dimanche 23 janvier 2022

 PATRICK MODIANO

DORA BRUDER

EDITIONS FOLIO

145 PAGES


Je viens de faire un tour au pays de Modiano..

On dirait que tout les chemins mènent à lui , dans l'obscurité d'une lune , sous la lumière pâle et froide d'un réverbère en hiver , dans les captives lueurs d'un jour de brouillard à peine pointé , dans les déroutants endroits où tout se noie de brume et de mystère . Sous les oreilles des pavés déserts ,des vieilles artères de Paris miraculeusement ressuscitées , il est là, le fantôme du souvenir..

Il est là, dans ces brumailles qui voyagent à travers une lancinante nostalgie. Dans cette dimension temporelle unique à lui où la souvenance est épidermique. La plume de Patrick Modiano est le support envoûtant d'un monde oublié où les souvenirs survivent dans cette tranquillité que seul le présent sait exacerber.  L'inachevé, ces filaments d'instants que l'on croit saisir dans l'inexistant comme pour suspendre un temps déjà prêt à s'enfuir, l'art de la fugue et de la mémoire , cet élan "proustien" , c'est toute l'inspiration "Modianesque".

Oeuvre pour laquelle il sera récompensé en 2014 par un prix Nobel de littérature.

C'est avec "Le café de la jeunesse perdue" que je découvre la plume de Patrick Modiano. Son style fugitif , cette puissance à retenir le temps , cette incessante transposition du réel et de l'imaginaire m'ont totalement fascinée..

C'est donc tout à fait naturellement que l'envie m'a reprise de poursuivre cette découverte, avec cette fois-ci "Dora Bruder" , un roman court comme toujours avec cet auteur, un récit sur le monde oublié de l'Occupation. Il faut savoir que ce récit tire davantage du documentaire grâce à la véracité des recherches effectuées par l'auteur. D'ailleurs , Modiano était frileux à l'appellation de roman pour ce récit. Un ouvrage ambigu qui relève aussi bien de la fiction , que des souvenirs personnels du narrateur et une véritable enquête.

L'HISTOIRE

"Il y a 8 ans , dans un vieux journal, Paris-Soir, qui datait du 31 décembre 1941 , je suis tombé à la page trois sur une rubrique : "D'hier à aujourd'hui ". Au bas de celle ci, j'ai lu: On recherche une jeune fille , Dora Bruder , 15 ans , visage ovale , yeux gris-marron, manteau sport gris..."

Ainsi commence l'histoire de Dora Bruder, cette jeune fille juive faisant l'objet d'un avis de recherche.

Dora a fugué pendant des mois, sans que personne ne sache ni où elle était ni ce qu'elle a fait durant ces longues et glaciales journées d'hiver. Elle emportera son secret jusqu'à la fin.

L'auteur se met alors à sa recherche , il va fouiller documents et vieilles archives , arpenter ce quartier du boulevard Ornano qu'il connait si bien ..

Une communication imaginaire où se mêle le destin de cette jeune fille , finalement déportée à Auschwitz , le souvenir de son père, ses rencontres de l'époque ..

Tout les événements fusionnent dans les couloirs engloutis de sa mémoire, une identification se fait alors..

De décembre 1988 à mars 1997 , l'auteur tentera de savoir ce qui est arrivé à cette jeune fille.

Un roman poignant et lumineux à la fois. Un hommage digne et pudique à toutes les victimes de la déportation et de la lâcheté humaine. Un itinéraire presque poétique dans ces rues de Paris où il exulte de sa plume à faire revivre les lieux, les événements et les gens. Sa tentative à réincarner cette vie avant l'horreur nous ferait presque oublier le sujet de fond, terrible pourtant. On est en perpétuelle oscillations entre le tragique et le nostalgique, une sublime confusion de sens. 

Le récit à la première personne nous offre ainsi cette proximité jubilatoire avec les ressentis de l'auteur.

Un véritable travail de sculpture des mots et des sensations sur l'oubli, la mémoire et le temps.

D'ailleurs on a même pas l'impression d'un travail tant la magie des instants racontés est naturelle ancrée en lui comme une nature profonde .

