vendredi 26 juillet 2024

 LE SEL DE TOUS LES OUBLIS

YASMINA KHADRA

EDITIONS POCKET


Lorsqu'on ne croit plus en rien, que plus rien n'a de sens , alors tout devient puissamment possible. Une fois les limites franchies , il n'y a plus de bornes de signalisation. Un seul événement peut avoir raison de toute une vie. La noirceur mise en poésie, la déchéance et le folie d'un être sous la plume magnifique de Yasmina Khadra. Vous connaissez certainement cet auteur, ancien commandant de l'armée algérienne qui prit pour retraite celle d'écrivain . Yasmina Khadra pour échapper à la censure militaire écrira tous ses romans sous divers pseudonymes dont le dernier sera les deux premiers prénoms de son épouse.

On connait tous les chefs-d'oeuvre tels que:" Les hirondelles de Kaboul"," l'Attentat" ou plus encore "Ce que le jour doit à la nuit". Celui que je vous présente aujourd'hui est peut-être le plus "impopulaire" de l'auteur. Certes, le style grandiose auquel il est fidèle est bien là. Mais je pense que le protagoniste principal n'est pas étranger à ce manque d'engouement pour ce roman. Un personnage antipathique, misanthrope et presque misogyne. Un homme en déchéance qui malgré toutes les opportunités rencontrées ne sauvera jamais son âme. Un amoureux de la nuit noire, il aurait fallu qu'il n'est jamais mal. Il aurait fallu que sa mémoire s'écrase , que le temps fasse son oeuvre et que les démons endormis ne refassent jamais surface. Certains traumatismes nous condamnent à perpétuité. L'imbuvable réalité comme une sentence éternelle. Un brouillon de vie où toute infime lumière est à jamais bannie.

J'ai bien aimé ce roman mais bien moins que les autres. La première partie est lente et j'ai eu un peu de mal à m'imprégner de l'histoire. La seconde partie est plus mouvementée et l'histoire se déchaine enfin.

Le titre est celui d'un vieux poème

"Si ton monde te déçoit sache 

Qu'il y en a d'autres dans la vie

Sèche la mer et marche 

Sur le sel de tous les oublis"


RESUME

Nous sommes en Algérie en 1963, au lendemain de l'Indépendance. Adem-Nait  Gacem est un instituteur de village marié à Dalal.  Un beau jour Dalal fait sa valise et s'en va pour un autre . C'est sans préavis et sans explications. Il n'y a rien à comprendre mais tout à accepter. Pour Adem c'est le monde qui s'écroule sous ses pieds. Effondré, incapable de rester dans cette maison ou tout respire le souvenir de Dalal, il décide de tout abandonner. Adem s'en va , sur le chemin de l'autodestruction. Alcool, hôpital psychiatrique, baroudeur, il se laisse porter par le cours de son existence. Pourtant sur sa route, des rencontres insolites remplies de bienveillance , des anges gardiens essaieront en vain de lui ouvrir les yeux. Mais rien n'extirpera Adem de ce trou noir dans lequel il se jette chaque jour que Dieu fait.

Puis un jour, la simple vision d'une femme s'apprêtant à prendre son bain va le troubler profondément . Un déclic soudain, mais qu'en sera t-il vraiment?









jeudi 20 juin 2024

 LAURE GOMBAULT

NELLY

PORTRAIT D'UNE INCANDESCENTE


Si les anges n'ont pas été créés pour cette terre, certains y ressemblent étrangement.

Des êtres qui vivent chaque instant comme un appel à l'amour. Il y a des voix qui n'ont besoin d'aucun mot, comme celle de la foi. Cette magie, ce miracle qui vient transcender tout ces chemins prédestinés à la lumière divine. Inexplicable et irrationnelle croyance nourrie de patience , de persévérance , d'abnégation et de souffrance. Et pourtant chaque être qu'elle traverse semble éperdu d'extase, chaque atome est animé de magnificence et l'âme danse éperdument de son plus grand vertige. Croire, en dépit de tout. Accepter chaque épreuve comme un cadeau du ciel, chaque bonheur comme une récompense. Contempler jusqu'à s'en brûler le yeux, prier jusqu'aux genoux calleux, pleurer jusqu'à ne plus rien voir. Telle est la vie de ces chères âmes élues au coeur pétri de miséricorde. Humble prélude au récit lumineux de Laure Gombault.

