lundi 28 septembre 2020

 JEAN CLAUDE MICHOT

MARTHE,INSTITUTRICE 

ET FILLE MERE

ROMAN  AUTOEDITE INSPIRE D'UNE HISTOIRE VRAIE

199 PAGES



On dirait un film...

Oui, c'est beau et triste comme un film en noir et blanc.

La vie bouge et s'agite comme les fourmillements de l'écran..

C''est émouvant et moi j'ai le coeur à cran .

C'est fort comme un vieux roman .

La page s'écrit, se tourne , le livre se referme en rêvant qu'il survivra peut être à d'autres vies.

En espérant qu'un jour ils comprendront, ils compatiront et que plus jamais ils ne jugeront.

Un vieux chagrin , un chant triste..

Limmédiateté d'une joie pure qui tombe dans une douleur obscure.

Une destinée qui a ricoché et dont personne n'a su, n'a pu s'en extirper.

Je suis malmenée , j'ai bourlingué dans cette fatalité qui enferme les destins.

Naivement, j'aurais tellement voulu ne plus entendre ces calomnies , ne plus croiser ces regards en biais , mauvais comme l'ignorance.

Un moi qui ne cesse de crier aux préjugés de nos sociétés passées , présentes et à venir..

Comment y remédier?

Fatalité? Destinée?

Esprits étriqués?

Ce qui a régné par le passé continue d'exister plus sournoisement comme si nous étions condamnés à répéter, à perpétuer ..

Sommes nous conditionnés à perpétuité?

Une lecture dans une époque éloignée dont je ne sais presque rien a remué mes viscères et j'ai bu toute cette misère gorge nouée et coeur serré.

J'aurais voulu pour une fois que cela se finisse bien ou mieux...

Mais non, passante deans cette tourmente j'ai été estampillée par une souffrance à la belle allure.

Le chemin était de toute façon , de mauvaise augure.

Des éclaircies fugaces, des jours sans audace, des heures qui passent..

Le temps qui menace et l'âme qui trépasse..

Le passé inaugure les souvenirs déliés et la mémoire dédiée.

C'est l'histoire d'un ciel cousu de mensonges .

D'un amour écorché que l'on a pas pu donner.

La punition d'une passion.

Le "lange" des mélanges qui se venge...


J' ai eu un peu de mal à organiser mes sensations et c'est ainsi que je découvre la plume de Jean Claude Michot ave ce roman qui a été le tout premier d'une longue liste

S'en sont suivis:

-La vengeance d'Aimé

-La veuve noire de Beaucharmant

-Les trois vies d'Albert

-Ce n'était pas toujours le Pérou

-Le noir destin de Valentine 

-Ma route des Indes

Et tout récemment

-Non de code; C19 

Son premier thriller!


L'HISTOIRE

Nous sommes dans les années vingt, "les années folles" enfin pas si folles que ça car les femmes n'étaient toujours pas invitées à s'émanciper.

Marthe est une jeune fille institutrice fraîchement diplômée et qui part enseigner loin de sa ville natale en Sologne.

C'est une jeune femme  à l'éducation solide , qui vit jusque là dans un cocon familial aimant et protecteur.

Marthe est indépendante et s'accoutume assez bien à ses nouvelles fonctions.

La vie coule paisiblement entre l'école et les retours toujours très appréciés chez ses parents.

Jusqu'à ce jour...

Le temps des amours, la fougue de la jeunesse , l'insouciance qui l'accompagne..

Elle fait la connaissance d'un charmant jeune homme plus âgé qu'elle , Olivier.

Econduite par la passion elle refuse tout d'abord ses avances puis finit par céder sans remords.

Une brève histoire qui marquera à jamais la sienne au fer rouge..

Ce qui devait arriver, arriva..

Marthe tombe enceinte et le courageux jeune homme préfère fuir ses responsabilités.

A cette époque le mal est grand et sans équivoque.

Olivier ne reviendra jamais sur ses paroles et Marthe décide de garder ce petit être qui grandit en elle.

Elle ne révélera rien à personne et encore mins à ses parents par peur de les décevoir.

Elle va passer neuf mois à dissimuler son corps et ses peurs de jeune fille sans expérience.

Elle doit garder ce poste d'institutrice à tout prix.

Marthe accouche dans l'anonymat en 1927 d'un petit garçon nommé Henri.

Ne pouvant s'en occuper comme il se doit elle le confiera à une nourrice et poursuivre comme si de rien n'était sa vie de jeune institutrice;

Le temps passe , les remords se vivent au quotidien , la douleur aussi mais elle continuera à se taire.

Puis il y a Rémy son ami d'enfance qui l'aime depuis très longtemps maintenant..

Et si elle pouvait sauver les apparences et reprendre son fils en acceptant de l'épouser?

C'est ce qu'elle fit, sans amour mais avec beaucoup d'espoir ..

Seulement rien ne se passera comme elle l'aura souhaité.

Marthe capitule, s'enlise dans la morosité , son coeur s'endurcit , elle comprend la portée de son choix un peu trop tard.

Henri grandit avec une place à prendre...

Saura t-elle lui donner ce qu'il recherche éperdument depuis si longtemps au moment voulu?

Rien n'est moins sûr..

Existent -ils des rendez vous manqués?

Les sentiment se mélangent, se perdent, on se perd à force d'espoirs avortés..


MON AVIS

Une histoire de famille à double fond, des secrets cachés qui refont surface , la trame narrative de l'auteur est vraiment bien menée.

La plume est poignante d'émotion et je dois bien avouer avoir versé quelque larmes devant une vie qui ne fait pas toujours dans la dentelle.

Le personnage de Marthe est à la fois attachant et d'un froid chirurgical surtout en fin de roman.

Le développement psychologique est très finement déroulé tout au long de l'histoire en parfaite cohésion avec l'enchaînement des évènements

Une intensité assez dramatique se noue tout au long de l'histoire..

Un roman qui interroge sur les conventions sociales aliénantes

Sur la difficulté d'être et de construire son existence en famille et dans la société.

Marthe est effrontée, sacrifiée, transgresse , se soumet.

Elle est l'image de la femme de son époque entre acceptation et espoir d'émancipation

J'ai été drôlement éclaboussée par les nébulosités de toutes les âmes qui ont traversé ce roman.

Jean Claude Michot a été le très juste conteur de cette histoire vraie

J'ai en .revanche vacillé sur une syntaxe un peu chancelante et des tournures de phrases incorrectes.