A lire sans aucun doute..

Une belle étoile pour toutes ces étoiles jaunes..

PASSAGE

"Je ressentais un malaise. Il venait de la luminosité particulière du film. Un voile semblait recouvrir toutes les images , accentuait les contrastes et parfois les effaçait d'une blancheur boréale. J' ai compris brusquement que ce film était imprégné par les regards des spectateurs de toutes sortes dont un grand nombre n'avaient pas survécu à la guerre. Ils avaient été emmenés vers l'inconnu après avoir vu ce film un samedi soir qui avait été une trêve pour eux . On oubliait , le temps d 'une séance , la guerre et les menaces du dehors . Et tous ces regards , par une sorte de processus chimique , avaient modifié la substance même de la pellicule , la lumière , la voix des comédiens. Voilà ce que j'avais ressenti en pensant à Dora Bruder , devant les images en apparences futiles de "Premier rendez-vous"









lundi 17 janvier 2022

 ISABELLE MOROT-SIR

SANS RELACHE

254 PAGES

AUTOEDITION


Chers lecteurs, parlons aujourd'hui d'amour..

Vous savez ce sentiment , ce serment du coeur , ce créateur de vie qui vous fait pleurer de joie ou hurler dans le noir! Cette certitude pour deux solitudes, le reflet ému de soi en l'autre..

Cette fragile lucidité , cette indéniable complicité, ce bouquet de sens où l'intime évidence éclate en mille légèretés devant ces corps abandonnés et ces esprits apaisés de s'être enfin trouvés. L'amour et ses tendres excès , ses pétillantes euphories, ses intimes allégresses et ses terribles tristesses.

Fatalité, destinée , passages hasardeux, parfois la vie vient s'emparer de tout..

S'accrocher aux vents contraires, lâcher prise devant cette vie qui cède, ce pouls qui file , les tourments et les drames qui s'agrippent comme le lierre grimpant sur un présent dégringolant.

Le coeur ouvert à terre, à l'envers que faut-il faire? Comment oublier, comment épurer la douleur?

Au seuil de cette nouvelle année, j'avais très envie de lire une romance, une fois n'étant pas coutume..

Envie de rose, d'anodin, de sublimes mécaniques du coeur mais pas trop guimauve! Instinctivement, je me suis tournée vers Isabelle Morot-Sir reine autoéditée du genre! Je suis tombée sur cette magnifique couverture un peu rétro en noir et blanc; j'étais presque conquise puis après lecture du résumé, j'étais totalement séduite . J'avais presque l'histoire en tête et à mon immense surprise elle n'avait absolument rien à voir avec le tour que m'avait joué mon imaginaire. 

J'ai donc découvert une romance loin des clichés, désarmante, que j'ai lu sans relâche en une poignée d'heures. 

C'est le troisième opus que je découvre de l'auteur après "Un ange dans ma vie" avis en demi-teinte et "Trente-sept" véritable coup de coeur.

L'HISTOIRE

Elle s'appelle Eléora, elle a dépassé la vingtaine depuis quelques années mais la vie lui a déjà annoncé la couleur, alors pas la couleur parme qui illumine certaines mèches de sa chevelure malheureusement..

Après un "coup de la vie", elle tente de se reconstruire calmement , elle s'accroche à ses uniques  passions: la lecture et son blog littéraire à l'histoire bien particulière. Une existence linéaire, prévisible, nul part où planer!

Les jours se suivent et se ressemblent pour Eléora jusqu'au jour où une rencontre sur la toile va bouleverser son destin..

Eléora , qu'il ne faut pas trop secouer car elle est pleine de larmes, pétrie de souffrances va devoir réapprendre à vivre , à aimer, à se défier ..puisque seul l'amour permet de rester vivant..


Une romance actuelle signée d'une plume sensible et aux plus près des émotions humaines.

Des sujets profonds , que sciemment je ne vous dévoilerais pas!

Beaucoup de lucidité psychologique dans ce roman , un état d'amour commotionnant , fusionnel modelé de la plume finement poignante et émouvante de l'auteur.

Deux protagonistes qui vont alors vivre leurs plus belles années mais aussi les plus cruelles avec toujours en toile de fond cette incorrigible espérance. 

