mardi 27 juillet 2021

 RACINE DE NUAGE

ANOUCHKA

EDITIONS EX -AEQUO

114 PAGES



Même après lecture, l'extase perdure.

Mon âme serait elle damnée dans les folles moiteurs, encore à leurs heures d'un désir qui torpille et convulse chacun de mes souffles?

Ma plume trempe dans les coulures de la divine torture , de douces et violentes ecchymoses viennent mourir dans une nuit close où l'âme affaiblie décide de partir..

Une histoire d'art, un cauchemar, un fou présage, une passion aux ivresses enfiévrées se posent sous mes yeux demandeurs en flamboyants pigments de couleurs.

Opprimée par la réalité, je viens trembler sous ses mains qui soulèvent enfin le voile interdit.

Une envolée aux impalpables nuées entre un sculpteur et sa muse.

Un peu comme Rodin et Camille Claudel, je fais la part belle aux tentations de Lucifer ou aux savantes embellies..

Et ne vous fiez donc pas au doux nuancier de sa couverture car à la croisée des airs , dans cette ligne de poussière , l'enfer est sculpté en forme de vie et la vie sculptée en forme d'enfer.

Chaque mot souffre ou exulte de son sens.

Chaque geste est imprévu et nécessaire.

L'art orgueilleux qui ronge et éponge toutes les souillures et salissures immondes d'une enfance en putréfaction.

La passion qui anoblit l'art à son grand désespoir et semble lui voler son intimité et sa puissance créative.

"RACINE DE NUAGE" est le premier roman d'Anouchka et pour un coup d'essai ce fût un coup de maître ..

Anouchka est une auteure vichyssoise .

Des études de philosophie , de psychologie , une "crise intérieure de Bergson" plus tard, elle devient bibliothérapeute  et écrit son premier roman..


Romain est un homme et un sculpteur torturé par ses propres pensées , par son propre passé qui semble inexorablement le rattraper dans chaque infime pas en avant.

Une condamnation à perpétuité que lui a infligé sa propre mère.

L'enfant du placard, du noir, du désespoir..

Humilié, violé, maltraité , il transcende ses ratures, ses tortures en enluminures.

La sculpture devient alors une éternité de douleurs immobiles..

Le récif de son imaginaire est sans fond et la magie de ses doigts ondoie sur le marbre ému telle une lueur trouant un ciel obscène..

Elle le sauve de chaque instant, apaise le souvenir des hurlements, épouse les mouvements d'un éphémère éblouissement..


Elle , c'est Eloise, une jeune étudiante libre et désinvolte, elle est bien plus jeune que lui..

Mais ce soir là , lorsqu'elle pousse la porte de cet humble atelier parisien elle est bien loin de s'imaginer ou l'art l'emportera.

Drapée de sa nudité, elle va alors vaciller dans les velléités folles et novices d'une passion aussi pure , puissante que destructrice.

Elle pose, lui il ne sait plus si il ose  sombrer dans les éclats que sa chair renvoie..

Il la tatoue de ses fragiles contours

Bourreau de ses soupirs, comment l'avertir que sur ses cuisses lisses , les supplices sont ses poussées existentielles?

Comment ne pas aussi dans cette passion impossible à refouler , ne pas tuer la création?

Céder c'est déjà renoncer à l'essence même de l'inspiration et du sublime..

Avec ou sans elle la vie n'est déjà plus que le point fuyant de l'amour et de la créativité..


Cette lecture m'a obnubilée bien des journées.

Confrontée à mes propres interrogations..

J'ai succombé à cette histoire, à ce style magistral..

A ces mots ciselés et dentelés , entre infinie douceur et pulsions dévorantes

Mais j'ai eu mal aussi..

Le plus beau , le plus grand s'accompagne  très souvent d'une incommensurable douleur

Fatale injustice?

Ce livre m' avoua du bout de doigts ce que l'amour prodigua..


Je remercie chaleureusement les éditions Ex- Aequo et particulièrement Jeanne Malysa pour cette découverte dont je n'aurais pu me passer..


Je vous laisse sur ces quelques lignes..


"Etrange destin que celui d'un être doué d'un immense talent. Le talent n'est pas un cadeau accordé par la vie mais un cheval fougueux qui désarçonne celui qui tente de le dompter afin de le retenir , souvent au prix d'une grande souffrance."


"Ils se sont rejoints dans un espace temps dont il détient les clés. Il lui suffit de laisser pénétrer la lumière de son ombre pour que sa fragrance transcende le réel et le transporte contre elle.

Dans cette attente , il expie jusqu'à ce moment d'extase où rien n'existe plus qu'elle et lui enlacés pour toujours autour de deux purs esprits."





















































































































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