mercredi 3 novembre 2021

 SACHA STELLIE

ROUE LIBRE EN KALEIDOSCOPE

ROMAN FICTIF

263 PAGES

AUTOEDITION


Les mots en partant, m'ont dit qu'ils reviendraient..

Ce qu'ils avaient oublié de me dire , c'était qu'ils pouvaient parfois se manger, se voir, se sentir, se calculer ou être colorés..

Je suis un phénomène étrange , une force mystérieuse et éparpillée. Parfois, j'isole aussi mes sujets car mes conversations deviennent incompréhensions pour les autres.

Je suis aussi une poésie brillante, intelligente et pétulante. Pour certains poètes, je peux être  une figure de style. Une eau pétillante qui bulle et éclate dans les esprits un drôle de son . Je suis l'art de mélanger les sens, ils se croisent, ils sont à double sens ou alors ils n'en en ont aucun !

Finalement, en chaque sens, sont les cinq autres. 

Je suis la synesthésie , un trouble de la perception des sensations , j'associe plusieurs sens à un seul stimulus. 

"Ainsi, je mange rose , je vois sucré" disait Michel Onfray.

Vous saisissez mieux?

Un vrai bazar neurologique donc involontaire.

Mais Sacha Stellie avec qui tout rentre dans le désordre , a voulu parler de moi dans son roman, et comme à l'accoutumée , elle m'a poétisé, elle m'a bien expliqué ,et elle a même réussi à me guérir.

Un sujet bien singulier où l'auteur sait nous emmener dans les hautes sphères de la pensée, de l'inconscient et de la mémoire. Car oui, toute perception est déjà une mémoire.

J' ai replongé avec délice dans l'univers de Sacha Stellie, un peu comme revenir sur un lieu précieux, un besoin impérieux d'être là, où tout commence, où tout finit..

Ce que j'aime par- dessus tout chez cette auteure, c'est cette incommensurable urgence de vivre qu'elle exalte de sa plume, un peu comme ces brèves journées d'hiver dont il faudrait en saisir, tous les rayons, toutes les lumières avant que la nuit ne lâche ses filets. Déceler le beau, l'instant, que l'on a pas toujours le temps de voir.

Sa plume est le grand réceptacle de tous les spectacles de l'existence.

Mais revenons en à l'histoire..

Léopoldine a 27ans, elle est actrice voix et vide. Elle est aussi amnésique depuis un accident de voiture. Elle vit l'instant, elle vit succinctement. Elle a l'air heureux, elle cède à chacune de ses pulsions sans trop se poser de questions. De toute façon , elle n'aurait pas de réponses , alors à quoi bon? Cet oubli de la vie lui permet l'insouciance, la légèreté et la désinvolture totale! Elle rit de tout et ses réactions sont pour le moins surprenantes et déroutantes pour le commun des mortels.

Et pourtant son passé recèle de noirceur et de douleurs, mais elle ne le sait pas encore..

Un jour , le destin lui met Marceau  entre les mains...

Et c'est le coeurembolage!!!

Marceau est physicien et sur le point de se marier. Un carcan de vie , un horizon étriqué , une existence de faux semblants écrasée de conforts , il boue de tout envoyer valdinguer, il bouillonne de trouver du nouveau, du beau , de l'aérien! Qu'on lui donne l'oubli pur!

Lui aussi arbore un passé sombre et aliénant..

A eux d'eux , ils vont réemployer la vie, faire fusionner leurs vécus, déterrer leurs vérités..

L'itinéraire de deux coeurs cabossés , des voyages précipités où l'on se perd à l'infini aux aboutissements désangoissée , ils vivent leur plus belle version d'eux mêmes loin des souvenirs martyrisés par le temps.


Encore un roman fort de Sacha Stellie, une histoire originale tissée sur un thème peu exploité .

On vacille entre légèreté et noirceur avec pour double fond une intrigue inattendue et terrible.

La plume sait manier tous les revers de la psychologie humaine, ca, c'est le point fort de Sacha Stellie!

Les mots sont triés, visualisés empreints d'une vraie force de frappe.

Mais il y a aussi un véritable travail de recherche sur la "synesthésie" et une préface rédigée par Vincent Mignerot , fondateur du projet "Synesthéorie" qui a pour objectif l'étude des synésthésies.

En post face une playlist de textes et de musiques d'Adrien Plaza.

Superbe!

Je terminerai cette chronique avec un passage et la citation de début de roman choisie par l'auteure..

"L' ennui avec le mal , c'est qu'on s'y habitue, il faut du génie pour réinventer."

Jean Paul Sartre


" Cette absence de souvenirs qu'elle juge handicapante ne lui permet-elle pas aussi cette innocence?

N'est-il pas en train de commettre une grossière erreur en essayant de la faire ressurgir ?

Et si la mémoire retrouvée , ce vide comblé scellait finalement son malheur?

La gorge de Marceau se serre et la douleur revient . Il lutte , la clef dans la serrure . Il entend les pas joyeux de Léo qui dévalent déjà les marches. Son rire extravagant résonne dans toute la cage d'escaliers. Mais tous les passés ne sont pas sordides."











 

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