Des coeurs à vif , des instants qui convoquent dans leurs brutalité le plus beau et le pire..

Comme un fleuve en crue , comme le feu sous la glace , on est submergé par cette belle histoire d'amour aux mille retours, en équilibre dans les sublimes finitions de ces moments de vie .

Je me disais que rien n'est plus puissant que nos fragilités..

PASSAGE

"Le voir, le toucher , humer l'odeur de sa peau , tout n'était que souffrance et délice , souffrance délicieuse . Elle ne pensait plus , elle n'était plus qu'un puit à vif d'émotions. Elle n'avait même pas besoin de lui demander ce qu'i éprouvait , leurs regards fusionnés avouaient un volcan de lave incandescente , de sentiments brûlants que rien ne pourrait éteindre."

"Un geste , un regard suffisait , non pas à la faire frémir mais à lui fouailler le coeur jusqu'au plus profond de son âme. Jamais elle n'avait connu une telle douleur, une telle intensité.."
















mardi 11 janvier 2022

 INTERVIEW D'AUTEUR

MIRELLE HDB

CONQUERANTE DE L'IMAGINAIRE

AUTRICE AUTOEDITEE


Bonjour Mirelle, merci infiniment de m'offrir un peu de ton précieux temps afin de répondre à quelques-unes de mes curiosités qui permettront à tes lecteurs de mieux te connaître et aux autres de te découvrir.

Pour commencer, je te laisse te présenter en quelques lignes dans les mots qui te conviendront.

J'ai passé mes vingt premières années en Suisse. La nature , magnifique . Le chocolat si bon ,le gruyère fabuleux (qui n'a pas de trous ! Que l'on soit bien clair je n'ai aucun humour là dessus ! C'est l'emmental qui a des trous!!!)

Ce pays m'a beaucoup donné , une famille , des amis , des joies , des peines et mes premiers chagrins d'amour , mais aussi le sens du travail bien fait , une certaine intégrité , un sens civique très prononcé ..et la ponctualité bien sûr!

Avant l'écriture , il y eut "l'appel du théâtre" et c'est ainsi que de 1989 à 1992 tu foules les planches du brillant et célèbre cours Florent.

Un vecteur d'expression, l'initiation à la scène , cette folle possibilité de revêtir pléthore de personnages , un défi à une certaine introversion..

De quelle manière s'est manifestée ce désir de jouer la comédie?

Par le désir de m'exprimer librement , de sortir de ma timidité maladive , mais aussi de l'éducation trop stricte de mon père et de son impossibilité à faire des compliments. Tout cela m'a donné le besoin de reconnaissance et qui m'a attiré vers cette voie.

J' ai commencé tôt vers 13 ans , par une pièce à l'école puis j'ai fait partie d'une troupe amateure jusqu'à mon départ pour Paris afin de suivre le cours Florent.

C'est aujourd'hui et avec ce questionnaire que je me rends compte que les étoiles , objet et symbole m'ont toujours fascinée et inspirée. Toute petite j'ai voulu "être une star" je souhaitais recevoir un Oscar. Maintes fois , devant ma glace , je prononçais des discours de remerciement.

Quels en ont été les leçons et apprentissages?

Le saut dans le vide , lorsqu'on se retrouve pur la première fois sur une scène devant plus de 500 personnes , est vertigineux et absolument " guérissant" . C'est un pic d'adrénaline que certains comparent à une drogue qui provoque un shoot d'endorphines pour un bien être absolu. J' ai appris à travailler en collectif , l'humilité ,le travail bien fait ( sur scène , si on oublie son texte , on doit gérer l'instant présent, sans filet), l'échange et le partage avec une troupe de personnes d'horizons et d'âges différents , le respect d'un texte et du public. Et surtout, affronter sa peur de l'autre , oublier le jugement pour simplement  jouer un personnage autre que soi.

Tu voyages par la suite aux Etats Unis , pour voir plus grand.

Chicago, New York, Atlanta, qu'espérait tu trouver sur ce nouveau continent?

