EMILE ZOLA
UNE PAGE D'AMOUR
LE LIVRE DE POCHE
450 PAGES
J'ai toujours aimé les frissons calmes des grands romans classiques.
Les lire ou les relire, c'est tomber dans un état de grâce impérissable , c'est un peu comme revenir sur le lieu chéri de notre enfance, ressusciter les souvenirs évanouis. Des souvenirs précisés par le temps et la maturité . C'est comme un jour qui décline et dont j'arrive enfin à en saisir toute les nuances.
Chaque ligne est plus belle encore que la précédente , extase intacte , émerveillement indicible d'un extrême bonheur et d'une foudroyante mélancolie. Avec Emile Zola et ce roman, ce n'est pas une page d'amour que j'ai lu mais presque cinq cent. Son inspiration, ses descriptions impressionnistes éblouissantes, attentives, minutieuses et intimistes. Il faut savoir qu'Emile Zola a fréquenté le cercle des peintres impressionnistes tels que Manet, Morisot ou Monet. Une écriture qui sacralise le banal, le quotidien de moments sonnants de beauté et de sérénité éternelles. "Une page d'amour" a une place toute particulière dans l'oeuvre des Rougon-Macquard. Il se glisse entre deux grands romans, "L'Assomoir" et "Nana". Un roman où les visages sont des paysages et les paysages des états d'âme. La flamboyance d'un Paris sous la contemplation inépuisable d'Hélène , tout ces jours où rien ne se passe, rien ne vient ombrager ce calme étrangement installé et cette petite file qui joue à la poupée , prisonnière d'une étrange lucidité. Une immobilité heureuse que rien ne vient dissiper, sauf peut-être l'ébauche invincible de la passion..
Car c'est de cela qu'il s'agit bien dans ce roman. Une passion fracassante, tapie dans ce silence inaltérable depuis bien longtemps.
Hélène est une jeune veuve, elle est solide, équilibrée , pleine de sérénité. Elle vit dans un coquet appartement parisien avec sa fille Jeanne. Une fillette marquée par une dramatique hérédité tout comme sa tante enfermée dans un asile . Elle est nerveusement fragile , imprévisible et maladivement capricieuse. Un soir, alors qu'elle est prise de puissantes convulsions, un certain docteur Henri Deberle vient à son secours. Au fil des rencontres , une certaine intimité se noue entre lui et Hélène avec en spectre le beau désastre d'une passion naissante. Envolé le sage et raisonnable qui laissent place au spectacle hallucinant de la passion et de l'illusion..
Zola décrit cette oeuvre comme "une opposition , une halte de tendresse et de douceur", il rappelle qu'il voulait depuis longtemps étudier dans une nature de femme honnête, un coup de passion.
"Le titre veut dire cela, une page dans une oeuvre, une journée dans une vie ."
"Paris,justement, ce matin -là avait la joie et le trouble vague de son coeur . Il y avait là un grand charme , ignorer, deviner à demi, s'abandonner à une lente initiation , avec le sentiment obscur qu'elle recommençait sa jeunesse."
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