Un style trop saccadé par moments qui a dérangé un peu ma lecture;

Manque de fluidité assez souvent.

L'indulgence est de mise pour un premier roman...


PASSAGE QUE  J'AI AIME ET QUI EN DIT LONG

"Au printemps 1950 , elle reçoit un courrier de son fils lui annonçant son mariage.

Elle s'assied dans un fauteuil élimé  , la lettre pendant au bout des doigts .

Elle reste un moment sans réagir puis des larmes lui viennent aux yeux.

Elle s'imagine dans l'église à côté de lui , la voûte emplie de vibrations de bonheur .

Elle regarde la mariée , lui sourit , le coeur gonflé de joie .

Revenant à la réalité , elle se remémore maintenant la cérémonie qui a consacré son union avec Rémy .

Mariage de raison ou mariage d'amour , elle ne sait plus.

Le temps a balayé les certitudes , seuls les regrets toujours présents viennent accaparer ses pensées.

Rémy , lui continue sa vie , imperturbable aux aléas rencontrés sur sa route.

Marthe lui a parlé du mariage de son fils , il est resté muet , les yeux dans la vide .

Rien apparemment ne le touche , il vogue dans la vie comme un bateau porté par les vagues esquivant les récifs."


Un roman émouvant , écrit dans l'intimité d'un ressenti , dans la proximité d'une histoire .

On remet en questions nos évidences souvent versatiles.

Un livre hommage , un livre mémoire , un livre miroir...










 





dimanche 20 septembre 2020

JENNE MALYSA

DANS TOUS LES SENS

NOUVELLES EROTIQUES

COLLECTION ALCOVE

EDITIONS EX AEQUO

294 PAGES

SORTIE JUILLET 2020


C'est un peu dangereux de publier de tels écrits , ceux là mêmes qu'on lit tard dans la nuit , lorsque le jour nous dévêtis de sa fièvre lubrique et ses appels lancinants.

Quand la mollesse de l'esprit vient caresser la hardiesse d'un corps engourdi.

Quand endormie ou le faisant croire , l'ambiance confuse et moite éconduit la pulpe de mes doigts sous les voûtes de l'imagination libertine.

Quand les mains supplient la cuisse lisse , que les courbes se plient sous les ondées de désirs enchevêtrés .

Quand l'âme affaiblie pénètre la savante folie des jeux interdits.

Quand l'extase perdure sous les soupirs accrocs.

Quand le plaisir à son apogée éclate en forme de vie.

Quand l'illogique pulsion cambre les reins et aiguise toutes les inspirations.

Proximité du désir et plaisir à le retenir , jouissif paradoxe..

Entre provocations et assouvissements..

Oh je m'emballe et je m'égare!

L'instinct me suit et je lui obéis!


Bref, aimez vous les défis?

Absolument tout les défis?

Même ceux aux consonnances érotiques , aux sentences qui vous mettent dans tous les sens?

Dans tous les sens?

C'est justement ce que je vous suggère dans cette nouvelle chronique plaisir.

J'ai resuccombé sans rougir à la tentation de lire les textes chauds et torrides de Jeanne Malysa.

Après :

-Femme qui veut

-Mise en scène

Et 

-Preuve

Me voilà me dandinant 

Dans tous les sens

Sans vouloir chanter ses éloges , Jeanne Malysa est la reine de l'érotisme exacerbé!

Directrice éditoriale de la collection alcôve aux Editions Ex Aequo elle s'affaire aussi à nous procurer de nouveaux plaisirs en flairant de nouveaux talents  du genre!


L'HISTOIRE

Nous sommes toujours accompagnés de Gaspard Sybar et de sa muse au désir torpillant Marianne.

En résumé , pour ceux qui ne les connaitraient  pas , ils sont les protagonistes des précédentes nouvelles que j'ai cité un peu au dessus.

Ces deux là s'aiment et se le prouvent à veine ouverte 

Lui , épie sa fièvre 

Elle , fait sauter la boutonnière rien qu'en levant les paupières.

Extasiés par leurs pulsions , le temps est tension dans cette autre dimension où  les habilités raffinées giclent en flopées d'onomatopées .

Alors Gaspard est auteur de littérature de charme , très talentueux il faut bien le reconnaître.

Un jour , son directeur éditorial le met au défi..

Ecrire un recueil de tente nouvelles, jusque là tout s'annonce bien.

Sauf qu'il va y ajouter une petite  particularité et pas des moindres.

Chaque écrit sera soumis au mot imposé du jour.

Ce mot devra aiguiller toute l'histoire.

Donc un mot par jour afin de voir figurer ses textes dans un quotidien de renommée mondiale.

Alléchant, excitant défi qu'il a falloir capturer d'inspiration et d'ingéniosité démesurées.

Que cela ne tienne!

Il a Marianne en frissons bouillonnants à ses côtés!

Leurs plaisirs vont peut être légiférer le flot des mots.

Toutes les facettes de l'érotisme sous le joug d'un mot vont être explorer dans ce recueil.

Du "rustique au "zèbre"

De "l'étole "au "dôme"

De la "farce" au "chapeau"

De"l'ambiance" au "mouvement"

De "l'amour " à "l'inconnu"

De la 'violette" à la"guêpe"

Tout y est !

Et attention , ne vous fiez pas aux mots ils recèlent de projections mentales volcaniques!

Avec "Dans tous les sens " vous avez droit à un fantasme par jour !

Il faudra vous débrouiller pour les mois à 31 jours!

Vous avez bien des mains?



Jeanne Malysa tient sa plume d'une main experte où la sève ensorcelante et brûlante se répand sur chacun de ses mots.

Du coup les envies pointent et lacèrent d'éclairs les pages qui rougissent à son passage.

Le style est maitrisé , imagé sans jamais entrer dans la vulgarité.

L'imagination est racoleuse et chaque dénouement un véritable soulagement!

Aucun effet lassant comme on pourrait le craindre dans ce genre de recueil 

L'auteur revendique ce langage des corps comme conception complémentaire aux rapports amoureux mais ne la sacralise pas non plus et c'est précisément  cette nuance  que j'apprécie  beaucoup chez Jeanne Malysa.

Nombre de ses textes sont aussi pourvus d'un grande sensibilité humaine et d'une fine compréhension de ce qui lie les êtres.