La liberté d'être "absolument moi- même" sans jugements préconçus de mon entourage qui avait tendance à me mettre dans "une case" et ne plus vouloir que j'en sorte . Et je n'ai pas été déçue , cela a été parmi les années les plus heureuses de ma vie . J' ai découvert une soif d'aventures et de voyages qui ne m'a plus quittée.

Et puis vint le temps de l'écriture..

Le goût de l'écriture a commencé avant celui du théâtre. Très jeune , j'écrivais des poèmes , des histoires courtes que je n'arrivais pas à finir et j'ai toujours tenu mon journal "perso" come dirait Lux ( personnage dans Lovely Planet et Love(ly) story). Je pense qu'inconsciemment cela m'a aidé à canaliser mon imagination débordante qui parfois prenait le pied sur la réalité , surtout à l'école!

Ton premier roman paraît en 2013 , si je ne me trompe pas , "Lovely Planet" , s'en suivront "Love(ly) story , "Perceptions" un recueil de textes poétiques , "Prends soin des étoiles" , "Vanille-Bleue" et fin d'année 2021, "Loin du bruit du monde" autre recueil de textes et photos.

Sans oublier les mémorables "Chroniques confites" en 2020 , les états d'âme d'une confinée.

Je me pencherais davantage sur tes recueils poétiques puisque ce sont que j'ai eu le plaisir de lire.

Tu as une sensibilité poétique moderne e engagée , tes textes respirent la contemplation et la sérénité. Penses-tu encore que la poésie puisse faire réagir le monde?

Je l'espère sincèrement. La poésie se retrouve aussi dans ses formes les plus modernes: le slam , le rap certains textes sont puissants et politiquement engagés. Je crois qu'un auteur a son mot à dire sur la société . Il , elle vit , respire, aime , déteste , danse , mange et digère cette même société. On peut prendre position sous des formes différentes : moi par exemple , j'aime bien faire parler les objets et montrer d'autres perceptions.

J'ai écris une nouvelle sur le point de vue d'une montre connectée . Cette montre est témoin d'un féminicide . C'est une façon pour moi de parler de sujets qui me touchent.

La poésie en général vieillit remarquablement bien lorsqu'elle est bien écrite , relire un poème d'Emily Dickinson ou du Comte de Lautréamont sont des moments d'une intensité quasi mystique.

Pour survivre, pour servir , pour refuser la fatalité , quel est selon toi le message de la poésie?

Pour exprimer ses angoisses.. Il y a tellement de choses à dire sur la société , le monde qui nous entoure , ne serait-ce que la question écologique qui m'angoisse beaucoup. Ou pour parler de la beauté du monde qui est un éternel enchantement.

Le style poétique est un langage distinct , crois-tu qu'au fil du temps et des époques , il émane de lui une signification différente ?

Je pense que les meilleurs poèmes sont ceux qui collent à leur époque , qui parlent des sujets importants , mais finalement se sont toujours les mêmes, l'amour, la place que l'on peut avoir dans la société , les doutes, les angoisses . La poésie finalement n'est qu'une forme comme une autre, il ne s'agit que d'expression.

Tu as une belle prédisposition à saisir les lieux, les choses ,les instants..

Est-ce inné chez toi ou la résultante d'un cheminement de vie , d'un parcours initiatique?

C'est inné , car je suis une éponge qui absorbe beaucoup d'énergie et de sensations autour de moi , mais j'ai dû apprendre à canaliser ce trop plein pour que cela ne m'envahisse pas trop. Il n'y a pas si longtemps , j'ai découvert un mot qui me caractérise bien : l'hypersensibilité. Enfant , on me disait que j'étais trop sensible , "trop dans les nuages" , que ce n'était pas normal , qu'il fallait que je m'adapte etc.. Grâce à des lectures , de belles rencontres ( notamment une chamane aux Etats Unis) des voyages et un cheminement spirituel , j'arrive un peu , avec l'écriture , à "essorer l'éponge"

Penses-tu que la poésie soit un surplus de mémoire?

Honnêtement je ne sais que répondre à cette question.

As-tu des rituels d'écriture absolument nécessaires?

