mardi 13 juillet 2021

 STEFAN ZWEIG

VINGT-QUATRE HEURES DE LA VIE D'UNE FEMME

LE LIVRE DE POCHE

124 PAGES

NOUVELLE

COURT ROMAN



" Au début de 1942, la radio de Paris nous annonçait que l'écrivain juif Stefan Zweig venait de se donner la mort au Brésil.

Nouvelle reproduite le lendemain en trois lignes par les journaux nazis de la capitale.

Et ce fût ensuite le silence complet sur ce grand et noble écrivain qui avait acquis en France une renommée égale à celle de nos meilleurs auteurs."


Stefan Zweig est un auteur autrichien , biographe, docteur en philosophie et grand voyageur.

Il fréquenta la fine fleur de l'intelligentzia juive avant de s'exiler à Londres et fût littéralement fasciné et influencé par l'oeuvre de Nietzche  , un court traité philosophique lui sera dédié..

Stefan Zweig préfère alors l'écriture de romans courts ou de nouvelles aux romans longs.

On en connait fort bien certains tels que:

-Lettre à une inconnue

-La confusion des sentients

-Le joueur d'échecs

Et puis, "vingt-quatre heures de la vie d'une femme "dans lequel le spectre de la passion foudroyante y est sublimement analysé et écrit.

" Une passion ne souffre ni organisation , ni prévoyance , elle n'est que folle témérité , risques et spontanéité."

Alain Gagnon

Un esprit qui fait faillite , un coup de folie, un excès de vie , un fanatique engouement ..

Nommez là comme vous voudrez!

La passion c'est bien tout cela et plus encore!

Et sous ses jupons , le double mouvement de la raison et de l'obsession.

Une existence rendue à son aspect primitif, à une pulsion, à une violence irrésistible.

Une réalité éclipsée, un horizon pulvérisé dans la plaie dissidente de l'adoration et de l'agitation.

La grâce d'un caprice , qui prend l'instinct pour complice et le "sans explication" pour raison.

Belliqueuse représailles que la lutte d'une passion et de la raison.

Supercherie du fantasme et de l'illusion..

Si la passion a un visage , c'est bien sous la plume sublime de Stefan Zweig qu'elle devient fascinante.

Une nouvelle sur deux situations, deux superpositions de récit.

Je vous raconte..

Début des années 30, une pension hôtelière bourgeoise où un certain gratin d'une société à la "Maupassant" fait et défait le monde , on s'épie, on juge , on est superficiel et on a l'esprit bien étriqué.

Ce paisible lieu va bientôt  devenir le théâtre d'un beau scandale.

Mme Henriette respectable femme mariée disparaît brusquement avec un jeune dandy rencontré vingt-quatre heures auparavant.

Consternation dans la pension de famille où une violente dispute éclate au sujet de la dite moralité de la jeune femme..

Seul notre narrateur va tenter de comprendre et d'analyser ce coup de folie..

Il va alors rencontrer un bien mystérieux soutien en la personne de Mme C, vielle et distinguée dame anglaise.

Elle va alors lui confier les incroyables vingt-quatre heures qui ont à jamais bouleversé sa vie .

L'histoire brève d'une passion terrible et violente.

Une nouvelle en deux temps , un récit de départ , puis les vingt-quatre heures racontées par Mme C..en seconde partie.

L'auteur tiendra secret l'identité des protagonistes durant toute l'histoire.

Une analyse psychologique et sociologique résultant d'une correspondance intense avec Freud avec des notions de réflexion sur "la culpabilité", la "faute", l'infidélité.

La trame narrative est captivante et la plume somptueuse .

Le style de Stefan Zweig est admirable , reflet de son âme tourmentée et passionnée.

Souvent bâillonné dans la réalité et victime d'un modèle éducatif, l'écriture de fictions devient un véritable exutoire.

Ses descriptions sont absolument saisissantes , son extrême sensibilité s'infiltre dans toutes les strates de son écriture.

La plume de Stefan Zweig est sensuelle , elle accroche chaque fibre de nôtre âme.

La magie d'un génie brisé qui tout au long de son existence doutera de ses talents littéraires..

Quant à moi, je n'ai pas fini de parcourir avec frénésie son oeuvre..


"On ne vit une seule heure pareille qu'une seule fois dans sa vie et cela n'arrive qu'à une personne parmi des millions , je ne me serais jamais doutée , sans ce terrible hasard , avec quelle force de désespoir , avec quelle rage effrénée , un homme abandonné , un homme perdu aspire une dernière fois la moindre goutte écarlate de vie.

Eloignée pendant vingt ans , come je l'avais été , de toutes les puissances démoniaques de l'existence , je n'aurais jamais compris la manière grandiose et fantastique dont parfois la nature concentre dans quelques souffles rapides tout ce qu'il y a en elle de vie et de mort, de ravissement et de désespérance."





 




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