jeudi 3 septembre 2020

 INTERVIEW D'AUTEUR

SACHA STELLIE

POUR SON ROMAN

DES CHRYSANTHEMES EN ETE

SORTI LE 29 AOUT EN AUTOEDITION


De ses narrations poignantes elle donne le ton du chant profond de la fragilité et de la complexité humaines.

Sa plume va au bout de l'amour, elle pince au coeur les lignes ordonnées de nos chemins escarpés.

La dextérité et la délicatesse de ses mots s'empilent harmonieusement en couches successives de bonheurs tissés , de malheurs grandissants et d'intensité illimitée.

Je découvre Sacha Stellie il y a deux ans à travers son roman

"La Vie Rayée"

Le coup de foudre est immédiat et sans appel.

Elle est la toute première auteure autoéditée que je lis.

Je récidive l'année dernière avec son recueil de textes

"Griffures"

Puis il y a quelques jours avec la parution de son dernier roman 

"Des chrysanthèmes en été".

J'ai eu envie de lui poser quelques questions qui me chatouillaient depuis un moment déjà!

La tentation et la curiosité d'en apprendre davantage sur cette "petite fée de l'humanité"

Je la remercie pour sa gentillesse , sa sincérité et sa disponibilité malgré un emploi du temps chargé.


Une étonnante constance enveloppe ta plume , celle de la fragilité , celle de la complexité des êtres.

Thème inhérent à tout tes romans ..

Est -il plus facile pour toi d'écrire sur ce sujet parce qu'il te ressemble et qu'il est un peu "un rôle de composition" ou est il simplement un choix qui s'accompagne de recherches , de psychologies et de témoignages d'êtres inspirants?


Rien ne me passionne plus que la complexité des êtres.

Je ne suis pas de ceux qui pensent que l'essence précède l'existence , l'acquis selon moi supplante largement l'inné.

Et même si je veux bien admettre que certains naissent avec certaines dispositions , nous sommes surtout façonnés par ce que nous avons vécu.

Nous sommes nos blessures, nos failles, notre passé.

Je ne vois pas cela comme une croix à porter , ni un quelconque fardeau mais plutôt comme une chance..une richesse.

Qui est mieux armé que celui qui connait la douleur?

Qui est plus apte à profiter du soleil lorsqu'il a connu la nuit?

J'écris sur ce thème car à mes yeux nul n'est plus touchant que celui qui a su transformer ses faiblesses en force.

Mais pour cela. il faut avoir fait preuve de courage , d'humilité et d'acceptation de soi.

Je crois que mes romans racontent ces parcours...


Les relations humaines sont l'épicentre de ton nouveau roman

"Des chrysanthèmes en été"

Aujourd'hui, le contexte actuel, la crise sanitaire mettent à mal nos liens avec les autres.

Quel regard poses tu sur la relation humaine du moment?

Que faut il redouter?

Que faut il espérer?

Chacun a sa propre définition .

Malheureusement , les codes des relations humaines n'ont pas d'universalité , ce qui les rend tantôt magiques, tantôt tragiques.

Le temps , les générations , les crises , les avancées technologiques , les pandémies ...sont autant de prétextes à expliquer leur délabrement.

Mais le sujet n a t-il pas été de tout temps au centre de toutes les polémiques?

L'être humain est ainsi fait : seul au centre d'une globalité pratiquant l'oubli comme thérapie.

Aussi , je n'ai ni crainte ni espoir quant à l'étrange période que nous traversons.


Dans ton roman , sont évoqués différents thèmes qui nous concernent directement ou indirectement .

L'amitié, l'amour , les déclics de l'existence, sa fin...

Mais aussi particulièrement celui de la réminiscence , du souvenir.

Vivante, épicurienne , solaire et discrète , je devine aussi en toi ..une nostalgie exacerbée .

Quelle est la part, la place du souvenir dans ta propre vie?


Centrale.

Comme je l'ai expliqué ci-dessus , sans passé nous ne sommes rien .

Je chéris le mien , je m'y appuie , m'en drape , m' en réconforte.

Je lui pardonne aussi.

Cela fait longtemps à présent que j'ai compris que pour atteindre une paix , il faut faire de ses souffrances non pas des ennemies mais des alliées.


Plus généralement , penses tu que le souvenir soit le levier du présent ou penses tu qu'il soit "assassin"?

En fait , je pense qu'il s'agit d'un choix .

Aussi terrible qu'il soit, il peut devenir le meilleur des leviers mais il faut le décider et non le subir.

Comment t'est venue l'idée de ton roman?

Mi mars , une nuit d'insomnie comme tant d'autres...

Une divagation d'esprit , puis deux , puis trois ...puis sept.

Au petit matin, j'avais l'histoire toute entière...

Les protagonistes sont ils inspirés de faits réels?

Les protagonistes sont toujours inspirés de faits réels.