Non, je peux écrire partout ( il est vrai que j'aime bien écrire dans les trains) sur tout les supports , mais j'ai besoin de commencer une histoire avec un stylo et u carnet. L'acte d'écrire est pour moi vital car il est le prolongement de mon imaginaire.

PS: en relisant ma réponse, je réalise que j'aime bien ranger mon bureau avant de commencer une nouvelle histoire , faire place nette en quelque sorte..

Quand on travaille avec les mots et pour les mots , certains peuvent devenir les mots-clés de nos vies..

Quels seraient les tiens et pourquoi?

Hypersensibilité, contemplation , cela me résume bien. Je suis très contemplative car timide et réservée mais qui grâce au théâtre a pu sortir de ma coquille pour aller vers les autres.

Tu te dis " Conquérante de l'imaginaire"..

C'est une phrase de mon oncle qui est l'un de mes lecteurs les pus fidèles . Il a écrit un jour cette phrase en pensant à mon écriture et j'avoue qu'elle me plaît bien..

Y a t-il selon toi des gens sans imagination , penses -tu vraiment que l'imagination soit une conquête?

Selon moi, tout le monde a de l'imagination ,malheureusement beaucoup ne lui laisse pas la place d'exister . Le monde moderne , hyperconnecté , hyperactif n'aide pas l'oisiveté , l'ennui et c'est lorsque l'on accepte de s'ennuyer que l'imagination sort de sa tanière. C'est une conquête dans le sens qu'il faut la canaliser et en faire quelque chose , peu importe le domaine : jardinage, cuisine, musique, artisanat etc..

Un autre engagement et non des moindres dans tes écrits , la cause planétaire.

Au quotidien , que fais tu concrètement pour la planète?

Es- tu active dans ce domaine, par le biais d'associations ou autres?

Au quotidien , j'essaie de faire le maximum. Récemment j'ai déménagé et j'ai la chance d'avoir un jardin . Les deux premiers ont été assez pénibles à cause d'une énorme fuite d'eau , nous étions obligés de la couper pour ne pas la gaspiller . Là , j'ai vraiment pu voir à quel point on peut gaspiller tous les jours, en laissant couler les robinets en se lavant les dents ou les mains . Dorénavant je la garde pour la chasse d'eau. Je ne jette plus rien , je récupère tout ou presque , j'échange, je transforme, je donne ( les ressourceries, Emaus etc) . Je ne change pas de smartphone ni d'ordinateur tous les ans . Je préfère mettre un pull que de surchauffer la maison . Les mouchoirs , le sopalin sont en tissu recyclé ( j'i de la chance ma soeur s'est recyclée dans la couture) 

J'évite au maximum de prendre la voiture , l'avion et préfère le vélo, la marche lorsque cela est possible . J'envisage de mettre des panneaux solaires sur le toit de la maison. Les produits d'entretien sont maison ( lessive par exemple) ainsi que les produits cosmétiques : dentifrice , déodorant . Je n'achète que le nécessaire , je n'ai même plus envie de superflu.  Je ne mange quasi plus de viande et très peu de poisson . Je mange le plus possible en vrac , local et de saison. Je n'achète presque plus de produits transformés , je préfère le faire moi-même ainsi je sais ce qu'il y a dedans.  

Lorsque je vais marcher , j'ai toujours un sac en tissu pour ramasser les déchets ( beaucoup trop nombreux encore dans la nature). J'essaye tous les jours de faire le plus possible. Bon, je ne suis pas parfaite non plus , si demain on me propose un tour du monde pour écrire la biographie d'une grande voyageuse , je le ferai!

Alors, il est vrai que lorsque je lis un article sur des compagnies d'aviation qui volent "à vide" pour ne pas perdre leurs créneaux , je deviens Hulk!

Des questions plus légères..

Si tu étais un auteur célèbre, qui serais-tu?

Un mélange de Nicolas Bouvier et d'Anne Gavalda.

Si tu étais un poème?

"Avant, je pensais

Que les livres faisaient come ça:

Un poète arrivait

Desserait légèrement les lèvres et de suite le benêt se mettait à chanter .

Et ça y était!

En fait, avant que le chant vous vienne , il faut longtemps déambuler , couvrir ses pieds d'ampoules .

