en lui cette légère angoisse qui vous saisit à la fin...