Je pense particulièrement à la neuvième nouvelle :

INCONNU

Un histoire de vie qui m'a bouleversé , une attirance où l'âme et le corps prennent forme dans une harmonie aussi désarmante qu'inexpliquée.

Jeanne Malysa réussit à ne pas confiner ce genre dans des histoires clichées et sans résonnance.

En même temps , vous conviendrez que l'érotisme est inhérent à la littérature depuis toujours et pas seulement dans cette littérature spécifique .

Pour êter  tout a fait sincère , je n'ai évidemment accrocher à toutes les nouvelles, certaines m'ont laissé de marbre comme "guêpe ou "savon";

En revanche j'ai aime et même un peu plus 

-BALLE

-INCONNU

-VIOLETTE

-OUBLIETTE

-ETOLE

-MOUVEMENT

Entre autres...

Les thèmes sont très variés et les petits apartés intimes en fin d'histoire sont tout à fait exquises.


J'ai pris un réel plaisir à la lecture de ce recueil , prenez le au sens qui vous conviendra(sourire)

Un lecture promise et addictive pour vos nuits drapées de solitude.

Que vous soyez novices ou initiés!

Il faut se l'avouer c'est bon comme une petite mort..


PARTAGE D'UN PETIT PASSAGE


INCONNU

"Lucas faiblit légèrement sous l'assaut , soufflant sur le plaisir qu'elle lui procure.

Justine l'amène au bord de l'extase puis s'arrête ayant pitié de la retenue qu'il s'impose .

Elle comprend alors qu'il ne jouira pas tant qu'elle ne le lui autorisera pas .

Elle se relève en s'essuyant le lèvres luisantes de salive et de sève puis lui désigne le lit en lui mordillant l'épaule.

Il tire la couverture et se glisse sous les draps , le regard vrillé vers elle en adoration totale .

Justine déglutit.

Etre l'objet d'une telle vénération ne lui donne pas le droit à l'erreur .

Elle le chevauche et lui caresse le buste.

-Ce soir, n'attends pas de moi que je t'ordonnes, jouis sans modération , raconte-moi tes envies , tes fantasmes pendant que je prendrai ton sexe en moi et que j l'utiliserai jusqu'à ce que tu te lâches.

Parle moi , dis moi qui tu es , je veux te connaitre corps et âme"


Ca va suffire à vous donner envie ou je continue?

Merci chère Jeanne Malysa et merci chers lecteurs;

Peut être nous reverrons nous quelques fantasmes plus tard...













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lundi 14 septembre 2020

 INTERVIEW D'AUTEUR

AURELIEN GRALL

POUR L'ENSEMBLE DE SON OEUVRE

SHUTDOWN  (2019)

LE TRONE DE CENDRE ( 2016)

ET

ALIENOR (2014)


"Il n'y  a pas de terreur dans un coup de fusil , seulement dans son anticipation."

Alfred Hitchcok


Les grandes causes, les grands combats doivent toujours être amenés avec humilité , discernement , intelligence et prudence .

C''est exactement là que se tient sa véritable crédibilité.

Supputer l'avenir avec le matériau fiable du passé et de ses réflexions.

En 2017, je découvre Aurelien Grall auteur de thrillers  d'anticipation. avec son second roman :

LE TRONE DE CENDRE

Intriguée alors par le haut potentiel imaginaire de l'auteur , sa faculté à nous entraîner dans un monde où les frontières du réel et du fictif floutent nos perceptions en nous conviant à la prise de conscience;la curiosité m'amène à à lire son premier roman :

ALIENOR

Puis le dernier paru l'an dernier:

SHUTDOWN


Fort de son style brut et impactant , ses messages sont de vraies régénérations intellectuelles.

Aurelien Grall dénonce, anticipe, expose de glaçantes réalités avec ses mots, ses analyses.

Ainsi, de ces lectures transformations , j'avais tout naturellement envie de le confronter à ses idées , à ses convictions.


Je le remercie de s'être patiemment rendu disponible pour répondre à toutes mes interrogations.


 Tu abordes des thèmes assez complexe bien que dans l'air du temps à savoir la politique?, l'écologie et par extension les injustices politico- sociétales.

Ils n'ont pas forcément grande presse dans le milieu littéraire .

C'est risqué...

Cette complexité justement à traiter ces sujets est-elle un challenge?


Les sujets politiques que je traite sont plus qu'un challenge, ils sont une nécessité.

J'ai toujours conçu la littérature et toutes les autres formes d'art, comme la forme la plus aboutie du combat des idées.

Quant à la complexité de ces sujets , la grande opportunité offerte par la littérature est de pouvoir prendre le temps de développer ces sujets, de permettre au lecteur non seulement d'en avoir connaissance mais aussi d'en explorer les tenants et les aboutissants .

La lecture est une forme d'éducation à mes yeux et cela me va très bien comme cela!


Optes tu pour ces thèmes car ils sont graves et actuels ou fondamentalement car ils sont tes sujets "passion"?

J'opte pour ces thèmes car ils sont pour moi d'une impérieuse nécessité.

Ce qui est passionnant dedans , c'est la puissance du texte que ce genre de texte peut dégager.

Il est capital pour moi de chambouler le lecteur à chacun de mes textes.

Ma mission est accomplie lorsque le roman est si intense qu'il le hante longtemps après l'avoir refermé.


As - tu l'impression de simplement exploiter des sujets vus et revus?

Je dirais que j'exploite des thématiques universelles à ma manière avec mon univers.

A la base , le sujet aura beau avoir été exploité par beaucoup d'auteurs par le passé . l'enjeu pour moi va être de donner du plaisir au lecteur .

Non pas tant pour le sujet en soi, mais par la manière dont je le traite.


Penses tu vraiment servir ces causes ?

Penses tu susciter de vraies réflexions à travers tes romans?

Oui, si j'ai bien une foi c'est celle là.

Je considère mon rôle d'auteur comme un rôle d'éducateur des masses .

Pour moi, je suis en mission 

Il est assez aisé de faire réfléchir le lecteur à condition d'avoir son temps et son attention.

Le support du roman est parfait pour lui passer des messages de façon assez franche et massive et massive pour l'ébranler dans ses retranchements les plus intimes.


Comment s'y prend-on pour écrire des textes différents dans un genre un peu écrasé par les normes posées en littérature?

Il faut voir les lois littéraires comme un cadre.