En allées et venues, tandis que dans la vase du coeur , doucement barbote 

La sotte sardine de l'imagination 

Pendant qu'on fait bouillir , en grinçant de la rime, une sorte de brouet d'amours et de rossignols

La rue se tord , privée de langue 

Elle n'a rien pour crier ni parler

Vladimir Maiakovski

Si tu étais un personnage de roman?

Sans hésiter "Jo" dans "Les quatre filles du Docteur March"

Une journée type chez Mirelle?

Je n'ai pas vraiment de journée type, cela dépend si je travaille ( alimentaire) ou pas. Mais j'essaye d'écrire un peu tous les jours , de marcher , de jardiner et de lire aussi. Après, je suis très influencée par le soleil , c'est à dire que l'été je me lève très tôt pour écrire vers 5h alors que l'hiver j'ai plus de peine à me lever avant 8h.

Ton moment favori de la journée?

Regarder les étoiles avant de faire des rêves très inspirants ou me lever le matin et contempler le ciel.

Joues-tu d'un instrument de musique?

J'ai pratiqué la guitare pendant 3ans , je n'ai pas continué.

Es-tu une âme solitaire?

Absolument, j'ai besoin de solitude pour écrire , pour être loin du bruit du monde qui est parfois trop agité , violent , futile pour moi. Je suis telle une éponge d'émotions que j'ai souvent besoin de me retirer pour pouvoir gérer.

Quel genre de romans rêverait-tu d'écrire?

Un roman qui fait du bien aux gens , un roman qui ne s'oublie pas une fois l'avoir lu , qui laisse une empreinte.

Et pourquoi pas un best -seller!

As tu déjà songé à écrire tout à fait autre chose?

J'ai envie d'écrire un thriller , j'ai d'ailleurs plusieurs idées en tête . Mais aussi une dystopie ( que j'ai écrite en scénario pendant ma formation de scénariste et que j'ai envie de retravailler en roman)

Ton rapport à l'autoédition, aux autres auteurs?

C'est grâce à la rencontre d'auteurs vraiment adorables que je me suis lancée dans l'autoédition . Lovely Planète avait trouvé sa maison d'édition "Emue" mais malheureusement elle a fermé en 2015.

Pour le second je me suis donc tournée vers l'autoédition. J'ai rencontré la très généreuse Fateah Issaad sur un marché de l'autoédition qu'elle organise à Maisons-Alfort , j'y ai croisé plein d'auteurs , d'univers différents et pour la majorité d'entre eux , ouverts, accueillants et bienveillants , pour n'en citer que deux Sacha Stellie et Nina Frey.

J'ai rencontré aussi la fabuleuse blogueuse Aurélie qui m'a fait découvrir Olivier Norek dont je suis fan., puis Nora fidèle lectrice. J'ai été accueillie quelques années plus tard par le Club des Indés , j'ai beaucoup appris avec eux. Des techniques pour mieux vendre sur les réseaux , beaucoup d'entre aide et en  plus nous écrivons des recueils collectifs de nouvelles. C'est le cerise sur le gâteau!

Envisages-tu de changer un jour ce mode d'édition pour des maisons d'éditions?

Oui?, mon prochain , une histoire d'amour , je vais l'envoyer dans quelques maisons d'éditions.

Et enfin, quels sont tes projets artistiques pour l'année à venir?

Finir cette romance, que j'ai commencé il y a deux ans ( bon j'ai quelques problèmes de sante qui m'empêchent d'être assidue ) . Je vais aussi participer à plus de concours littéraires et j'aimerais écrire des biographies pour des gens réels. J'en fais déjà pour chacun de mes personnages ( technique que j'ai apprise lors de ma formation de scénariste en 2010 à Québec) , rencontrer des gens réels pour écrire leur histoire me plairait bien..

Merci Evelyne pour l'intérêt que tu portes à mes romans et à moi-même.