Une auteure dont chaque roman est un coup de coeur tant la plume est soutenue, intense et violente, humaine et énergisante. Dans ce dernier roman ,elle y ajoute le généreux ingrédient de l'intime. "Nelly" est le portrait de sa tante devenue religieuse. Nelly Beghian appelée Marie de Béthanie est née en 1901 au Caire. Elle est donc la soeur de la maman de l'auteure. Elles mêmes filles d'un papa arménien né à Constantinople en 1871 et d'une mère grecque orthodoxe. Petite, Nelly est une enfant colérique au caractère bien trempé. Elle est rebelle et pétillante et semble déjà habitée par une force étrange. Cependant elle fait des pieds et des mains pour ne pas aller à la messe le dimanche. Quelques blessures d'enfance pus tard et ce sera "L'Appel". Nelly a douze ans 

"Elle s'agenouille alors, ne sachant plus s'il faut résister à la force tellurique qui la maintient au sol ou au contraire tendre les bras pour épouser ce tourbillon céleste."

Nelly voudrait devenir carmélite mais sa santé fragile va l'amener vers un tout autre destin. Elle rêve de marcher sur les pas de Thérèse de Lisieux. Malgré le désarroi de ses parents , Nelly arrive au noviciat de la Congrégation de la Mère-de-Dieu en Belgique en septembre 1920. S'en suivra alors une existence ou chaque pas est guidé par cette intangible foi et l'amour de son prochain. Dans les yeux de Nelly, on y verra l'éclat d'un bout de paradis , dans son sourire toute cette tendresse qu'elle voue à l'humanité.

Mais ô combien de souffrances toujours endurées avec la sérénité d'une âme qu'aucun doute ne vient gâté.

Très émue j'ai été par ce récit que Laure Gombault a retracé au plus près de la vérité à travers le témoignage d'une amie , soeur de la Congrégation et des notes écrites par Nelly elle- même. Un hommage vibrant et lumineux à sa tante, la plus belle façon de perpétuer sa mémoire. Marie de Béthanie est en voie de béatification à Rome. 

Vous trouverez en fin de livre quelques très belles photos de Nelly à différents âges.

Voilà un extrait d'un des poèmes écrit par Nelly;

" Mon Dieu, je crois que vous êtes l'Amour..et que tout est entre vos mains instrument d'amour; je le crois ..je vous aime , je suis à Dieu. C'est lui qui m'a donné la vie le mouvement de l'être . Je lui appartiens .. il est le Maître . Il m'a marqué de son sceau."


Un message d'amour, de paix , d'humilité et de tolérance.

Un récit en forme de lumière pour nos yeux fatigués de haine et de violence.

Merci infiniment Laure Gombault pour ces pages qui nous emmènent bien loin de nos petites considérations quotidiennes. Une quête de sens dont nous avons tant besoin , qu'elle se fasse par la foi ou tout autre forme de spiritualité.






dimanche 26 mai 2024

 BERNARD CLAVEL

LES PETITS BONHEURS

ALBIN MICHEL


"Entre les humeurs de la lune , les grimaces du soleil et ces textes dont l'origine est inconnue , l'Almanach nous offrait mille et mille richesses . Enormément de poésie et de mystère. Je regrette vraiment de n'avoir pas conservé un de ces compagnons des veillées de mon enfance. Il me serait infiniment précieux , ce soir , de l'ouvrir , d'en respirer l'odeur de papier vieilli. C'est avec lui que j'aimerais partir à la recherche du temps perdu. Le temps si précieux que partageaient les êtres chers depuis longtemps disparus."


Certains bonheurs ne fleurissent qu'après leur départ. Ceci n'est pas une histoire , il n'y a aucune intrigue à démêler ni de chutes à deviner. Ce sont juste des petits bonheurs sur la fine pellicule émaillée du temps passé. L'ascension lente du souvenir qui essaie encore et encore de capturer la mémoire , dénouant ainsi ses douceurs et ses douleurs. Etrangement sur la trame des réminiscences , les petits bonheurs de l'enfance sont les seuls à ne pas se  faire la malle. Que serions nous sans eux? Sans ces proximités lointaines? Ils nous parlent au coeur, ils nous portent au coeur. De l'odeur de la soupe chaude aux premiers voyages en train sur des banquettes de bois, aux parties de pêche l'été sous un soleil écrasant, aux marrons chauds emmaillotés dans un vieux journal, au pain pétri avec amour, à la frénésie des premières lectures puis aux premiers tubes de peinture..