Force à chacun d'évoluer à l'intérieur de ce cadre .

De même que la musique connaît une infinité de morceaux basés sur les règles d'harmonie , la littérature permet une infinité de styles de nuances de fond , de forme , les horizons restent ouverts malgré ce cadre.


Comment s'arracher aux grands auteurs du genre ?

D'aileurs qui sont-ils pour toi?

Pour moi l'auteur le plus grand du genre est Tom Clancy dont les romans haletants à l'intrigue particulièrement réaliste ont inspiré tant d'adaptations , qu'il s'agisse de cinéma , de séries télévisées ou de jeux vidéo.

A la poursuite d'octobre rouge , la somme de toutes les peurs , Rainbow six, Splinter cell , Ghost recon ou encore Jack Ryan , npus lui devons tout un pan de notre culture populaire.

Pourtant , je vais plutôt chercher mon inspiration dans les grands génies classiques , comme Victor Hugo , Corneille ou encore Shakespeare.

Le vernis réaliste de mes oeuvres est plutôt basé sur les ouvrages documentaires

In fine, on va arriver à un résultat qui pourrait paraître proche d'un Tom Clancy mais pas tant que cela en y regardant de plus près.

Dans "Le trône de cendre" tu nous fais basculer dans la trappe infernale de l'excès de pouvoir euphorisant et malsain .

Par extension , tu chemines sur les rouages de l'âme  humaine .

Deux sujets que tu contrebalances avec brio ;

Qu'as tu souhaité démontrer à travers ces analyses?

Le sujet du pouvoir est certainement l'un des plus fascinants qui existe.

Toutes les sociétés humaines sont basées sur ces équilibres de pouvoir qui ont pour fondement la nature même de l'Humanité.

La violence ou la paix , le désir ou le dédain , l'amour ou la haine , la solidarité ou l'individualisme , tous les visages de cette humanité forgent le pouvoir par lequel on vit et on meurt.

Le pouvoir que certains appellent Dieu est l'essence .

Mais ce pouvoir n'est malheureusement pas compatible avec la faible nature humaine sur laquelle il est pourtant basé.

Cele donne, in fine, toutes les grandes tragédies de l'histoire et les plus belles pages artistiques.

Des dramaturges grecs aux grands écrivains du dix-neuvième siècle , tous exploitent de près ou de loin cette fascinante et abominable mécanique du pouvoir.

Le "Trône de cendre" était donc pour moi l'occasion de venir mettre ma patte sur un sujet fondamental , un classique parmi les classiques.

De quoi beaucoup s'amuser pour un auteur comme moi!


Les problèmes et injustices politico-sociétales sont le pilier de chacun de tes romans.

Quels pourraient être selon toi les fondations d'une société "réussie"?

Pour moi une société réussie ne serait pas parfaitement égalitaire mais une société dans laquelle le bonheur serait une possibilité accessible à tous, une société dans laquelle l'homme n'opprimerait pas son prochain , dans laquelle la sagesse et le bien du plus grand nombre passeraient devant les bas instincts égoistes des humains.

Finalement, cette société dont je rêve n'est pas si loin et pourtant la route est si longue, si longue...


Des grands hommes politiques que tu admires et qui t'influencent dans tes écrits?

Je peux estimer des hommes mais je n'admire personne car les grands hommes restent des hommes et participent donc pour moi au même visage hideux de l'humanité.

J'ai le tort d'être un peu trop terre à terre !

Néanmoins, j'ai relevé nombre de choses intéressantes chez Machiavel, Churchill, De Gaulle , Martin Luther King , Nelson Mandela ou Barak Obama.


Dans Shudown, ton dernier roman , l'écologie a la place d'honneur .

Une terre mutilée , surexploitée par le progrès humain et notre société consumériste .

Comment , selon toi , cette terre va t-elle survivre à l'emprise de l'homme mécanisé?

Quel scénario entrevois tu?

Cette terre est plus ancienne que nous et destinée à vivre plus longtemps que les hommes.

Nous ne sommes que les passagers d'un même bus entre deux arrêts.

Nous n'étions pas présents au départ , nous serons absents au terminus.

Entre ces deux points, charge à nous de ne pas ravager cette terre au point de nous éradiquer nous mêmes après d'innombrables années d'une souffrance croissante et inéluctable.


Au quotidien comment vis tu cette conviction?

J'ai fini par développer une mauvaise conscience au quotidien.

Je ne prends quasiment plus l'avion , je réserve la voiture pour les courts trajets , je n'achète quasiment rien et c'est toujours un crève coeur pour moi de jeter.

Bref, je vis avec la terre qui commente chacun de mes comportements .

C'est d'autant plus effrayant que j'entends trop souvent cette petite voix pour être irréprochable à ses yeux/.


L'écologie n'est elle pas un concept un peu utopique pillée par certaines urgences plus "humanitaires"?

Sauver 8 milliards d'êtres humains est en fait la plus grande des urgences humanitaires.

La surexploitation de la terre engendre tempêtes , sécheresses , famines , guerres et épidémies.

Citer l'apocalypse en prélude à Shutdown était malheureusement parfaitement logique.

Et en général, les premiers à souffrir du dérèglement climatique et de l'appauvrissement des terres sont les plus pauvres de la planète.

Les riches ont les moyens techniques et financiers de se tenir la tête hors de l'eau au prix d'enfoncer celles des plus fragiles quitte à les noyer.


Toujours dans Shutdown , une phrase retient mon attention entre autres.

"Il faut l'avouer à bien y penser la première plaie de cette terre c'était nous."

Un soupçon de misanthropie ou une extrême lucidité?

Pour être simple , je pense que la terre avant nous s'autorégulait parfaitement , pouvant encore tenir pour des millions d'années.

Et c'est là que nous sommes arrivés avec le stupide égocentrisme de nos sociétés modernes.

Aujourd'hui, nous nous retrouvons acculés à devoir faire l'effort inoui de corriger des siècles de productivisme à outrance en quelques dizaines d'années , sachant que même si nous y arrivons les choses ne seront plus jamais pareilles, la vie sur terre ne sera plus jamais aussi clémente pour les générations futures.

Heureusement , à une époque , il y avait de nombreuses populations nomades qui vivaient en harmonie avec la nature ?, ne lui prélevant que les ressources qu'elle était capable de renouveler.

Au nom du progrès, nous avons massacré ces peuples possédant les derniers restes de la sagesse environnementale .

