mercredi 20 septembre 2023

 ALEXANDRE PAGE

LES GRUES BLANCHES

ROMAN HISTORIQUE

338 PAGES

AUTOEDITION



J'ai toujours particulièrement aimé les récits de guerre , puissants et fascinants , ils sont les relais éternels de l'histoire. L'écriture en tour de survie, la mémoire des mots qui conservera à jamais les stigmates et l'effroyable vécu d'un temps où parfois un sursaut de vie , un espoir , un égarement poétique , une rage de vivre qui ne déserte jamais viennent alors chambouler toutes les horreurs. Sensations contradictoires  de fascination et d' aversion que l'on retrouve étrangement dans tous les récits de guerre. Pouvoir écrire sur la guerre est certainement une vraie virtuosité pour un auteur. Une inspiration primaire , un besoin vital de raconter souvent même sans l'avoir vécu. Une sorte d'engagement et de combat intérieur . Chaque écrivain arbore le sujet de manière différente , au plus vif de son émotion , pointant l'absurdité , une réalité éphémère , une réflexion de vie. La littérature élargit notre compréhension de l'histoire, C'est pour cela que réelles ou fictives  j'aime ces histoires. 

Aujourd'hui je vous parle du dernier roman d'Alexandre Page qui vous l'avez compris est un récit de guerre. Un récit de guerre tout à fait inconnu me concernant et que j'ai découvert grâce à l'auteur. 

L'occupation nazie en Crimée et plus précisément à Simferopol sa capitale martyre de la Seconde Guerre mondiale qui fut un haut lieu de la résistance soviétique. 

Alexandre Page nous offre encore une fois un sujet intéressant et original. 

Je vous raconte l'histoire et je vous en parle.

Nous sommes en novembre 1941, l'hiver russe avec son froid pénétrant , son ciel blanc et la pureté des premiers flocons . Pureté bientôt entachée par la barbarie et l'ignorance dont seul l'homme est capable. 

Les nazis arrivent à Simperopol et ils n'en partiront vaincus que 900 jours plus tard. 

Félia Boîno est un jeune homme imbibé de patriotisme qui vit presque paisiblement avec son frère Kazia avec qui c'est un peu le jour et la nuit. L'invasion nazie les obligera à cohabiter avec l'ennemi qui s'est gracieusement installé chez eux. Puis un jour, une rencontre va alors donner vie aux desseins profonds de Félia. Il s'engage dans la résistance , de distribution de tracts en opérations de sabotage , son engagement grandissant va alors rencontrer pléthore d' épreuves. Parviendra t-il à survivre à la traitrise , aux conditions de vie excessivement dures , à la perte d'êtres chers, au régime violent du nazisme. 

Une lecture mémorable même si j'ai trouvé le début un peu redondant , j'ai eu un peu de mal à me projeter immédiatement au coeur de l'histoire. J'ai été par la suite captivée par 

 les nombreux rebondissements. Un récit comme à l'accoutumée très documenté et travaillé avec justesse. 

Une écriture au style classique  et riche. Une imagination



frappante dans les récits. On est transporté dans les temps forts de l'Histoire de la Seconde Guerre mondiale. Une plume très descriptive pleine de détails visuels , sensoriels . De belles expressions , des belles tournures de phrases et surtout encore et toujours cette empreinte colorée et poétique propre à l'auteur et qui vient faire chavirer toute l'ambiance du roman. 

Vous trouverez aussi de très belles illustrations en fin de livre. Il faut savoir que si le protagoniste Félia est fictif tous les autres personnages du livre ont réellement existé . Romancé mais pas seulement. 

Pour le titre, je vous laisse le bonheur de découvrir toute sa teneur en poésie. 

Je remercie l'auteur pour la découverte de ce pan bouleversant de l'histoire.

Il y a indéniablement du talent chez Alexandre Page.










jeudi 17 août 2023

 CLAUDIE GALLAY

SEULE VENISE

EDITIONS BABEL

304 PAGES


Tanguer sur un vaporetto, rythmer son chagrin le long de cette cité lacustre, s'évaporer lentement dans l'eau claire des canaux devant l'horizon incertain , se cogner dans les rues désertes dans le silence divin de toutes ses églises. Oublier son histoire , les yeux rallumés devant le vert émeraude des portes et des volets , le rouge terre et le jaune éclatant des façades. Se laisser déborder par l'acqua alta, simplement vouloir se perdre dans Venise la Sérénissime. La ville des amours, la ville des abandons. 