Bernard Clavel est un romancier du terroir, une littérature prolétarienne. Il obtint un Prix Goncourt en 1968 avec "Les fruits de l'hiver" qui fut une de mes premières lectures offerte par ma grand-mère, grande lectrice de cet auteur. C'est d'ailleurs, dans sa grande armoire en bois, cette armoire abandonnée que j'ai trouvé , perdu entre les nappes blanches brodées et les serviettes du dimanche, ce livre un peu défraichi. Les petits bonheurs sont peut-être héréditaires ou contagieux qui sait?

Un livre un peu rafistolé comme nos vies d'aujourd'hui. Pourtant quand je l'ouvre, en lui je respire ma vie.

Bernard Clavel a voulu dans ce roman autobiographique ressusciter les parfums fanés , les êtres aimés. 

L'envie de partager tout ce qui nous sera plus permis de retrouver. 

Un roman patchwork , la balade singulière d'une vie sur terre, d'une enfance encore à fleur de peau.

Une plume authentique , un auteur de valeur. 




 


dimanche 12 mai 2024

 LE SOLEIL DES SCORTA

DE LAURENT GAUDE

AUX EDITIONS J'AI LU

" Alors les deux vieux se mirent à chanter les tarentelles antiques de la terre du soleil. Et Elia se laissa emplir de ces chants millénaires qui disaient la folie des hommes et la morsure des femmes. Elia se resservit un verre. Le goût de la liqueur avait changé . Ce n'était pas la pierre qu'on avait pressée , ce devait être plutôt des éclats de soleil. La liqueur sentait la sueur qui perle sur le dos des hommes lorsqu'ils travaillent aux champs. Elle sentait le coeur rapide du lézard qui bat contre la roche.

Montepuccio, petit village des Pouilles écrasé par un soleil brûlant, où la terre se fend et tremble sous ses traditions envoûtantes , ses superstitions pieuses et ses passions piquantes et violentes. Un horizon troublé de chaleur, de lumière et d'ombre. Cette terre aride et sacrée qui vous poignarde le coeur , vous fait tourner la tête comme un bon verre de Limoncello, vous chauffe le sang comme le regard d'une Madone.

C'est ici que bat et s'acharne le destin des Scorta. Quatre générations maudites et vénérées qui portent en elles les joies les plus folles et les misères les plus grandes. Le vertige du passé,  parce qu'une vie avec de l'avenir est une vie avec des souvenirs. La saga des Scorta commence sa genèse par un viol, enfin , c'est une perception qu'il vous conviendra d'apprécier ou pas. Une naissance indigne qu'il faudra faire oublier au prix de la sueur , du labeur mais avec cet incroyable soleil que chacun d'eux porte au fond du coeur. L'hérédité n'aura frappé qu'à moitié. Dans cette Italie rurale, au milieu de rien et au milieu de tout règne le paradoxe éternel de l'âme humaine. Plus forte que l'envie de partir, celle d'y rester. L'image hypnotique et poétique d'une terre promise en dépit de tout.

Le soleil des Scorta remporte le prix Goncourt 2004. Je découvre quant à moi cet auteur à l'écriture puissante comme son soleil. Un joyau littéraire, un style saisissant , ensorcelant. Dommage qu'il soit si peu long, quatre générations résumées en à peine 250 pages, c'est peu. Mais l'absolu génie de ce roman c'est tout ces moments d'intensité inégalée , ces incendies intérieurs , ces frissons de l'âme qui nous propulsent hors du temps au plus loin de l'Italie et dans le ventre profond des Scorta.

Je crois que ce roman va m'habiter longtemps, et des larmes ensoleillées continueront de verser à leurs souvenirs.

Un roman confession, où chaque heure de la journée , si pauvre soit-elle est riche de tout le bonheur simple des gens qui en connaissent la véritable valeur.

Un peu plus tard ou précédemment elle se rappellera avant que la mémoire ne s'éteigne dans les champs d'oliviers, 

Vous comprendrez..








lundi 22 avril 2024

 LE GRAND MEAULNES

D'ALAIN -FOURNIER


"Pour la première fois , Meaulnes sentit en lui cette légère angoisse qui vous saisit à la fin des trop belles journées."

Il m'a fait le coup du " souviens toi"..

Je pensais certains souvenirs impérissables mais ce n'étais pas ça.

De la même manière que le matin apporte sa lumière, l'âge apporte la force vive de la mélancolie.