A cette heure, nous retrouvons les bienfaits de notre philosophie .

Mais c'est trop tard.

Ils ont presque tous disparu.

Alors peut être que l'on me qualifiera de misanthrope mais j'estime que scier la branche sur laquelle on est assis au  nom d'un individualisme consumériste n'apportant rien d'autre que toujours plus de désirs et de frustration , c'est le problème .

Et aux dernières nouvelles ?, ce ne sont ni les pandas ni les éléphants qui se battent dans les supermarchés pour des consoles de jeu vidéo ou des robots à cuisiner.

Alors oui , le problème c'est nous.


Dans "Alienor" , ton premier roman tu nous fais pénétrer dans l'antre d'une académie très spéciale.

Des enfants que l'on "matrixe" , des êtres qui deviennent des matricules presque lobotomisés à des fins très sombres.

Crois tu ce scénario plausible dans un avenir proche ou lointain ?

Penses tu que ce procédé soit déjà en vigueur d'une certaine manière?

Ce qu'il faut savoir sur Alienor c'est que tout cela n'est pas inventé .

C'est un tissu de faits s'étant produits dans l'histoire .

C'est aussi pour cela que j'ai pu offrir un degré de réalisme troublant certains lecteurs.

Le cerveau humain enparticulier celui des enfants est particulièrement malléable .

Les régimes totalitaires ont toujours utilisés cette opportunité pour conditionner des légions d'enfants.

Par exemple, à la fin de la Seconde Guerre mondiale , les derniers soldats nazis étaient des enfants et leur rage guerrère aurait pu faire peur à leurs propres aînés.

Et cela ne doit ne doit surtout pas être relégué au rang des souvenirs.

Aujourd'hui, dans toutes les guerres les plus sales de la planète des enfants sont exploités , souvent drogués avant d'être envoyés au combat.

Toute notre technologie , nos smartphones , nos réseaux sociaux , tout cela ne gommera jamais le fait que la bête sommeille et sommeillera toujours en nous.

Protégeons nos enfants , protégeons leurs droits à l'enfance tant que nous le pouvons car leur innocence est sacrée.


Pour avoir lu tes trois romans , je constate une influence américaine assez appuyée .

Pourquoi?

Je suis comme toute ma génération , j'ai été bercé dans le terreau culturel américain.

Que ce soit dans les films , les jeux vidéos , la musique , les Etats Unis ont toujours été pour moi un environnement quotidien.

Et nous en parlions tout à l'heure avec Tom Clancy.

C'est donc logiquement qu'ils me fascinent par leur grandeur , par leur esprit de conquête au même tire qu'ils m' inquiètent avec leur surpuissance dictée par le progrès laissant beaucoup trop souvent de côté la raison.


Quelle vision as-tu de la politique de cette nation?

Concernant ma vision de la politique américaine , je la résumerais en deux mots:

grandeur et hypocrisie .

Grandeur, car j'ai toujours trouvé extraordinaires leurs idées , leurs discours qui sont un phare pour l'humanité , comme eux prennent d'ailleurs la France pour repère 

De Georges Washington à Barak Obama en passant par Abraham Lincoln que de beauté noircissant les livres d'histoires !

Le problème est que cette histoire est bien souvent partiale quand elle n'est pas tout simplement mensongère.

Derrière les belles idées , parjure , cupidité , corruption , trahison et manipulation.

Les Etats Unis sont la quintessence de la politique dans ce qu'elle a de plus magnifique et de plus  hideux. 


Penses tu qu'elle a des répercusions sur la nôtre?

  Je pense que dans le concert des nations nous resterons toujours dans l'hégémonie américaine.

De même que dans l'Antiquité nous vivions sous la haute influence de l'Empire Romain.

Entre les blocs russes et chinois ' Europe doit se trouver des alliés et pour moi l'Amérique reste le moins mauvais possible.

Même s'il est vital pour nous de défendre notre indépendance et de prendre la main sur le jeu mondial comme nous l'avons fait pendant des siècles au deuxième millénaire.


Parlons un peu écriture...

Lequel de tes romans considères tu comme le plus finalisé?


Pour moi, il s'agit du "trône de cendre" car il contient à la fois une structure narrative complexe et un héros à la profondeur d'âme insondable.

Tout ceci se jouant dans un grandiose théâtre aux enjeux planétaires et aux scènes épiques.

Pour moi, ce fût l'occasion d'écrire une sorte de tragédie antique projetée dans le monde d'aujourd'hui.

De quoi donner un certain nombre de frissons au lecteur!


Lequel a été le plus compliqué à écrire?

Je dirais que mon roman le plus compliqué à écrire ce fût "Alienor" car il s'agissait de mon premier ouvrage , je devais tout de suite faire mes preuves en tant qu'auteur.

C'est la raison pour laquelle j'ai mis dix ans à l'écrire.

Quelles difficultés rencontres tu à l'écriture de tes romans?

La plus grande difficulté quand j'écris est de lutter contre mon perfectionnisme forcené.

Je peux écrire dix, quinze , vingt fois le même passage pour atteindre exactement dans les mots ce que mon esprit me dicte.

Et cela occasionne beaucoup d'efforts et beaucoup de frustration car je dois me montrer d'une infinie patience alors que je ne rêve que de partager le texte avec le lecteur.

As tu des rituels d'écriture?

J'ai toujours la manie d'être plus prolixe quand j'écris dans le train , ça explique peut être ma forte consommation de billets de TGV (rires)


As tu déjà envisagé de basculer dans un autre genre?

A vrai dire , à bien y penser , je n'ai pour moi aucun genre , je n'écris que les histoires qui m'inspirent .

Souvent ce sont des thrillers politiques mais je serais susceptible de réécrire un mode d'emploi si l'inspiration me le dicte (rires)


Connais tu des périodes de sécheresse totale?

Rien à écrire , rien à dire ou as tu l'inspiration continue et prolixe?

L'inspiration chez moi n'est jamais un flot continu.

Parfois elle est là, parfois pas.

Je ne me mets pas la pression sur le sujet car un roman qui plus est roman indépendant ne se résume pas à de la pure création.

Je dirais même qu'à bien y penser entre organisation , correction et conception de couvertures , le travail créatif représente la part émergée de l'iceberg.

Même sans inspiration, il y a toujours de quoi travailler!


Te considères tu comme un écrivain engagé?

