mardi 28 décembre 2021

 EGILON WALTHER

LE FANTOME SURVIVANT

238 PAGES

EDITIONS LES MINIME' S


" Allez vous faire foutre!

C'est ce qu'ils disent à voix haute . Moi je ne le dis pas , mais je le pense avec un point blanc.

Alors voilà, je viens d'inscrire ces quelques chiffres sur ce papier parfaitement blanc et je sors , c'est l'heure de la pause café . Je n'aime pas le café , c'est trop amer , trop fort , c'est moitié marron , moitié noir c'est dégueulasse . Mais c'est une occasion pour moi de sortir . Je prends mon veston bleu nuit suspendu au vieux porte- manteau vert très sombre - il était blanc , je l'ai repeint."

Je le toise , je le dévisage de loin , érigé dans ses pensées et sa densité spectrale et monochrome.

Absorbé , figé et réfléchi devant son carreau où il voit la ville à l'envers , il me fait une impression singulière. Puis vient s'étaler son ombre enluminée , elle s'allonge sous mes mirettes en couleurs rutilantes et pigments bruts. Là , je me dis qu'il va m'en faire voir de toutes les couleurs!

Debout dans une flaque de peinture noire, coulée charbonneuse , gris ardoise , sa métamorphose colorée pavoise telle une aquarelle peinte à l'eau de vie. Coeur battant, je sens mon sang pétillant..

Ma curiosité empourprée , bernée est alors couleur bleu céruléen , rubescente, jaune canari , vert bouteille ou cyclamen.  Une histoire en jeu de couleurs et de précisions avec pour toile de fond une naiveté teintée , une violence réelle et symbolique paraphant une vie à l'abandon.

Mémoire calibrée , humanité pointée , réalité floutée et opprimée , "Le Fantôme Survivant" est une oeuvre moderne, fictive aux nuances de roman d'espionnage.

Egilon Walther est un jeune auteur au penchant poétique , amalgamant les genres. Vous pourrez aussi lire de lui deux recueils de poésies.

" Les Instants d'Infini" paru en 2O17 et "Des petits mots pour un grand sens " paru en 2019.

Le Fantôme Survivant semble sonner comme un certain aboutissement ,il fût autoédité puis publié aux Editions Les Minime's sous la direction éditoriale d'Alexandre Page.

L'HISTOIRE

Il est toujours vêtu de bleu nuit, c'est sa couleur, son harmonie.

"Je ne suis qu'un peu comme tout le monde . Et à cause de ça , j'ai choisi la couleur du bleu nuit."

Je ne vous ai pas dit, il a le pouvoir de voir et de peindre la couleur des gens, Chaque rencontre à sa couleur subtilement associée à l'esprit. Il est toujours en équilibre entre la lumière et l'obscurité , entre le brouillard et une aveuglante lucidité , entre l'atrocité et l'extrême naiveté.

Largué par sa mémoire, par son grand amour et par son minable travail, sa vie s'inscrit dans un gribouillis sans nom. Lui , à l'esprit impalpable, énigmatique va alors tomber dans le chaudron brûlant du monde des truands. Il annonce la couleur , celle du crime qu'il repeindra de ses désirs , de ses colères , de ses utopies consumées , de ses caprices d'artistes. Il est une palette d'humeurs et il lui faut partout , même dans le pire mettre de la couleur, comme une nuance à l'horreur. Vertigineuse dérive entre réalité contrefaite et liberté euphorique. Le besoin essentiel devient artificiel , il veut aussi écrire un roman comme un pied de nez à sa mémoire délinquante. Imaginaire et réalité n'y comprennent plus rien tant elles se ressemblent comme deux soeurs inséparables et déraisonnables.

Le peintre et l'écrivain font entre eux , un échange de vérités, pour ne jamais oublier ,pour continuer à exister..

Mais le destin attends toujours au coin de la rue..


Oui , j'ai aimé ce roman grave, fort et léger  qui s'inscrit fort bien dans l'air du temps.

Je ma suis sentie dans une apesanteur entre réalisme et surréalisme/

La plume au multiple langage, jette en profondeur  ses couleurs intérieures en créativité libératrice.

La couleur éclaire et élucide les méandres de l' âme humaine.

On surprend là , un revers du monde dans une plume piquée de poésie , de cruauté, addictive alchimie qui camphre le roman de reliefs trébuchants. 

L'intrigue est savamment ficelée et contre toute attente , on ne cherche pas à la deviner  ,on se laisse juste mener par le personnage avec une proximité troublante.

Une survivance aux couleurs vives , pures composées de ce qui les a unit, une peur viscérale de l'oubli une nostalgie sublimée et envahissante;;.

Incolore fantôme aux rayons de lumière..

Un style à explorer , une histoire bien imaginée et originale , un début haut en couleurs pour ce roaman..














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