La maladie des instants vécus qui ne reviendront plus. Le mirage du présent éternel. Cette nostalgie douloureuse  qui traine ses charmes insupportables. Cette soudaine envie d'espérer , cette insolente tristesse qui berce le monde révolu de l'enfance. Ce passage à l'âge adulte avec sa lucidité à vif , la débâcle de ses rêves symboles de toutes les vies qu'on a pas eues. C'est un peu tout ça Le Grand Meaulnes. Et moi, je suis restée là, coincée dans un moment inconnu qui ne se laissait pas attraper. Oui une légère angoisse m'étreignit. J'étais complètement abrutie par  la nostalgie et la  mélancolie de ce roman. Je quittais, à la fin quelque chose qui n'existais plus , mais que j'avais terriblement reconnu . J'allais retourner à cette vie morne qui n'inscrivait plus rien dans son coeur et tout me manquait déjà affreusement. Je voulais vite retrouver cette joie tremblante de l'amitié , le débordement puissant et tendre de sa spontanéité. Ces visions de grâce qui vous laissent suspendus entre deux mondes. Ces instants simples et lumineux que la terre dans sa générosité vous octroie. Les pluies fines, le rayon du soleil qui se jette sur une vitre embuée, les vacances d'été , les chemins tortueux et les amoureux. La galette de pain brûlante , dévorée sur le bord des genoux. Les bagarres et les abracadabrantes histoires qu'on se raconte dans  les campagnes un peu trop calmes. Moins  rien ne se passe plus l'imagination s'instruit. Voilà, j'ai relu "Le Grand Meaulnes" et vous savez quoi? J'ai envie de repartir là -bas , d'ouvrir encore une fois les tiroirs de ma mémoire, de m'assoir et d'attendre la goutte d'eau qui annonce la pluie , de goûter encore à l'amitié profonde et dans une demi- obscurité deviner la lumière derrière la vitre blanchie par le rideau.

"Le Grand Meaulnes " est le seul roman d'Alain-Fournier alias Henri -Alban Fournier écrit en 1913, un an avant sa mort à l'âge de vingt-sept ans. Un roman qui restera une oeuvre majeure de la littérature classique. 

RESUME

Le narrateur François Seurel raconte l'arrivée d'un nouvel élève Augustin Meaulnes à Saint- Agathe .

Une amitié profonde va les lier , une amitié teintée de mystère et de fascination. Du haut de leur pudeur ils vont tout se dire sans jamais se l'avouer. Ce roman retrace une partie de leur adolescence. Un jour d'hiver, Meaulnes disparait. A son retour , il n'est plus le même. Qu' as t-il vu? Où est -il parti?

C' est François qui sera le dépositaire de toutes ses confidences. Un secret partagé qui va les suivre très longtemps et pour toujours.





samedi 13 avril 2024

 Myriam Giacometti

Une seconde d'inattention

418 pages

Que s'est-il passé ce jour là?

Une seconde d'inattention ou le spectre glaçant d'un mensonge?

Une dépression post-partum ou le murmure engourdissant d'un scandale familial?

Une femme fragilisée ou manipulée?

Nul ne sait vraiment qui est qui sur cette photo de famille lisse et diaboliquement parfaite.

Une seconde d'inattention qui va très vite créer un véritable séisme dans l'existence de Sophie et déterrer les plus terribles des secrets pourtant ingénieusement enfouis depuis belle lurette.

Je vous présente aujourd'hui le dernier thriller de Myriam Giacometti , autrice lorraine à grand succès puisque son second roman "Les larmes de Rose" remporte le prix des Lecteurs France Loisirs 2021.

Cela faisait un petit moment que j'avais envie de découvrir cette auteure , tous ses livres sont dans ma bibliothèque mais voilà! Une inattention résolue:

Myriam Giacometti nous offre un thriller du terroir puisque l'histoire se déroule à Hayange petite commune en Lorraine dans le pays thionvillois. Un prologue bien choisi, sur fond d'enfance, de bonheur et d'insouciance où rien n'annonce les dix-neuf années plus tard. Une histoire qui vous captive dès les premières pages, où l'angoisse et la noirceur font parfois place à des moments légers d'amitié qui ne se laissent pas oublier. L'intrigue est prenante , on a un peu les nerfs à vif et les rebondissements sont multiples et intelligemment disséminés . Certains événements passés viennent se calquer au présent et sèment la confusion totale , les liens entre les intrigues ne sont pas si évidents que ça. Les personnages nous trompent et nous manipulent , bref on sait plus trop où on en est! Surtout moi! J'ai été bluffé jusqu'à la fin ou presque. Suspense implacable malgré quelques passages de fin un peu surjoués et tirés par les cheveux, c'est le cas de le dire, vous verrez pourquoi en le lisant. La psychologie des personnages a été soignée et renseignée, un bel atout de crédibilité pour cette histoire. La plume est authentique, attachante, Myriam Giacometti manie avec brio et relief les situations de tension et celles plus édulcorées , plus légères. Une plume tout en contraste et en simplicité. Du rythme, de l'action, de l'émotion, j'ai vraiment aimé cette lecture!