Bien sûr, je ne conçois pas qu'un écrivain puisse être autre chose qu'engagé .

Pour moi le coeur du travail de l'auteur est justement un travail politique.

Le rôle de l'auteur est de délivrer un message au monde.

D'ailleurs quelle place et quelle responsabilité a l'auteur actuel dans notre société?

Pour moi l'écrivain a toujours ce double rôle de divertir et d'éduquer.

Offrir du rêve et sensibiliser à des réalités parfois dures , voilà les deux jambes supportant un même marche, les deux piliers soutenant une vision plus haute de l'Humanité ( si tant est qu'elle puisse exister)

Un roman en gestation peut être?

Ca reste entre nous , mais je peux vous annoncer en exclusivité qu'il y aura un quatrième roman à paraître !

 

Vu la noirceur souvent très réaliste de tes romans , Aurélien Grall c'est plutôt ?

Un concentré de cynisme

De pessimisme ou d'optimisme malgré tout?

Je dirais qu'Aurélien Grall c'est la nuit avec au milieu une bougie allumée!


Aurélien merci de m'avoir accordé cette entrevue qui permettra à l'auteur discret que tu es de mieux faire connaître tes oeuvres et tes convictions.

Et belle continuation à toi !




















"

mercredi 9 septembre 2020

LUCIE RENARD

BLEUE COMME TOI

ROMAN FICTION

191 PAGES 

AUTOEDITION

SORTIE LE 12 SEPTEMBRE



Bleu..

Bleu, comme un peu de leur ciel quand les gorgées de fiel deviennent miel.

Bleu, comme un bout de ciel entaillé par leurs âmes intoxiquées.

Bleus, comme leurs yeux , deux gouffres suintants confusément éclairés dans le pli timoré de leurs paupières.

Bleues, comme les ecchymoses tatouées d'une  vie rêvée trop fort.

Bleu , comme le paradis illusoire de leurs volutes bleutées.

Bleue, comme une plongée inconsciente..


Oui, certaines douleurs ne pleurent qu'à l'intérieur.

Elles se tapissent dans dans l'ombre , telles des bêtes traquées , elles attendent ce moment de curiosité où condamnées..il vaut mieux y aller .

Si elles ne mentent jamais , il existe mille subterfuges pour les berner.

Parfois salutaires, elles sont aussi souvent nos suaires.

Quand la douleur rejoint l'impuissance

Que faire?

S'éblouir de lumières aveuglantes, être seule au milieu des phares,  sous des projecteurs détracteurs de bonheur .

Des démarches chaloupées sur des âmes bancales, elles ravalent , le temps d'un défilé leurs larmes, leur mal..

Belles et rebelles , borderlines, leur complicité exclusive verrouillent les possibilités.

Eprouvées avec intensité, une bulle dangereuse vient épouser une réalité muette.

Fragilité, instabilité, hostilité, rivalité et ambition démesurée viennent moire dans le miroir sans pitié de la Mode.


Bienvenus dans le monde chic , falsifié où la gloire et les vêtement viennent habiller et interpréter nos réalités.

Bienvenus sur ce podium, au dernier roman de Lucie Renard.

C'est le deuxième livre que je lis de l'auteure après "Le train qui en cachait un autre"pour lequel j'avais eu un vrai coup de coeur.

En sera t-il de même pour ce nouveau roman?

Je la remercie chaleureusement de m'avoir proposé cette lecture en avant première.


RESUME

Nous sommes en plein coeur des années 90, Tam et Emilie sont deux mannequins brillantes , deux étoiles montantes .

Elles ont l'insolence de leur vingt ans , deux solitudes remplies d'amour.

Elles défilent, elles défient les regards , elles suscitent l'envie, excitent les jalousies.

Elles se shootent à toutes ces lumières figées , braquées sur elles , à l'adrénaline de la gloire , personne ne voit alors leurs désespoirs.

Allumées, allumeuses , elle vivent pour tous ces soirs massacrés par le peu d 'espoir qu'offrent leurs brèves victoires.

Elles "grillent " leurs vies, elles se saoulent , elles aguichent..

Certains diront que sont des "garces", des filles faciles, moi je dis que derrière toute exubérance se profile une réelle souffrance.

Brisées par leurs passés qui se ressemblent , elles entretiennent une relation fusionnelle , inconditionnelle presque charnelle.

Rien ne peut les séparer ces deux là!

Elles tombent ensemble, elles se relèvent ensemble.

Si l'une a mal, l'autre pleure..

Ni l'amour ni les projets d'avenir l'une sans l'autre n'auront de places dans leurs vies

Elles se suffisent à elles mêmes, elles se comblent , elles se comprennent.

Mais aussi près soient -elles l'une de l'autre , seront -elles capables à défaut de voir ce qui les remplit, de voir ce qui les vide?


MON AVIS

Lucie Renard nous entraîne de sa plume juste et sensible dans les coulisses du monde de la mode.

Elle zoome sur les relations impitoyables et parfois violentes entre les modèles.

Elles se déchirent , se raccommodent dans la plaidoirie de leurs habits.

Un monde qu'elle dépeint de façon lucide et sans paillettes.

La mode , un mot frivole, un monde "d'emballage"qui rime souvent avec ravages , carnages.

Un thème original que l'auteur a très bien exploité.

Les aspects psychologiques sont amenés avec beaucoup d'émotion et de pudeur.

Au delà des apparences , subtilement elle nous invite à lire en filigrane .

Les risques de ce monde 

L'uniformisation d'un système de pensées, l'habit comme reconnaissance sociale, une valeur sure, un mimétisme rassurant.

L'extrême pénibilité du métier, l'isolement en toile de fond.

Les impacts psychologiques dus à la comparaison et rivalité permanentes  avec les autres.

Le monde de la mode comme révélateur et accélérateur de douleurs préexistantes.

Une doublure en armure..


LES PERSONNAGES

Les deux protagonistes Tam et Emilie sont taillés dans l'humanité et une certaine cruauté , une dualité que l'auteur a très bien su mettre en exergue et essentielle à la véracité de leurs rôles.

Les psychologies sont assez bien définies mais je les ai trouvé un peu introverties, j'aurais apprécié qu'elles se dévoilent davantage , on reste souvent en surface et certaines étapes de leurs vies auraient méritées davantage d'éclairage.

J'aurais voulu en savoir plus pour m'y attacher davantage .