Encore une fois, je suis restée là, dans le mélange inexprimable d'une fervente  mélancolie et d'un espoir en forme de poussée d'existence. Je suis décidemment amoureuse de cette écriture, de ces histoires aux intrigues simples presque minimalistes mais qui dans leur fluide ordinaire suspendent des vies de désenchantement en frénésie de vivre encore. Une puissance ivre et envahissante imprègne chaque ligne. Retrouver absolument le vertige de ce qui n'existe plus. Faire une émouvante révérence à ce silence qui en dit trop long et qui ne cherche plus à se taire. 

J'ai lu il y quelques temps "Les Déferlantes" de Claudie Gallay, roman coup de foudre , coup de foudre pour ce style elliptique , ces phrases courtes et incisives et tout cette mystérieuse ambiance qui habille chacun de ses romans. J'ai ainsi retrouvé cette griffe littéraire dans "seule Venise. Toujours et encore une héroine  sans nom, dont on sait très peu de choses finalement, et qu'il faut deviner et façonner.


Elle, elle a quarante ans , elle vient de se faire quitter par son compagnon. Paumée, en détresse, elle décide de s'exiler à Venise. Venise en hiver, comme son coeur. Parfaite osmose. Elle va loger dans la petite pension de Luiggi., propriétaire maniaque et reclus. Mais elle n'est pas seule, il y aussi ce prince russe déchu qui vit là depuis des années, il y a Maria la belle ballerine et son compagnon légèrement possessif. Puis il y a "lui" le libraire archiviste , amoureux des mots qui va dans chacune de ses phrases chacun de ses gestes ranimer quelque chose de brûlant en elle.. 

Un huis-clos de silences à apprivoiser à la merci du temps, ne plus garder sa vie soigneusement rangée mais comprendre qu'i y a des regards et des secrets qui guérissent à condition de vivre l'aventure merveilleuse de l'autre. Puis cessez de parler et sans à peine se retourner , reprendre miraculeusement le chemin de sa vie. 







dimanche 23 juillet 2023

 SACHA STELLIE 

LE CHOIX DES TRICHEURS

808 PAGES

AUTOEDITION


Il a fallu un peu plus d'une page pour te rencontrer et un peu plus de huit-cent pages pour te trouver, te perdre, te retrouver. T'aimer puis te le dire, te maudire sans jamais pouvoir te le dire. Des années bancales mais jamais banales à espérer que tu te décides enfin. Deux décennies à abuser de nos possibilités. A faire crier les résistances, à ne rien prendre au sérieux. Vingt-ans que tu dégoulines dans mes veines violemment , que tu pénètres chacun de mes frissons , que tu envahis chaque minute qui passe , que la roue du temps nous accroche sans jamais nous lâcher. Que faudrait-il comprendre? Nos escapades, mes attentions, tes hésitations, mes envies toujours débordantes. Nos respirations, nos apnées presque définitives, nos unions foirées , nos terribles corps à corps. Nos faux accords, , nos façons de nager trop près du bord. Nos envies d'encore et les jours où on voudrait être morts. Vingt-ans à esquiver, à tricher . Il parait qu'il n'existe que deux façons de gagner la partie: jouer coeur ou tricher. Alors même si ce jour -là , j'ai les entrailles retournées, même si les fantômes du passé reviennent me hanter , même si je n'arrive pas arrêter ce coeur qui bat trop vite, trop fort, j'accepte cet ultime rendez-vous "Arcachon, ponton numéro 6 , traque G , demain soir." La dernière escale avant tout ou rien.

C'est toujours pareil avec Sacha Stellie, on croit toujours tout savoir sur l'amour et puis la voilà qui arrive un peu comme Rimbaud avec de l'amour à réinventer. Et je m'y suis cru moi, en Nova, dans les bourrasques de sa vie , dans la fragilité de son enfance ,dans cet amour qui ne demande rien mais qui offre tout. Toutes les nuances de Nova sur le canevas de la vie et de l'amour. 