RESUME

C'est l'heure des retrouvailles pour Perle, journaliste d'investigations et ses amies d'enfance toutes éparpillées par la vie. Un week-end dans le village natal, de quoi faire le plein de bonne humeur et de nostalgie. C'est avec Sophie que Perle est la plus complice, un lien d'amitié unique les lie depuis toujours. Oui mais en arrivant celle qu'elle pensait tant connaitre n'est plus du tout la même. Elle vient de donner naissance à son second enfant , sa vie de couple bat de l'aile et pour tout Sophie a une famille protocolaire et envahissante. Puis un terrible crime survient non loin de la propriété familiale. Sophie est alors la principale suspecte, c'est vrai que depuis quelques temps elle semble absente et très déprimée.

Plus personne ne la reconnait, oui mais est-ce suffisant pour commettre un tel acte d'horreur? Pourtant Sophie passe aux aveux..





lundi 1 avril 2024

ALEXANDRE PAGE

Le Fantôme des Innocents

308 pages


"Tu es poussière et tu retourneras à la poussière."

Disait Dieu à Adam dans la Genèse.

Certes, nos corps redeviendront de fines particules tournoyantes et errantes sous un halo de lumière ou emprisonnées dans le rayon tardif d'un soleil d'hiver. Seules témoins rescapées de notre passage ici-bas. 

La dissolution suprême de tout ce qui fut ou presque. Mais alors qu'en sera t-il de nos âmes? Celles là même qui animent nos corps, siège vital de notre esprit, énergie immortelle. Elle continuera à vivre sans fin de sa merveilleuse mission. Si elle n'est pas soumise à la destruction , sa transition est parfois laborieuse et tourmentée. Elle résiste et ne cède pas facilement. Elle est parfois ici et là, suspendue entre deux mondes. Elle attend sa délivrance, son expiation , ses êtres chers ou une justice pour enfin trouver le repos éternel. Chers lecteurs, je vous parle aujourd'hui du dernier roman d'Alexandre Page et c'est toujours un réel plaisir de relire la puissance de son imagination et l'élégance de son écriture. Les mystères, les symboles, la grisaille des états d'âme, cette poésie en mémoire de fond, tout s'accorde harmonieusement sur le monotone et blanc papier pour nous faire vivre une vraie belle histoire. Si vous avez déjà lu cet auteur, vous connaissez ses prédispositions pour l'écriture poétique mais aussi pour cette mélancolie qu'il étrenne dans ses récits. "Le Fantôme des Innocents" est une histoire à la fois fantastique et historique, L'auteur va nous promener dans ce célèbre cimetière parisien situé dans le quartier des Halles à l'emplacement actuel de la place Joachim -du -Belley et dans son époque de prédilection, le dix-neuvième siècle. Comme à son habitude , Alexandre Page nous surprend par son originalité et nous enchante par son style assez inclassable à vrai dire. Une singularité dans tout ce qu'il crée . L'histoire est savamment documentée , et je dois dire que j'ai été bouleversé par le premier rebondissement et la manière dont il a été relaté. Puis je n'ai plus lâché la lecture, un vrai tourbillon irréel d'évènements se succèdent sur des thèmes qui me sont chers, comme le trépas, la passion, les désillusions et la solitude.

Des vibrations envahissantes ont hanté cette lecture qui est arrivée hasardeusement ou pas dans un moment assez difficile de ma vie. J'y ai curieusement trouvé une sorte d'apaisement , j'ai vraiment flirté avec ces deux mondes tout au long de ma lecture. Ce roman est un bijou tant par son style que par l'acheminement et la profondeur de son histoire.

RESUME

Nous sommes à Paris en 1780, Eusèbe Finet est un écrivain public et un poète en mal de vers. Il loge tout près du cimetière des Innocents et son quotidien rime avec frugalité , déveine et solitude. Puis un miraculeux jour il rencontre Joséphine. De cette rencontre naitra une correspondance épistolaire et inspirée. Une salve contre la morosité et la solitude. Mais parfois certaines proses insouciantes peuvent vous conduire bien loin..





 










 

  LE SEL DE TOUS LES OUBLIS YASMINA KHADRA EDITIONS POCKET Lorsqu'on ne croit plus en rien, que plus rien n'a de sens , alors tout d...