Le personnage de Tam m'a beaucoup remué , par la façon dont elle protège Emilie , tout ce qu'elle taira pour ne pas l'inquiéter avec ses turpitudes.

Il y a une vraie générosité chez Tam beaucoup moins palpable chez son amie.

Emilie est plus indifférente , plus secrète, plus incernable.

Mais la fusion des deux donne naissance à une relation très atypique et intense.


L'HISTOIRE

Comme je l'ai dit précédemment , le sujet est original car peu utilisé.

Certains thèmes sont de vrais avertissements, je ne vous les divulguerais pas au risque de trop en dévoiler mais je le conseille vivement aux jeunes adultes.

L'histoire a un cheminement prenant quoique assez prévisible.

On s'immerge avec facilité dans le récit.

Un bémol toutefois

Une série de scènes répétitives suscitent un peu de lassitude dans la lecture.

J'ai tout à fait saisi l'effet voulu par l'auteur à décrier un mode de vie routinier dans sa toxicité , dans leurs exutoires , j'ai néanmoins trouvé cela rébarbatif.


LA PLUME DE L'AUTEUR

J'ai bien retrouvé la plume exquise de Lucie Renard.

Cette facilité déconcertante avec laquelle elle amène les sujets sensibles.

Toujours dans une demi retenue qui je dois dire me convient très bien car elle me permet un bel espace d'imaginaire et d'interprétation.

L'écriture est fluide, pleine de douceur comme un beau cachemire.

Elle sait adoucir les peines comme une jolie laine.

Une plume plaisir, une surfileuse généreuse qui ne porte que l'essentiel dans ce monde de haute couture


J'allais oublier toute la fabuleuse playlist du livre

Des chansons bien triées s'adaptant à tous les moments forts du livre.

Superbe idée!


PASSAGE FAVORI

Assise dans le lit Emilie avait posé la tête de son amie sur ses cuisses.

Pendant qu'elles fumaient , elle lui caressait doucement le front, les tempes.

Quelques minutes plus tard , Emilie se coucha près de Tam .

Glissant dans le lit , elle enveloppa sa frêle compagne de ses bras , embrassa ses joues trempées de larmes , son front , ses paupières , son cou.

Elle lui chuchotait des mots d'apaisement , certains dénués de sens ou de contexte, n'ayant pour seul objectif que de produire une mélodie de paroles qui berçait la jeune femme .

Combien de minutes , d'heures s'écoulèrent ainsi?

Finalement les tremblements se calmèrent , la respiration de la jeune femme ralentit et elle finit par sombrer dans un sommeil lourd et sans rêve , bientôt rejointe par une Emilie exténuée."



Je ressors de la lecture avec un pincement au coeur , la dernière page a scellé l'épilogue du chaos d'une étoile..

Une histoire à découvrir , un sujet fort dont on ne ressort pas indemne.

Je n'ai pas eu le même coup de coeur que le précédent mais ta plume est une belle référence à mes yeux.

Encore merci pour cette lecture cadeau..









PASSAGE FAVORI










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jeudi 3 septembre 2020

 INTERVIEW D'AUTEUR

SACHA STELLIE

POUR SON ROMAN

DES CHRYSANTHEMES EN ETE

SORTI LE 29 AOUT EN AUTOEDITION


De ses narrations poignantes elle donne le ton du chant profond de la fragilité et de la complexité humaines.

Sa plume va au bout de l'amour, elle pince au coeur les lignes ordonnées de nos chemins escarpés.

La dextérité et la délicatesse de ses mots s'empilent harmonieusement en couches successives de bonheurs tissés , de malheurs grandissants et d'intensité illimitée.

Je découvre Sacha Stellie il y a deux ans à travers son roman

"La Vie Rayée"

Le coup de foudre est immédiat et sans appel.

Elle est la toute première auteure autoéditée que je lis.

Je récidive l'année dernière avec son recueil de textes

"Griffures"

Puis il y a quelques jours avec la parution de son dernier roman 

"Des chrysanthèmes en été".

J'ai eu envie de lui poser quelques questions qui me chatouillaient depuis un moment déjà!

La tentation et la curiosité d'en apprendre davantage sur cette "petite fée de l'humanité"

Je la remercie pour sa gentillesse , sa sincérité et sa disponibilité malgré un emploi du temps chargé.


Une étonnante constance enveloppe ta plume , celle de la fragilité , celle de la complexité des êtres.

Thème inhérent à tout tes romans ..

Est -il plus facile pour toi d'écrire sur ce sujet parce qu'il te ressemble et qu'il est un peu "un rôle de composition" ou est il simplement un choix qui s'accompagne de recherches , de psychologies et de témoignages d'êtres inspirants?


Rien ne me passionne plus que la complexité des êtres.

Je ne suis pas de ceux qui pensent que l'essence précède l'existence , l'acquis selon moi supplante largement l'inné.

Et même si je veux bien admettre que certains naissent avec certaines dispositions , nous sommes surtout façonnés par ce que nous avons vécu.

Nous sommes nos blessures, nos failles, notre passé.

Je ne vois pas cela comme une croix à porter , ni un quelconque fardeau mais plutôt comme une chance..une richesse.

Qui est mieux armé que celui qui connait la douleur?

Qui est plus apte à profiter du soleil lorsqu'il a connu la nuit?

J'écris sur ce thème car à mes yeux nul n'est plus touchant que celui qui a su transformer ses faiblesses en force.

Mais pour cela. il faut avoir fait preuve de courage , d'humilité et d'acceptation de soi.

Je crois que mes romans racontent ces parcours...


Les relations humaines sont l'épicentre de ton nouveau roman

"Des chrysanthèmes en été"

Aujourd'hui, le contexte actuel, la crise sanitaire mettent à mal nos liens avec les autres.

Quel regard poses tu sur la relation humaine du moment?

Que faut il redouter?

Que faut il espérer?

Chacun a sa propre définition .

Malheureusement , les codes des relations humaines n'ont pas d'universalité , ce qui les rend tantôt magiques, tantôt tragiques.

Le temps , les générations , les crises , les avancées technologiques , les pandémies ...sont autant de prétextes à expliquer leur délabrement.

Mais le sujet n a t-il pas été de tout temps au centre de toutes les polémiques?

L'être humain est ainsi fait : seul au centre d'une globalité pratiquant l'oubli comme thérapie.

Aussi , je n'ai ni crainte ni espoir quant à l'étrange période que nous traversons.