Mais quelle est donc cette histoire?

Nova est une jeune femme entière et passionnée , équilibrée et ravagée , simple et complexe enfin tout et son contraire. "Elle ne vit que pour cela, connaître de grandes choses, des envolées , des sauts de l'ange , des excès de fièvre." Un jour elle rencontre Antoine, sa lumière vivante , son soleil de nuit , le feu follet de son âme. L'orage obscur parfois.. 

"Leurs routes ne cesseront de se croiser sans jamais se rejoindre ." Un voyage turbulent à travers la vie et la connaissance de soi. Il faut parfois toute une existence pour comprendre qui on est et où on va. 

Pourquoi un jour tout est évident comme ça sans raison. Pourquoi a t- il fallu tant de temps alors que le bonheur était là à porter de main et de coeur. Allez savoir!

Ce premier roman de l'auteure était le seul que je n'avais pas encore lu. Sacha Stellie est pour moi un refuge littéraire , ses romans sont des lieux où j'ai besoin de revenir. Là tout près des choses de la vie , des complexités humaines . Sa plume est authentique, à vif, sans filtres. J'ai toujours l'impression que ses personnages lui ressemblent. Tout est travaillé à l'instinct chez Sacha. et c'est pour ça que je l'aime tant...


"Au passé douloureux, au Présent si précieux et à l'avenir toujours Prometteur."

"Aux passions , aux liens incroyables qui unissent les êtres parfois à jamais."

Très émouvante dédicace de Sacha Stellie que j'ai reçu avec tout autant d'émotion..





 

mercredi 28 juin 2023

 LES AILES COLLEES

SOPHIE DE BAERE

EDITIONS LE LIVRE DE POCHE

384 PAGES


Vous savez, c'est pas si simple de parler d'un livre qu'on a trop aimé, qui vous a laissé en vrac , les tripes retournées et le coeur à l'envers. C'est finalement comme en amour , on est là, bêtement figé , emprunté, c'est à peine si on se souvient de ce qu'on était venu dire. Et puis de toute façon , dans ce moments là, rien ne semble suffire, aucun mot n'est trop beau. Alors on se lance en espérant que cette glissade improvisée trouvera son point de chute. A peine quelques pages tournées , que je me sens déjà flanquée au milieu de nulle part ou plutôt au centre de tout , de moi, de l'histoire, de toutes ces similitudes que peut contenir la vie de tout à chacun. Vous aves certainement entendu au moins une fois dans votre existence cette fameuse phrase facile et toute trouvée: ne laisse jamais personne te couper les ailes. Sauf que parfois ce ne sont pas des personnes qui nous empêche de voler mais les souvenirs nauséeux d'un passé mal passé justement. 

L'enfance sabotée, une lucidité qui a un peu trop d'avance, incroyablement lumineuse jusqu'à la brûlure. 

A tout ce qu'on a pas osé, à ces chemins minés , aux gifles magistrales , à ces sentiers plein d'espoirs, à toutes ces fois où on a eu le coeur pincé sans jamais rien dire, à toutes ces fois où on a pleuré dans le noir .

A nos tentatives désespérées de déployer nos ailes , à nos retombées violentes. Aux êtres qu'on a aimé et qui nous l'on bien rendu, à ceux qui ne furent qu'une leçon..

Au courage qu'il nous faudra pour arpenter l'itinéraire abrupte de tout ce qui n'est pas résolu. A toutes nos marches imparfaites

A tout ces souvenirs qui commencent par une cicatrice.

Je n'avais rien lu de Sophie de Baere, J'ai donc découvert une plume merveilleuse de poésie, de profondeur, d'intolérable puissance. La fragilité et la complexité d'une vie. La pudeur de ce qui ne dit pas son nom mais qui vit en nous, qui exalte et ronge à la fois.

Je vous parle de l'histoire sans trop vous en dire car les sujets abordés sont de notre temps aussi et encore..

Nous sommes au début des années deux mille. Paul Daumas épouse Anna. Autour d'eux, il y a Blanche, la mère, Cécile la soeur , son mari et ses enfants , quelques amis . E t puis au loin , il y a Joseph Kahn.

