dimanche 21 mars 2021

 SAMUEL BENCHETRIT

LA NUIT AVEC MA FEMME

RECIT AUTOBIOGRAPHIQUE

EDITIONS J'AI LU

158 PAGES



Son rêve, un soupçon de vie , une apparition bienvenue, un don inexplicable dans l'équilibre fragile de ses souvenirs et du temps présent.

A  la vitre de ses yeux, elle est venue cette nuit là, de son trépas..

Forçat de son émoi..

Elle s'est posée là, au bord de son lit, à lui..

Elle l'amoureuse de l'amour , de sa brève apparition , de sa présence floue et éthérée , elle a sabré l'air tiède de sa nuit d'été.

Petite brune dans la brume de ses souffles enfuis , là, avec lui , elle balade toute une vie , le temps d'une insomnie.

Il  brise l'anathème , lui rappelant ainsi combien il l'aime.

Bien plus loin que le temps; il lui semble toucher l'infini dans la pureté de ses lignes.

Souvenirs constellés dans l'urne d'une lune suspendue aux rêves posthumes.

Cet ange aux ailes fracassées sous les coups d'un autre..

Cette femme qui lui avait tout appris de lui..

Sur son visage, le tamisage des images grapillées par le temps.

Imprégnant, accompagnant chaque instant, il veut parler d'elle jusqu' à creuser son matin dans la douleur engourdie qui revit puis se dit.


" Tu viens d'arriver? 

Je ne dormais pas vraiment .

Mais je rêvais je crois . Et je cherchais mon souffle .

Je l'ai perdu un jour .

Tu sais où se cachent les souffles?

J'ai pris ceux d'autres.

Greffes d'air.

Le vent des autres n'est pas aussi pur et frais.

J'ai chaud depuis.

Depuis quoi?

Depuis toi?"


Il se souvient de cette nuit là où tout a basculé..

Sa mémoire est encore absolue bien que filante par instants..

Celle du coeur , jamais ne ment..

Alors il veut raconter avant que tout ne devienne une coulée dans l'éternité.

Les détails qui embellissent, la dimension perdue qui exagère , la tendresse en jachère, le langage des peaux et les parfums volatiles, les alcools profonds , les fumées blondes ou brunes et les ecchymoses.

Rien n'a jamais été aussi pur depuis leur brisure.

De son bavardage intarissable et logorrhéique , sa peine il réplique..

Puis tout ce qui s'est enfuit et assoupi depuis qu'elle est partie.

Cavalcade de confessions , un peu de colère, beaucoup de pudeur sans ton accusateur..

De la retenue émouvante , pas larmoyante , récit troublant et touchant.

Envolée poétique, lyrisme envoûtant , prose tendre et percutante..

Juste une déclamation d'amour pour la femme aimée , sa vie avec elle puis juste après elle..

Et puis toutes celles qui devront composer avec elle..

Lui dire comment il a mal, comment il fait sans elle..

Comment il doit raconter ça , à un petit garçon qui sera à jamais privé de sa mère..


Cette histoire , vous la connaissez..

Elle, c'est Marie Trintignant

Lui, c'est Samuel Benchetrit

Il rencontre Marie lorsqu'il a vingt ans , elle est son aînée de treize ans.

Lui , timide, incomplet , elle actrice sensuelle et talentueuse qui a vaincu un mutisme maladif dans sa jeune enfance et s'est révélée grâce au cinéma.

Ils tombent fous amoureux..

En 1998, ils se marient et donne naissance à leur unique fils Jules Benchetrit.

En 2002, Marie rencontre lors d'un concert Bertrand Canta, leader du groupe Noir Désir.

Une passion exclusive et toxique naît entre eux, chacun abandonnant leurs conjoints respectifs.

Puis un jour de printemps 2003, le pire se produit..

Après une énième dispute sous fond de jalousie maladive , Marie tombe sous les coups de sa rock star.

Elle sera en état de mort cérébral puis succombera à ses blessures.


Ce n'est que treize ans après le drame que Samuel Benchetrit racontera ce drame.

Un livre critiqué , qu'il n'aurait pas fallu écrire pour certains..

Laisser reposer l'âme de Marie Trintignant.

Ce n'est jamais facile et de gaieté de coeur que l'on écrit sa douleur.

On l'accuse d'exploiter son malheur et de vouloir vendre des livres.

Moi j'ai juste envie de lui dire merci d'avoir mis des mots sur sa légitime souffrance.

Un exutoire , une belle déclaration d'amour posthume.

Des mots forts sur une dalle froide.

Ses phrases courtes au rythme effréné nous tiennent en haleine et en émotion tout le récit.

Certaines phrases peuvent effectivement heurter mais seuls ceux qui ont côtoyé la mort de si près pourront comprendre sans l'accuser d'exhibitionnisme littéraire


" Je suis toujours heureux d'une nouvelle journée

C'est ce que j'ai gagné.

Et je ne eux remercier que la nuit pour cela.

Nous n'avons pas fini.

Ca m' a fait plaisir de te voir et puis on a eu de la chance.

La nuit était bonne.

Tu veux que je te dépose  quelque part?"








C'est ce que j4.






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