Dans ton roman , sont évoqués différents thèmes qui nous concernent directement ou indirectement .

L'amitié, l'amour , les déclics de l'existence, sa fin...

Mais aussi particulièrement celui de la réminiscence , du souvenir.

Vivante, épicurienne , solaire et discrète , je devine aussi en toi ..une nostalgie exacerbée .

Quelle est la part, la place du souvenir dans ta propre vie?


Centrale.

Comme je l'ai expliqué ci-dessus , sans passé nous ne sommes rien .

Je chéris le mien , je m'y appuie , m'en drape , m' en réconforte.

Je lui pardonne aussi.

Cela fait longtemps à présent que j'ai compris que pour atteindre une paix , il faut faire de ses souffrances non pas des ennemies mais des alliées.


Plus généralement , penses tu que le souvenir soit le levier du présent ou penses tu qu'il soit "assassin"?

En fait , je pense qu'il s'agit d'un choix .

Aussi terrible qu'il soit, il peut devenir le meilleur des leviers mais il faut le décider et non le subir.

Comment t'est venue l'idée de ton roman?

Mi mars , une nuit d'insomnie comme tant d'autres...

Une divagation d'esprit , puis deux , puis trois ...puis sept.

Au petit matin, j'avais l'histoire toute entière...

Les protagonistes sont ils inspirés de faits réels?

Les protagonistes sont toujours inspirés de faits réels.

Une démarche que l'on a croisé , un rire qui nous a marqué , un sourire renversant , la tristesse d'un regard , la solitude d'une silhouette , le bonheur étincelant de deux amoureux sur un banc .

La fête du chien qui retrouve son maître sur un quai de gare...

Mes sept personnages sont un peu de tout ça..


A ton sens, écrire de la fiction permet-il de s'exprimer plus librement?

Sans aucun doute.

Elle est le berceau de tous les possibles.


Tu écris depuis longtemps...

L'écriture est-elle une façon de corriger certains"ratés" , de repositionner certains ressentis ou certains événements?

Bref, permet-elle de revivre les situations différemment?


Absolument pas!

Un jour quelqu'un m'a demandé :

"Mais pourquoi écrivez vous?"

J'écris pour deux raisons.

La première, pour assouvir le besoin puissant de créer et celui de rassasier mon imaginaire.

C'est un plaisir unique , entre euphorie et plénitude , un sentiment profond d'accomplissement .

Après chaque roman , je me sens plus forte , plus solide.

Comme" ressoudée ", réconciliée , remplie.

La seconde est plus schizophrénique ..

En écrivant , je peux tout vivre .

Des moments d'exception mais aussi des plus noirs.

J'ai la possibilité d'explorer l'immense et infinie palette des émotions , de rencontrer des êtres aussi ordinaires qu'exceptionnels , de côtoyer tous les métiers . tous les milieux...

Je peux être un homme , femme d'un autre continent , vieillard , à nouveau enfant .

Et surtout , je ris autant que je pleure..

Lorsque j'écris , j'ai la sensation de toucher la vérité du bout des doigts , je me sens ivre de vivre.


Finalement, penses tu que la vie se résume à quelques belles rencontres?

Bien sûr que non...

Mais quoi de plus précieux que ces liens aussi forts qu'inexplicables entre les êtres?

Quoi de plus intense que ces moments fous où la magie opère entre deux êtres?


Les mots sont -ils pour toi éphémères ou éternels?

Les deux.

Cela dépend de celui qui les entend/lit..

Quelle est la place selon toi de l'écrivain dans la société actuelle?


Honnêtement, je ne sais pas.

Pour certains immense , pour d'autres nulle.

Le point de vue de chacun est différent .

La société a t- elle réellement une conscience collective ou n'est ce qu'une utopie déchue?


Que nous apporte au final , la littérature?

C'est très personnel comme ressenti..

Pour ma part, elle m'envole!

J'aime les mots qui m'enseignent , qui me questionnent , m'étonnent , qui me rendent pus riche.

Mais j'aime aussi ceux qui me bouleversent , font écho , peignent la vie dans toutes ses dimensions.

Je ne saurai répondre pour les autres.

Chaque roman a un sujet apparent et un sujet plus caché?, profond..

Quel est le tien pour ton dernier roman?

Que chacun est le maître de sa vie , que l'on peut changer de route à tout moment , que l'on peut changer tout court..

Comme je suis très curieuse , j'aimerais savoir ce que l'on peut trouver sur les étagères de ta bibliothèque ?

Je ne garde que les livres que j'ai terriblement aimé et que j'ouvre régulièrement , les autres je les donne.

On trouve donc des classiques comme Prévert, Duras , Sartre , Thoreau , Beckett, Vian .

Camus , Apollinaire ou Sagan.

Mais aussi des Gavalda , Perrin , Bourdeaut, Salomé , Duncton , Jardin , Pancol  et Vargas.


Tu es membre du" Club des Indés".

Que t'apporte l'écriture collective?

Le principe du Club des Indés est l'entraide et le soutien.

On échange des conseils , des astuces , on s'offre de la visibilité..

C'est un groupe ouvert et bienveillant où chacun demeure libre.

C'st réellement une bouffée d'air dans ce monde difficile qu'est celui de l'(auto) édition.


Si tu n'étais pas Sacha Stellie..

Quel auteur aurais tu aimé être?

Anna Gavalda


As tu une devise en écriture?

Faire confiance au lecteur.

Ne pas trop en dire.

Suggérer plutôt que graver.


Des rituels inavouables?

Bien sûr que non, puisqu'ils sont inavouables..


Une anecdote d'auteur?

Je sèche...

Et ultime curiosité..

Une journée ordinaire chez Sacha Stellie?

Toutes mes journées débutent par une cession de frisbee avec ma chienne coker Margaux.

J'avale un café le nez à la fenêtre , les doigts sur les réseaux et je file travailler.

En fin de journée , j'honore une nouvelle cession de frisbee ..

Arrive ensuite le divin moment du verre d vin , signe de trêve et de retrouvailles.

La vie quotidienne et son cortège de routines et obligations se met sur pause et une autre peut alors commencer...


Merci Sacha!

Belle continuation à toi...












 

 LE GRAND MEAULNES D'ALAIN -FOURNIER "Pour la première fois , Meaulnes sentit en lui cette légère angoisse qui vous saisit à la fin...