Joseph , son meilleur ami d'enfance, le garçon solaire , le garçon qui va lui rendre toute cette vie qu'on lui a piqué. Son oxygène, sa bouée de sauvetage, celui par qui tout arrive..

Vingt- ans qu'ils ne sont plus croisés. Mais les souvenirs de l'été 1983 vont réanimer ce passé jamais oublié. 

Paul était un petit garçon mal aimé, un peu bègue mais très intelligent. Dans la maison bourgeoise et idéale de son enfance, les secrets les plus inavouables empestent l'air de sa jeunesse. Un père volage et désabusé, une mère qui a remplacé son hémoglobine par de l'alcool  une soeur à protéger à tout prix.

Puis l'arrivée salvatrice de Joseph , gamin bohême qui vit dans un van avec une mère hippie soixante huitarde, plus souvent dans la lune que sur terre..

"Les ailes collées " est un roman puissant sur l'acceptation, les liens ambigus et incertains des êtres. De l'amour filial à la passion la plus dévorante. A ce qui aurait pu être différent , à tout ce qui aurait pu nous aider à déployer nos ailes pour enfin voler. Oui mais souvent nos ailes restent collées , engluées dans les élans avortés et obscurs des souvenirs traumatisants. Une histoire aussi lumineuse qu'elle est sombre, porteuse du mystère  de l'inconscient et de la beauté éternelle de certains instants.


"Pas d'aile, pas d'oiseau, pas de vent, mais la nuit. Rien que le battement d'une absence de bruit. "

Eugène Guillevic

Un roman coup de coeur, coup d'aile!









jeudi 8 juin 2023

 GEORGES SIMENON

LES DEMOISELLES DE CONCARNEAU

AUX EDITIONS FOLIO

148 PAGES


Georges Simenon, ça faisait bien longtemps.. 

Un lointain souvenir dans ma presque adolescence où je farfouillais sans gêne les allées boisées et un peu vermoulues de la bibliothèque de mon grand-père. Elle s'ouvrait avec une petite clé et c'est un peu plus tard que j'en découvris la raison. Des polars en tout genres avec parfois quelques couvertures un peu audacieuses y trônaient en maîtres absolus . Quelques classiques essayaient tout de même de faire bonne figure.  Affalée sur une chaise longue fleurie sous un soleil de plomb, les narines embaumée par un linge fraichement étendu, je découvrais Simenon et son célèbre protagoniste: le commissaire Maigret. 

Je ne sais pas trop ce que j'en ai retenu à vrai dire, des lectures souvenirs précises et floues à la fois, comme ce temps qui passe. Alors ce jour- là, quand je tombe sur ce petit livre, j' ai eu envie d'y revenir. 

Comme on retourne sur un lieu d'enfance ou sur celui d'un crime, c'est Simenon, alors c'est selon!

Un petit roman qui se passe en Bretagne , à Concarneau. Une atmosphère pittoresque, à l'air salé, aux embruns piquants et bien souvent un décor brumeux et tempétueux. On est très loin du commissaire Maigret , loin du quai des Orfèvres , de ses pipes rembourrées et de son humeur bougonne. Ici, pas d'enquêtes, pas d'interrogatoires juste une histoire de gens ordinaires qui partent en vrille après un tragique évènement. Georges Simenon avait coutume d'appeler tous ses romans sans Maigret des romans "durs"

L'histoire

Jules Guérec est un vieux garçon, un quarantenaire à la vie bien passive. Une vie réglée comme du papier à musique , il vit choyé et sous le joug de ses soeurs. Ca n'a pas l'air de lui déplaire..

Et puis un beau soir, il va commettre l'impensable. Au volant de sa voiture dans la nuit noire, il ne le voit pas tout de suite, ce petit garçon. Il le percute et paniqué prend la fuite sans se retourner. Commence alors le terrible engrenage du mensonge et de la culpabilité. Il faut mentir encore et toujours. Dégoter un tas de supercheries pour ne pas éveiller les soupçons chez ses soeurs et le beau frère qui travaille dans la police! Jules Guérec va alors escalader toute l'échelle des émotions possibles et imaginables. Le remords qui grignote à petit feu, les tentatives un peu particulières de se racheter. Et puis il y a Marie Papin qu'il croit aimer..