Une démarche que l'on a croisé , un rire qui nous a marqué , un sourire renversant , la tristesse d'un regard , la solitude d'une silhouette , le bonheur étincelant de deux amoureux sur un banc .

La fête du chien qui retrouve son maître sur un quai de gare...

Mes sept personnages sont un peu de tout ça..


A ton sens, écrire de la fiction permet-il de s'exprimer plus librement?

Sans aucun doute.

Elle est le berceau de tous les possibles.


Tu écris depuis longtemps...

L'écriture est-elle une façon de corriger certains"ratés" , de repositionner certains ressentis ou certains événements?

Bref, permet-elle de revivre les situations différemment?


Absolument pas!

Un jour quelqu'un m'a demandé :

"Mais pourquoi écrivez vous?"

J'écris pour deux raisons.

La première, pour assouvir le besoin puissant de créer et celui de rassasier mon imaginaire.

C'est un plaisir unique , entre euphorie et plénitude , un sentiment profond d'accomplissement .

Après chaque roman , je me sens plus forte , plus solide.

Comme" ressoudée ", réconciliée , remplie.

La seconde est plus schizophrénique ..

En écrivant , je peux tout vivre .

Des moments d'exception mais aussi des plus noirs.

J'ai la possibilité d'explorer l'immense et infinie palette des émotions , de rencontrer des êtres aussi ordinaires qu'exceptionnels , de côtoyer tous les métiers . tous les milieux...

Je peux être un homme , femme d'un autre continent , vieillard , à nouveau enfant .

Et surtout , je ris autant que je pleure..

Lorsque j'écris , j'ai la sensation de toucher la vérité du bout des doigts , je me sens ivre de vivre.


Finalement, penses tu que la vie se résume à quelques belles rencontres?

Bien sûr que non...

Mais quoi de plus précieux que ces liens aussi forts qu'inexplicables entre les êtres?

Quoi de plus intense que ces moments fous où la magie opère entre deux êtres?


Les mots sont -ils pour toi éphémères ou éternels?

Les deux.

Cela dépend de celui qui les entend/lit..

Quelle est la place selon toi de l'écrivain dans la société actuelle?


Honnêtement, je ne sais pas.

Pour certains immense , pour d'autres nulle.

Le point de vue de chacun est différent .

La société a t- elle réellement une conscience collective ou n'est ce qu'une utopie déchue?


Que nous apporte au final , la littérature?

C'est très personnel comme ressenti..

Pour ma part, elle m'envole!

J'aime les mots qui m'enseignent , qui me questionnent , m'étonnent , qui me rendent pus riche.

Mais j'aime aussi ceux qui me bouleversent , font écho , peignent la vie dans toutes ses dimensions.

Je ne saurai répondre pour les autres.

Chaque roman a un sujet apparent et un sujet plus caché?, profond..

Quel est le tien pour ton dernier roman?

Que chacun est le maître de sa vie , que l'on peut changer de route à tout moment , que l'on peut changer tout court..

Comme je suis très curieuse , j'aimerais savoir ce que l'on peut trouver sur les étagères de ta bibliothèque ?

Je ne garde que les livres que j'ai terriblement aimé et que j'ouvre régulièrement , les autres je les donne.

On trouve donc des classiques comme Prévert, Duras , Sartre , Thoreau , Beckett, Vian .

Camus , Apollinaire ou Sagan.

Mais aussi des Gavalda , Perrin , Bourdeaut, Salomé , Duncton , Jardin , Pancol  et Vargas.


Tu es membre du" Club des Indés".

Que t'apporte l'écriture collective?

Le principe du Club des Indés est l'entraide et le soutien.

On échange des conseils , des astuces , on s'offre de la visibilité..

C'est un groupe ouvert et bienveillant où chacun demeure libre.

C'st réellement une bouffée d'air dans ce monde difficile qu'est celui de l'(auto) édition.


Si tu n'étais pas Sacha Stellie..

Quel auteur aurais tu aimé être?

Anna Gavalda


As tu une devise en écriture?

Faire confiance au lecteur.

Ne pas trop en dire.

Suggérer plutôt que graver.


Des rituels inavouables?

Bien sûr que non, puisqu'ils sont inavouables..


Une anecdote d'auteur?

Je sèche...

Et ultime curiosité..

Une journée ordinaire chez Sacha Stellie?

Toutes mes journées débutent par une cession de frisbee avec ma chienne coker Margaux.

J'avale un café le nez à la fenêtre , les doigts sur les réseaux et je file travailler.

En fin de journée , j'honore une nouvelle cession de frisbee ..

Arrive ensuite le divin moment du verre d vin , signe de trêve et de retrouvailles.

La vie quotidienne et son cortège de routines et obligations se met sur pause et une autre peut alors commencer...


Merci Sacha!

Belle continuation à toi...












 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

 LE GRAND MEAULNES D'ALAIN -FOURNIER "Pour la première fois , Meaulnes sentit en lui cette légère angoisse qui vous saisit à la fin...