Merci Mirelle pour cette magnifique authenticité et cette pétillante sensibilité qui nous enchante dans tes romans.









dimanche 9 janvier 2022

 ANNE BRONTË

AGNES GREY

EDITION ARCHIPOCHE

275 PAGES


"Je pus entendre la douce chanson de la joyeuse alouette , alors ma misanthropie commença à se fondre à l'air pur et sous les rayons doux et bienfaisants du soleil, mais de tristes pensées de ma première enfance , des aspirations à des joies passées , ou vers une future destinée meilleure , s'élevèrent."

Certains êtres , parleurs vertus et leur obstination du bien sont presque semblables aux anges.

Pureté infatigable, l'éclat infini de ce qui perdure est dans l'écrin de leurs âmes.

Lumineuses offrandes au monde que ces yeux où chaque seconde nos vides viennent fleurir, acquérir.

Désarmante simplicité, fervente piété , joies menues et fervente mélancolie claudiquent dans la longueur des jours sans aucun attrait. Ces journées qui s'égrènent dans l'écoute profonde d'un silence presque monacal. Ces heures qui ont comme seul bonheur, un temps de printemps, un parc verdoyant, le chant d'un oiseau ou un brouillard se dissipant..

Très heureuse , je suis de vous parler aujourd'hui du premier roman d'Anne Bronte, Agnès Grey publié en 1847 sous le pseudonyme d'Acton Bell. Il parut en France pour la première fois en 1859. Elle écrira par la suite un second roman, "La recluse de Wildfell" inspiré par la déchéance de son frère Branwell.

Anne est un peu la soeur de l'ombre devant ses illustres soeurs Charlotte et Emily

J'ai découvert "Jane Eyre " de Charlotte Bronte alors que je n'avais que quatorze ans, ce livre a scellé à jamais mon amour pour la littérature en général et britannique en particulier. J'ai ensuite lu "Les Hauts de Hurlevent" de sa soeur Emily. Mais abstraction faite de quelques poèmes, je n'avais rien lu encore d'Anne..

Je remarque avec émerveillement que leurs plumes caressent les mêmes âmes à tel point qu'on pourrait les confondre..

Le style ciselé, poétique , raffiné emprunte presque des histoires identiques , bien sûr, des thèmes adéquats à l'époque victorienne., la condition féminine et les amours contrariés.

Ce qui absolument merveilleux chez ces trois soeurs , c'est que de leurs existences recluses et inachevées elles ont fait vibrer les plus belles âmes, elles ont de leur plumes, éveillé l'essence du coeur humain. 

Epreuves, douleurs, espoirs et simpes joies sont les entrelacs de leurs courtes et fragiles existences.

Mais revenons-en à l'histoire..


Agnès Grey est une jeune fille qui grandit dans une famille aimante, d'un père pasteur qui finira ruiné et d'une mère qui a renoncé à sa fortune par amour pour son simple mari..

Très jeune, déjà soucieuse de son indépendance financière , elle s'engage comme gouvernante chez la famille Bloomfield où elle est chargée de l'éducation de trois bambins infernaux avec lesquels elle échouera faute de soutien ..

Un an après, c'est la désillusion et Agnès retourne honteuse dans la maison familiale. Loin d'être découragée pourtant,  elle retente sa chance à Horton Lodge , Elle s'occupera alors de deux jeunes filles , rebelles et insolentes. Agnès fait de son mieux et à chaque jour suffit sa peine..

Jusqu'à l'arrivée du nouveau pasteur , Mr Weston..

Le reste, l'histoire vous le dira..


Agnès Grey est un roman aux nuances un peu autobiographiques inspiré par la propre expérience de gouvernante d'Anne Bronte

Un roman où l'héroine se confie , raconte ses journées, ses déboires, ses chagrins et ses victoires.

Elle dépeint avec réalisme la condition des gouvernantes et le manque d'éducation des enfants de riches à l'époque. Un récit plein de pudeur, de belles valeurs mais aussi quelques élans de colère , du sentiment émergeant et déstabilisant , un rien d'humour viennent contenir cette pauvre vie.. pas si pauvre finalement...

"Oh cela me met en fureur !

Penser que je pourrais être assez folle pour aimer!

Une telle chose est tout à fait au -dessous de la dignité d'une femme. 

L'amour, je déteste ce mot!"