Il va tourner en rond sans jamais prendre aucune décision, un peu à l'image de sa vie. Jusqu'au jour où..

Un roman différent ce Simenon, un roman d'introspection , un regard lucide et tendre sur l'humanité

Une écriture minimaliste , efficace , avec des approches psychologiques justes et travaillées.. 

L'ambiance sombre des petites brasseries , le port pêcheur , les ragots de voisinage et toutes les traditions qui font la belle Bretagne.  Un style inclassable, simple, une profondeur troublante et parfois énigmatique. Une réflexion pertinente sur le sens de la destinée, ce qu'on décide et ce qu'on laisse se décider...

Un petit roman tragique , un Simenon un peu caméléon.

J'ai bien apprécié y revenir, comme au bon vieux temps..








jeudi 11 mai 2023

JOHN BURNSIDE
LE BRUIT DU DEGEL
361 PAGES
EDITIONS METAILIE


Les plus grandes et émouvantes histoires sont souvent celles des gens ordinaires , elles sont comme des élans qui traversent l'histoire. Si souvent elles sont oubliées, quand elles se racontent elles deviennent des mémoires universelles, des transmissions éternelles. Raconter son histoire , c'est parfois survivre là où un jour nous ne serons plus. Raconter, c'est aussi cette opportunité étrange de broder un peu les réalités, floutée par le temps et les mensonges intérieurs . Les histoires se cachent partout mais personne ne s'en souvient. Là où la vie est parfois bien embêtée à nous donner des réponses, les histoires nous sauvent comme des lumières accidentelles. Chaque histoire qui se lit et se referme fait un bruit fascinant ou terrible. C'est aussi un des miracles de la littérature.
Je suis tombée par hasard sur ce livre , un titre poétique et mystérieux, un auteur écossais, un résumé assez attractif et pourtant..
Tout était là, mais pas grand chose ne se passa dans plus de la moitié du roman. J'étais presque tentée d'abandonner cette lecture. Je l'ai quand même terminé et l'enchantement tant espéré est enfin arrivé. Dans les trois derniers chapitres, ça fait long..

Je vous raconte l'histoire ..
Kate est une étudiante en cinématographie, elle vit avec Lauritz avec qui elle entretient une relation libre et qu'on ne saurait réellement nommer. Elle se laisse porter par sa vie et depuis la mort brutale de son père, elle marche à la "défonce". Lors de ses errances , elle rencontre "Jean" une vieille dame qui va lui proposer un drôle de pacte. Elle lui racontera ses histoires à condition que Kate arrête de boire..
Pour Jean c'est l'occasion de régler ses comptes avec le mirage du rêve américain, pour Kate ce sera l'occasion de retrouver le calme du corps et de l'esprit.

Quel dommage! Cette histoire avait tout pour me plaire! Malheureusement, les trois quarts du livre sont d'un mortel ennui et j'ai eu un mal fou à entrer dans le sujet. Les récits de Jean sont trop longs et redondants voire carrément lassants. On en perd le beau de l'histoire, son essentiel. Le style de l'auteur ne m'a d'emblée pas du tout séduite. Le chevauchement des mots est un peu lourd , difficile pour moi d'y déceler la poésie tant attendue. Puis petit miracle à la fin du livre, un événement vient m'arracher à mon agacement . La prose se fait plus tendre , une mélancolie palpable s'éparpille sur chaque ligne, le décor libère toute la puissance d'un être en renaissance, toute la magie des histoires que nous laissent en héritage ceux qui sont partis. Un hymne à la vie , à l'espoir, à toutes ces rencontres qu' on attendaient plus et qui font de nous des gens meilleurs, des miraculés . 
Puisque nous serons tous emportés sans retour, racontons les jours qui passent , qui habitent et qui abritent nos âmes pour l'éternité.

Peut-être que ces derniers chapitres ont resonné en moi bien plus que je n'aurait pu le croire..
Loin d'être une lecture mémorable il restera au moins ça..