 




lundi 3 janvier 2022

 CHRISOPHE MARTINOLLI

LES AILES DE L'AUBE

ROMAN INITIATIQUE

121 PAGES

AUTOEDITION


"Si vous souhaitez voyager vite et loin , il vous faut voyager léger, Oubliez toutes vos envies, vos jalousies vôtre rancoeur, votre égoisme et vos peurs."

Cesare Pavese

Notre vie est un ballet constant de voyages , des quêtes d'ailleurs ou les quêtes immobiles et sacrées des contours mystérieux de nous-mêmes. Des instants uniques, parfois magiques et éblouissants où l'on dénoue doucement et subtilement les fils tragiques de nos événements proches et lointains.

Des heures , des minutes , des secondes qui offrent à l'âme sa délivrance, sa plus noble aisance. Faire fi de l'orgueil , des ressentiments molestant nos énergies d'amour. Paumes tendues vers ce ciel nouveau , accorder au coeur ses ultimes faveurs. Côtoyer sa providence , donner un sens à ses silences .

A chaque détour , sur ce chemin, en unique destination , éparpiller la bonté et la compassion.

Telle est la sublime sphère céleste de l'ultime voyage.

Acceptons le mot secours du pardon . De nos coeurs "stone" , chérissons l'aumône des plus belles intentions. Communions à l'unisson nos plus beaux trésors: nos résiliences.

Chers lecteurs, je vous présente aujourd'hui, l'histoire d'un très beau voyage initiatique.

"Sur les ailes de l'aube" est le premier roman de Christophe Martinolli que je découvre.

Un roman court et intense où la vie relaie ses instants dans une dimension perdue et oubliée.

La vie dans ses insaisissables interprétations..

Christophe Martinolli est un auteur de science -fiction , fantastique et anticipation, il est aussi auteur de bandes dessinées et scénariste.

Dans sa bibliographie :

-Corps d'Etat, la trilogie

-Après l'effondrement, la trilogie

Il fût également lauréat 2020 du Prix Imaginaire avec "Ls petits mots des libraires"

Il revient ici , avec un roman très différent de son genre de prédilection.

Séduite par le titre et le synopsis ce petit roman a enchanté ma fin d'année ..

L'HISTOIRE

Daphné Grangé est une violoniste de talent, l'instrument de la pensée humaine..

Sur son archet, s'affolent les notes légères et douloureuses d'un passé qu'elle voudrait oublier..

Tout résonne en elle, les instants fugitifs et la réalité prise au piège.

Lors d'un voyage pour un concert à Québec, sur les routes blanches et enneigées presque irréelles , elle embarque une bien étrange auto-stoppeuse..

Le temps n'a alors plus d'emprise , les souvenirs s'enchevêtrent au présent , d'étranges événements vont alors la conduire là où elle n'aurait jamais pensé aller, un ailleurs où tout est meilleur..

La main cachée de la destinée..


Un roman initiatique, presque mystique où tout est apaisement et réconciliation.

Au seuil de l'existence, qui sommes nous finalement?

Notre vérité se manifeste t-elle que dans ces instants ultimes?

Un style sans fioritures mais puissant dans la transmission des émotions.

Une ode à la vie, à l'au delà , à la continuité et à l'infini de nos âmes.

Une lecture dominée par le symbole à la croisée des chemins.

C'est profond, reposant, un moment à l'ombre des turpitudes de nos existences

Un revers poétique et musical vient envelopper ce roman d'une magnifique aura.

Pour un genre différent, ce fût réussi..

Et ô combien , ce n'est pas évident pour un auteur ce genre d'audace!

Un récit lumineux qui vous donnera des ailes..

PASSAGE

"La vieille femme sourit, l'observa un instant s'endormir. Elle l'attendait depuis si longtemps .

Elle savait que son voyage sur cette terre avait été éprouvant. Mais il le fallait . Elle devait ressentir au fond d'elle même la violence du monde , pour pouvoir comprendre , accueillir et soulager celle des autres. L'ascension était en cours et poursuivait son chemin."








 LE GRAND MEAULNES D'ALAIN -FOURNIER "Pour la première fois , Meaulnes sentit en lui cette légère angoisse qui vous saisit à la fin...