"Je m'éveillai et restai immobile, aux aguets. J'avais entendu u son dans mon sommeil , un son assez proche d'une musique pour me réveiller. Tout ce que je perçus d'abord , ce fut le bruit de la glace en train de fondre qui gouttait de l'avant toit, puis je me rendis compte que c'était précisément ce que j'écoutais dans mon rêve. C'était ça. Rien de plus. Le bruit du dégel . Une fin et un commencement . Ici et ailleurs."






mercredi 19 avril 2023

 CLAUDIE GALLAY

LES DEFERLANTES

544 PAGES

EDITIONS J'AI LU


Je suis restée là.. le livre entre les mains. Bouleversée, le coeur en naufrage , mélange d'une douleur joyeuse et d'un bonheur étrange , presque pudique, presque inexprimable. J' ai posé mes doigts , une dernière fois , sur cette couverture bleue, sur ce phare qui s'éteignait encore une fois et pour toujours.

"Les déferlantes" avaient soudainement soulevé quelque chose de moi , je ne saurais trop dire quoi, comme un mal de mer. C'était comme ça, peut-être l'enfoui , qui lui ne sera jamais rendu par la mer.

J'ai chaviré dès les premières lignes. J'ai été jeté à coups de phrases courtes , parfois non verbales dans un coin du Cotentin , la Hague, là où tout commence, là où tout fini. Sur  cette pointe du monde . je me suis aventurée dans l'estuaire des croyances oubliées , une percée dans les superstitions , les traditions sur les terres de Prévert. Notre histoire, nos mémoires sont-elles des torches à longs faisceaux d'éternité?

Sommes nous ce qui revient? Le temps des souvenirs qui détruisent ou illuminent.,  les tempêtes qui décoiffent les chagrins.

Ce livre m'a été conseillé, je ne connaissais pas du tout l'auteure. Elle fait désormais partie de ma vie de lectrice. Ce style singulier emprunt de mystère m' a totalement charmée. C'est un véritable coup de coeur!

Oui l'intrigue est vraiment minimaliste, le récit est très lent mais il y a une telle verve nostalgique que c'est tout à fait captivant. Une osmose entre le passé et le présent où joies menues et et ferventes mélancolies claudiquent dans la longueur des jours qui se ressemblent et s'étendent à n'en plus finir. Pourtant je n'ai ressenti aucun ennui bien au contraire.  Quelques personnages au destin brisé , à l'avenir incertain et tourmenté. Un passé qu'on voudrait étrangler mais qui revient de façon inattendue à la charge. Une narratrice dépourvue de prénom , qui se raconte, qui les raconte, on ne sait pas grand chose d'elle mais elle envahit l'histoire de ses histoires. 


L'HISTOIRE

"Elle" c'est une femme qui a perdu un être cher et qui tente d'apaiser son chagrin en venant s'installer à la Hague. Le calme, le paysage , cette poignée d'habitants qui l'entourent vont alors de leurs secrets , réveiller sa vie. Elle est ornithologue, elle observe sur les jetées l'envol des oiseaux migrateurs. Un peu comme elle.. Et puis il y a Lambert , cet homme énigmatique et séduisant fraîchement débarqué de nul part, qu'elle rencontre ce jour de tempête noire. Il y aussi Théo , l'homme taiseux, Morgane la fille un peu excentrique qui fait valser les coeurs, Raphael le sculpteur de génie, la vieille mère inconsolable , Nan la rivale et Max. J'oubliais Lili qui tient un petit bistrot chaleureux , lieu de toutes les joies et de tous les drames. Ensemble ils vont vivre au gré des tempêtes, ils vont apprendre à se connaître , ils vont aussi réparer le passé et peut-être s' aimer un peu..


"Le vent ne siffle que lorsqu'il rencontre quelque chose. Un obstacle. Il ne siffle jamais sur la mer. L'espace le laisse silencieux."


"J'ai pensé à toi, je te perdais . Ou tu t'éloignais . Ou c'était moi. Il n'y avait pas si longtemps , je posais ma main sur ton épaule. Ta chaleur . En fermant les yeux , sans faire d'efforts je pouvais encore me blottir tout contre toi. Le temps faisait son massacre . Insidieusement . Déjà , je ne pleurais plus."







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